La Direction Générale des Douanes vient de rendre public le détail des résultats définitifs du commerce extérieur pour le premier trimestre 2018. Les tendances générales sont connues. Au cours des trois premiers mois de l’année, le déficit commercial s’est réduit fortement grâce à une augmentation des exportations, essentiellement des hydrocarbures, de près de 20%, conjuguée à une réduction des importations de 6%.

Le montant du déficit commercial a ainsi été ramené à 490 millions de dollars pour un taux de couverture des importations par les exportations de 96 %.

Une faible réduction de la facture d’importation

Commentant ces résultats dans une intervention publique récente, le ministre du commerce, Said Djellab, n’a pas manqué de les attribuer au dispositif de suspension des produits à l’importation mis en place depuis le début de l’année.

Dans ce qui constitue la première évaluation officielle de ce dispositif, le ministre du commerce a estimé que l’interdiction provisoire de l’importation de 851 produits avait obtenu des “résultats probants” au cours des trois premiers mois de l’année.

À titre d’exemple, a précisé le ministre, « le pays a économisé un montant de plus de 300 millions de dollars lors du premier trimestre de cette année, grâce à la suspension de l’importation des téléphones mobiles, ainsi que l’économie de 340 millions de dollars, suite à la suspension de l’importation de la céramique ».

Des chiffres et une interprétation qui ne semble pas confirmés à la lecture du détail de l’évolution des importations au cours des premiers mois de l’année . Si la facture d’importation globale, est en recul de 6% au premier trimestre , un résultat relativement modeste et d’ailleurs en baisse tendancielle par rapport aux deux premiers mois de l’année, c’est en réalité surtout en raison de la forte réduction des importations de biens d’équipements.

Les suspensions d’importation portent des fruits modestes

En terme d’impact du nouveau dispositif , on doit tout d’abord relever que la facture d’importation des biens alimentaires, a priori fortement concernée par les mesures de suspension à l’importation, s’est établie à 2,245 milliards de dollars au 1er trimestre 2018 contre 2,250 milliards au même trimestre de 2017, soit une baisse minuscule de 5 millions de dollars entre les deux périodes de comparaison.

En revanche, selon les statistiques des douanes, la facture d’importation des biens de consommation non alimentaires a coûté au premier trimestre 1,76 milliard de dollars contre 2 milliards (-12,2%) au premier trimestre 2017 .Une économie de l’ordre de 234 millions de dollars en 3 mois . On est cependant assez loin des chiffres annoncés par M. Djellab.

Dans cette catégorie de produits, on relève que les importations de médicaments enregistrent une hausse très sensible de plus de 40 % tandis que les importations de collections CKD , qui sont donc classées comme des biens de consommation par les douanes algériennes, affichent une hausse de plus de 70 % .

Les importations de biens d’équipement en baisse sensible

Ce que M. Djellab a surtout oublié de dire c’est que la réduction des importations en ce début d’année est surtout imputable à une diminution très sensible des importations de biens d’équipement qui ont été réduites de plus de 16 % par rapport à l’année dernière. Une information qui ne constitue pas forcement une très bonne indication à propos du climat de l’investissement dans notre pays .

Cette tendance inquiétante ne date pas de cette année et les importations de biens d’équipements avaient déjà enregistré une baisse de 8,4% en 2017. Un chiffre a rapprocher des informations communiquées la semaine dernière par la direction de Sonatrach qui évoquait également des investissement de la compagnie pétrolière nationale en baisse de 8 % pour un montant de 8, 1 milliards de dollars en 2017 .

Dans la nomenclature des douanes algériennes, les « biens d’équipement » qui représentent désormais une part de seulement 31 % des importations et un peu plus de 3,5 milliards de dollars, contre 35% et 4,2 milliards de dollars au premier trimestre 2017, sont constitués d’une très grande variété de produits dans lesquels on trouve à la fois et par ordre d’importance , des appareils électriques pour la téléphonie, des articles de robinetterie, des machines et appareils mécaniques, des véhicules de transport de personnes et de marchandises, des pompes , des machines et appareils à trier, à cribler et malaxer les terres etc ….la liste est encore très longue.

Les principales « économies » réalisées sur la facture d’importation dans ce domaine en 2018 sont imputables essentiellement au poste « appareils électrique pour la téléphonie » qui enregistre une diminution de près de 123 millions de dollars, aux véhicules de transport en baisse de 60 millions de dollars ainsi qu’aux importations d’engins de travaux publics et d’articles de robinetterie en baisse, chacun de 30 millions de dollars .

Partenaires commerciaux : l’Europe regagne du terrain

Au premier trimestre 2018 les pays de l’Union Européenne sont toujours les principaux partenaires de l’Algérie, avec les proportions respectives de 45% des importations et de 59% des exportations.

Par rapport à l’année 2017, les importations en provenance de l’UE ont enregistré une hausse de près de 8% qui inverse sensiblement la tendance observée au cours des dernières années.

Parmi les principaux fournisseurs européens , la France occupe le premier rang des pays de L’UE avec une part de marché qui repasse très légèrement au dessus de 10 % , suivie par l’Italie et l’Allemagne .

Les échanges avec les pays d’Asie, la Chine principalement, affichent au contraire et pour la première fois depuis longtemps une baisse sensible de plus de 13 %.

Une note encourageante pour conclure avec, le volume des échanges avec les pays du Maghreb (U.M.A) qui a enregistré une hausse spectaculaire de plus de 40 % en passant au dessus de la barre des 700 millions de dollars au premier trimestre.