L’Algérie autorise et encourage désormais l’importation de véhicules électriques et hybrides (électrique – essence) de moins de trois ans et neufs, mais les prix de ces voitures et le manque d’infrastructures posent problème.
Même les constructeurs automobiles qui veulent s’installer en Algérie pour produire des voitures sont tenus de fabriquer un modèle électrique à partir de la 5e année. Les autorités font même la promotion de ces voitures, dont la venue permettrait de renouveler le parc automobile algérien.
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Pour inciter les Algériens à se tourner vers l’électrique, l’Algérie envisage des cadeaux fiscaux. Le PLF 2023 prévoit une réduction des frais de douanes pour les voitures électriques et hybrides de moins de trois ans.
Les taxes seraient réduites de 80 % pour les modèles électriques et de 50 % sur les modèles hybrides. Ces informations ont été communiquées par le député Seddik Bekhouche, membre de la commission des finances à l’APN, qui a annoncé les grandes lignes de l’autorisation d’importer des véhicules de moins de 3 ans.
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Une remise importante qui pourrait jouer sur les finances des automobilistes importateurs des cylindrées égales ou inférieures à 1800 cm3. Pour les modèles de plus de 1800 cm3, la baisse de taxes douanières sera de 20 %.
Initialement, l’autorisation d’importer des véhicules de moins de 3 ans prévoyait le règlement de droits de douane représentant 30 % du prix total du véhicule importé. À cela, il faudra ajouter la TVA (19 %) et la TCS (2 %). En tout, pour importer un véhicule à moteur thermique de moins de trois ans, il faudra payer 57,08 % de sa valeur en dinars en droits et taxes. Une somme conséquente. Faut-il profiter de cette ristourne pour s’équiper en véhicule électrique ?
Entre 10.000 à 15.000 euros de plus qu’un véhicule essence ou diesel
L’avantage financier accordé aux véhicules électriques semble être une bonne disposition pour faire des économies sur l’importation de sa voiture. Toutefois il est important d’évaluer l’ensemble des coûts qu’implique l’achat d’une voiture électrique ou hybride de moins de trois ans.
Tout d’abord le prix de ce type de véhicule. À l’étranger, il est assez élevé. En France par exemple, il faut compter des prix supérieurs aux véhicules essence et diesel. Entre 10 000 et 15 000 euros de plus.
Les prix varient selon les marques et les modèles. Mais si l’on se tourne vers les marques plébiscitées par les Algériens, telles que Renault, Peugeot, Audi ou encore Volkswagen, on trouve les prix moyens suivants en 2022 :
Renault Zoe : 23 700 €, pour une autonomie de 400 km.
Renault Kangoo Z.E. : 15 950 €, pour une autonomie de 200 km.
Peugeot iOn : 26 900 €, pour une autonomie de 150 km.
Peugeot Partner E : 25 200 €, pour une autonomie de 170 km.
Volkswagen e-Golf : 40 040 €, pour une autonomie de 300 km.
BMW I3 : 39 950 €, pour une autonomie de 300 km.
Audi E-Tron : 80 000 €, pour une autonomie de 400 km.
Renouvellement de la batterie
L’entretien d’une voiture électrique est toutefois à prendre en considération. Tout d’abord il faut se rendre à l’évidence, le marché automobile algérien est très pauvre en véhicules électriques. Il faut donc imaginer que les réparations sur les voitures électriques ou hybrides seront difficiles à effectuer. Sans compter sur le manque de pièces de rechange.
Autre problème majeur : les batteries de véhicules fonctionnant à l’électricité. Elles ont une durée de vie limitée comme sur les véhicules dit thermiques ( diesel / essence). Les batteries de véhicules électriques ou hybrides ont une durée de vie maximale de 8 à 10 ans. Pour les conducteurs qui utilisent leur véhicule sur de longs trajets, on peut estimer qu’une batterie peut effectuer à minima 100 000 km sans être changée.
En théorie, une batterie n’a pas à être remplacée dans un véhicule électrique ou hybride. Ses capacités lui octroient une solidité et une durée de vie assez longue. Mais dans le cas où cela serait nécessaire, son coût serait extrêmement élevé. Là encore cela dépend du modèle de voiture. Mais on peut trouver des batteries entre 5000 et 15 000 euros. En Europe, par exemple, on a la possibilité d’en louer une, mais l’Algérie ne dispose pas encore de cette option.
La recharge électrique, l’épineux problème
Le véhicule électrique est une alternative écologique et économique aux voitures thermiques. Moins polluant et moins énergivore, ce type de voiture offre une manière de consommer l’énergie.
Si en Europe une recharge complète de voiture est bien moins chère qu’un plein d’essence, en Algérie ce ne sera pas le cas. En France, par exemple, le prix du litre du carburant est vendu en moyenne entre 1,74 et 1,89 euros, contre un prix moyen de l’électricité de 0,1740 € TTC par kWh.
Pour parcourir 100 km, un véhicule électrique a besoin de 12 à 22 kWh contre 4 à 6 litres de carburant pour une voiture thermique. 100 km en voiture électrique coûtent donc entre 2,088 et 3,828 euros alors qu’une voiture classique exigera entre 7 et 10 euros de carburant. On comprend donc que la France veuille favoriser ce type de véhicule plutôt qu’une voiture thermique essence ou diesel.
En Algérie, la situation est très différente, nous sommes sur des prix avoisinant les 45 dinars le litre de carburant, soit 0,320 euros. L’électricité reste moins coûteuse, d’après Global Petrol Prices, le kWh en Algérie était de 5.340 dinars en 2022 en moyenne. Mais encore là, il faut être vigilant puisque ce tarif varie en fonction des contrats d’électricité et de l’utilisation du réseau en heures creuses (tarif réduit) ou en heures pleines (tarif plus cher).
De plus, le pays n’est pas équipé en borne de recharge. Comment s’assurer d’effectuer un trajet en sécurité en termes d’énergie, si l’Algérie ne propose pas de réseau de recharge électrique ? Les stations-services ne sont pas en nombre suffisant et ne sont pas dotées de bornes de recharge pour les véhicules électriques.
On ne peut recharger son véhicule à son propre domicile. Mais encore là il faut disposer d’une borne spéciale permettant de transmettre le voltage nécessaire à la recharge d’une voiture. En outre, recharger son véhicule électrique peut demander de nombreuses heures si l’on ne dispose pas d’une borne de recharge rapide. Il faut parfois attendre jusqu’à 10 heures pour que son véhicule ait obtenu les niveaux d’énergie nécessaire.
S’équiper d’une voiture électrique exige donc une certaine implication et des moyens financiers conséquents.