Des incendies gigantesques ravagent les forêts du nord de l’Algérie depuis lundi. En Kabylie, et notamment à Tizi-Ouzou, les feux de forêts ont fait au moins 69 morts, et provoqué des dégâts matériels importants.
Des familles entières ont fui leur maison et se sont retrouvées à la rue.
Dans plusieurs régions de Tizi-Ouzou, la population locale et d’autres wilayas s’empressent de venir en aide aux sinistrés des incendies. Des dons de nourriture, d’eau ou de soins arrivent en amonts tous les jours aux associations.
Le Docteur Ahmed Djadjoua est médecin-chef du service de chirurgie au CAC de Tizi Ouzou. Après avoir participé activement à la lutte contre le covid-19, il s’affaire maintenant à prendre en charge les sinistrés des incendies à Tizi-Ouzou.
Dans cet entretien, il nous parle de l’organisation des secours, du détournement des dons, des caravanes de santé…
Dr Djadjoua, vous participez activement à l’aide des sinistrés des incendies qui ravagent les forêts de la région depuis lundi. Parlez-nous de ce qui vous faites ?
Les dons et les sinistrés sont accueillis au niveau du complexe sportif « Marena soccer », qui se situe entre Oued Aissi et Tamda, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il appartient à la famille Madjane, que je remercie au passage.
Ils ont mis à disposition des sinistrés leurs espaces, logistique et employés. Cette action a été réfléchie par Mr Madjane et moi-même lorsque nous avons constaté la situation dramatique à Tizi-Ouzou.
Les gens étaient dans le besoin. Nous avons essayé de cerner le besoin exact de chaque région. Certaines familles ont quitté leur domicile après qu’il ait été brûlé, ou en voyant que le feu les menaçait. Une aide appropriée leur a été octroyée.
Comment vous êtes-vous organisés pour mener à bien cette action ?
Les espaces du complexe ont été aménagés pour accueillir les sinistrés. On a mis en place des lits et des espaces pour les enfants, où ils sont logés et nourris.
Jusque-là, nous avons accueilli environ 130 personnes, la plupart ayant fui les incendies de Larbaa Nath Irathen, première zone qui a été touchée.
En parallèle, nous avons lancé une action de recueil de dons. On a lancé un appel et nombreux sont ceux qui y ont répondu. Le premier donateur a été le groupe Cevital, qui nous a fait don de plus d’une quinzaine de camions remplis de provisions (produits alimentaires et eau minérale). Nous ne le remercierons jamais assez.
Les donateurs ont été nombreux et n’ont pas hésité à prêter main forte aux sinistrés, dont l’association « El Yed fel yed (la main dans la main » que l’on remercie fortement pour leur précieuse aide.
Beaucoup parlent de détournement des dons. Comment se déroule la distribution des aides ?
Notre premier objectif est que les dons arrivent à destination et que les gens qui en ont réellement besoin les reçoivent. Pour cela, nous avons deux façons de faire.
Premièrement, le Comité du village touché par les incendies vient muni de leur cachet et est servi selon les besoins de son village, ou alors le Croissant rouge de la région, avec qui nous avons beaucoup travaillé, entre en contact avec nous et nous fait part des besoins des sinistrés.
Une autre façon de faire est de travailler avec les services de la mairie de la région concernée. C’est la même procédure, ils viennent vers nous et nous les fournissons en produits dont ils ont besoin.
Pour éviter toute fraude, tout se fait sous documentation et présentation du cachet de l’organisme concerné. Et je précise bien, les dons et les aides ne vont qu’aux villages sinistrés, pas à tout le monde. Cela nous évite de nous éparpiller et nous permet de savoir qu’ils arrivent à destination, aux personnes qui sont dans le besoin.
Deuxièmement, nous avons notre propre logistique. Nous envoyons nous-mêmes nos fourgons dans tel ou tel village. Ainsi, nous garantissons la bonne réception des dons. Dès le début, on a été vigilants par rapport à ça.
Qu’en est-il des soins aux personnes sinistrées et aux blessés ?
On a récemment lancé des caravanes de santé. Des médecins d’autres wilayas se sont même déplacés pour venir en aide aux blessés. On se déplace pour voir s’il y a besoin de consultation médicale ou de soins infirmiers, etc.
On travaille aussi avec les hôpitaux. Donc on aurait besoin de tout ce qui est médical (tulles gras, médicaments, etc.). Parfois, les gens pris de panique oublient de prendre avec eux leurs médicaments et on devrait être en mesure de les fournir.
Quel appel lancez-vous aux villages sinistrés ?
Si un village se juge sinistré et dans le besoin, qu’ils n’hésitent pas à venir au complexe sportif « Marena soccer » avec leur cachet et ils seront servis. De là où on est, on n’a peut-être pas de visibilité sur tout le monde, mais ceux qui sont dans le besoin n’ont qu’à nous contacter ou à venir directement.
« Marena Soccer » : https://www.google.com/maps/place/Marena+Soccer/@36.7028247,4.1742237,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x128db1fa1e2cbb5d:0xa1635d2696804fd4!8m2!3d36.7028247!4d4.1764124
Tel.: 0556906677.