Des feux de forêts d’une ampleur importante ont ravagé les 17 et 18 août dernier plusieurs régions du nord de l’Algérie, faisant 43 morts à El Tarf, Souk Ahras et Sétif.
Les feux ont causé des dégâts matériels considérables à El Tarf notamment, mais aussi Souk Ahras et Guelma. De nombreux agriculteurs ont perdu leurs champs et leur bétail.
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Pour leur venir en aide, l’Etat a lancé une opération d’indemnisations qui a débuté directement après les incendies, selon le DG des Forêts, Djamel Touahria.
« On a recensé 393 sinistrés dans la wilaya d’El Tarf, 155 à Souk Ahras et 98 à Guelma. L’opération d’indemnisation comprend des opérations de plantation qui débutera en octobre, ainsi que des travaux de réfection des établissements d’élevage en cours », a affirmé M. Touahria, dimanche, sur la Radio nationale chaine III. « L’objectif c’est de reprendre l’activité agricole et d’élevage », a-t-il fait valoir.
Ces sinistrés recensés ont touché des riverains vivant à proximité des forêts, ravagés par les incendies.
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« Ce ne sont pas de grands agriculteurs. Cela n’empêche pas qu’il faille qu’ils s’assurent. Il y a l’Etat qui intervient pour indemniser l’activité agricole qui ne doit pas s’arrêter », a déclaré M. Touahria.
Selon lui, l’agriculture rurale peut couvrir jusqu’à 20% de la production agricole nationale.
« En aucun cas, on ne peut les abandonner (les agriculteurs sinistrés). Il faut toujours que l’Etat intervienne, mais cela n’empêche pas que l’assurance reste un facteur important pour que ces indemnisations ne soient plus à la charge de l’Etat », a-t-il poursuivi.
Si les grands agriculteurs souscrivent une assurance calamités naturelles auprès de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA), il n’en est pas de même pour les petits agriculteurs qui demeurent « réticents », a estimé M. Touahria, appelant les assureurs à faire un travail de sensibilisation.
« Les gens doivent savoir que l’assurance les couvre. Il n’y a pas que l’activité agricole, même les maisons doivent être protégées par une assurance », soutient-il.
Selon le DG des Forêts qui s’est exprimé aussi devant les députés de l’APN ce dimanche, 37 wilayas ont été touchées par les incendies durant le mois d’août dernier, avec un total de 1003 feux de forêts recensés. Au total, 24 hectares de forêts et de vergers ont été ravagés par les flammes durant le mois d’août dernier comme 92 000 hectares l’été 2021.
Pour le nombre de décès, 43 personnes ont trouvé la mort cet été à cause des incendies contre des centaines l’été 2021.
Le bilan aurait pu être plus lourd, a expliqué ce dimanche en subsistance le Directeur général des forêts dans un entretien à la Radio algérienne.
Devant la récurrence des feux de forêts en Algérie, des dispositifs ont été actionnés, dans le cadre de la stratégie de prévention, mise en place par les pouvoirs publics. À ce titre, le DG des Forêts a annoncé l’existence de plus de 3 000 points d’eau dans les forêts.
Évacuer les populations, « principale mission »
Le travail de surveillance s’appuie aussi sur 401 postes et les brigades d’intervention stationnées dans les zones les plus sensibles et qui ont la possibilité d’intervenir rapidement une fois l’alerte donnée.
L’ouverture et l’aménagement des pistes et des tranchées pare-feu font également partie de la stratégie de prévention contre les incendies déployée par la Direction générale des forêts, selon M. Touahria.
« Il y a beaucoup de pistes carrossables. L’absence de pistes peut rendre difficile l’accès pour l’extinction des feux. Mais vu les reliefs de nos montagnes, il n’est pas possible d’ouvrir des pistes un peu partout. C’est pour cela que les moyens aériens ont été utilisés cette année parce que nous avons un relief très accidenté, parfois rocheux », a indiqué le DG des forêts.
« Nous avons constaté que des incendies se déclenchent là où il n’y a pas d’accès. C’est un grand point d’interrogation », dit-il. L’une des principales missions lors des incendies était d’évacuer les populations, a insisté M. Touahria.
« Chose qui a été faite. Il n’y a pas eu de morts à l’intérieur des forêts lors des incendies à El Tarf, Guelma et Souk Ahras », ajoute-t-il.
Le DG des forêts estime que la délimitation des espaces de détente dans les forêts est une mesure qu’il convient de renouveler pendant la période d’été « beaucoup plus pour la sécurité de personnes ». Si cette mesure a été prise, « ce n’est pas pour punir les gens, mais c’est pour leur sécurité ».
« Cela a donné de bons résultats. La suspension des barbecues et la limitation de l’accès à la forêt notamment durant l’Aïd el Kébir, et ce, dans les endroits très boisés, a minimisé les dégâts cette année », a assuré Djamel Touahria.
Par la même occasion, il a égrené quelques pratiques à adopter afin de limiter la progression des feux. Il insiste sur l’importance des désherbages et la plantation de plantes qui ont la faculté de ralentir l’avancée des flammes.
« Le plus important c’est de nettoyer les mauvaises herbes. L’année passée à Tizi-Ouzou, il n’y avait pas de désherbage à côté des maisons. D’autres ont en revanche, été protégées parce que les feux n’ont pas trouvé de conducteurs », signale Djamel Touahria.
S’agissant des dégâts occasionnés par les sinistres des 17 et 18 août à El Tarf, Souk Ahras et Guelma, ils sont évalués à plus de 60% de la superficie totale incendiée qui est de 24 074 hectares, selon le DGF.
Les vents violents ont participé à la progression rapide des feux qui ont endeuillé cet été l’Algérie.
« Pour le bilan, la wilaya d’El Tarf vient en tête avec 8 970 hectares ravagés par les flammes, suivie par la wilaya de Souk Ahras avec plus de 3 000 ha, Guelma, Skikda et Bejaia. Au centre du pays, à Tipasa on a dépassé 1 000 ha. Les moyens mobilisés ont permis de limiter l’étendue des feux, sachant que durant l’été 2021 quelque 96 000 ha ont été ravagés par les flammes. Cette année, la stratégie a bien fonctionné, l’efficacité de l’intervention et la mobilisation des moyens, pas seulement les nôtres, mais aussi ceux de la protection civile, de la gendarmerie et de l’ANP », souligne Touahria.
A la question de savoir si la végétation endommagée par les feux était définitivement perdue, le DGF est catégorique sur le fait que ce n’est pas le cas.
« A El Tarf, il y a eu une reprise végétative. La première action qu’on doit faire après les feux de forêts, c’est de nettoyer et de laisser la nature faire son rôle, en lui donnant le temps nécessaire pour reprendre. S’il n’y a pas de reprise végétative, on intervient avec des actions de plantation », explique M. Touahria.
Il confirme une reprise végétative dans des wilayas comme Tizi-Ouzou durement touchée avec Bejaïa, par les incendies de l’été 2021. « A Tizi-Ouzou, on a constaté une reprise végétative à 95% deux à trois mois après les incendies », note le responsable.
Dans le cadre du renforcement du barrage vert, M. Touahria a annoncé que plus de 1,13 million d’arbres seront plantés à l’horizon 2030. « C’est un projet agricole et écologique prometteur », a-t-il affirmé devant les parlementaires dont il a l’hôte ce dimanche.
Il a rappelé que le ministère de l’agriculture a lancé le 17 juin 2021 à M’sila la campagne nationale de réhabilitation du Barrage vert, avec pour objectifs la lutte contre la dégradation des sols et la désertification et une implication de la population dans la lutte contre le réchauffement climatique, selon le compte rendu de l’APN. Le DG des Forêts n’a pas donné d’autres informations sur la relance de ce projet.