Le sort des massifs forestiers de Khenchela a ému tout le pays. En quelques jours, au moins 2600 hectares de couvert végétal sont partis en fumée, dévastés par de gigantesques incendies.
De vastes surfaces de forêts et de vergers de pommiers sont perdues. Les agriculteurs de Bouhmama, la commune la plus touchée avec celle de Tamza, ont subi d’énormes pertes.
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Beaucoup d’entre eux n’ont que leurs parcelles, qu’ils ont travaillé des années durant péniblement, pour vivre. Une grande partie des pommes commercialisées dans toute l’Algérie viennent de cette région.
Si les vergers seront reconstitués en quelques années grâce à la persévérance des agriculteurs et éventuellement l’aide de l’État, il faudra beaucoup plus pour voir les forêts de pin et autres conifères se régénérer.
Et c’est ce qui chagrine le plus les habitants de la région. Dans les témoignages diffusés sur les réseaux sociaux, on a vu des hommes pleurer. Dans les Aurès, l’attachement à la terre n’est pas un vain mot.
Si les images des flammes dévorant arbres et broussailles et des larges surfaces réduites en cendres ont attristé tout le pays, il y a néanmoins d’autres, très positives, qu’il faudra retenir.
Celles des jeunes de la région qui, par centaines, et armés du minimum, ont fait face aux flammes jour et nuit, jusqu’à l’exténuation. C’est sans doute grâce à eux que les feux ont pu être circonscrits et qu’une véritable catastrophe écologique et économique a été évitée. En tout cas, ils ont été d’un précieux apport aux agents de la Protection civile qui ont, eux aussi, fait ce qu’ils pouvaient et n’ont pas démérité.
Ils sont venus de partout…
Ils sont venus des villages des régions touchées, Tamza et de Bouhmama, mais aussi des communes avoisinantes et mêmes des wilayas limitrophes pour certains.
Ils ont fait du sauvetage des forêts et du gagne-pain de centaines de familles une cause commune et ils ont brillamment relevé le défi. Sur les réseaux sociaux, foisonnent des images les montrant armés du minimum, des pelles, parfois de simples rameaux, des bidons d’eau, et tentant de combattre les flammes, le plus souvent torse nu.
Même sans le feu, les températures de ces derniers jours sont insupportables. Avec les incendies qui prennent partout et à quelques mètres des brasiers, c’est la fournaise. Les jeunes sur place n’ont pas besoin de le dire dans leurs témoignages, cela se devine aisément.
Les images les montrant évoluer en file de retour des lieux des incendies, pelles et pioches sur les épaules et chapeaux de paille sur la tête, rappellent celles de leurs aînés, les moudjahidine des Aurès.
C’est ici qu’ont été tirées les premières salves de la guerre de Libération nationale et qu’ont été écrites des pages glorieuses de la lutte du peuple algérien pour son indépendance.
C’est connu, les Aurès ont toujours été un bastion du patriotisme. Les internautes qui multiplient les montages pour montrer côte à côte les soldats de la liberté d’hier et ceux du feu aujourd’hui n’exagèrent pas. Le sacrifice de ces jeunes pour sauver les forêts, les vergers et la faune relève aussi du patriotisme et témoigne d’un sens élevé de civisme.
Même si 2600 hectares de couvert végétal sont perdus, les jeunes Khenchela n’ont pas fait que limiter les dégâts et sauver ce qui pouvait l’être de leur environnement. Ils ont aussi donné une belle leçon de sacrifice, de courage et de solidarité qui donne du baume au cœur dans ces moments de déprime nationale.