A nouveau, les incendies qui ont touché l’Algérie dimanche et lundi derniers ont provoqué au moins 40 décès, dont 28 à Bejaia, et des dizaines de blessés.

Après l’enterrement des victimes, l’heure est à la recherche des causes de ces incendies.

En France, une députée a été jusqu’à incriminer une trop forte consommation de viande pour expliquer les incendies ravageurs qui touchent de nombreux pays dont l’Algérie cet été.

Mais, localement une petite musique commence à monter. Pour certains, la cause serait liée à la consommation d’alcool.

C’est la députée Sandrine Rousseau, écologiste du mouvement Europe Ecologie Les Vets (EELV), qui a estimé que la consommation de viande était l’une « des causes » des incendies que connaissent des pays méditerranéens dont l’Algérie.

Pour l’élue française, l’origine des incendies est liée aux comportements alimentaires. « La consommation de viande est une des causes de ce qui se passe en Algérie, Espagne, Grèce, Chine, Arizona et partout », a-t-elle publié sur Twitter. Elle a également fustigé les adeptes du barbecue : « Se prendre en photo, tout sourire, avec un morceau de viande, aujourd’hui, c’est cracher à la figure de celles et ceux qui fuient, brûlent, meurent de chaleur ».

Pour Sandrine Rousseau, ce n’est pas le barbecue en lui-même qui est visé et avec lui les risques de propagation d’étincelles à proximité d’une végétation desséchée. C’est essentiellement la consommation de viande qui est dans son collimateur.

Selon des estimations, en France, l’agriculture génère 21 % des émissions de gaz à effet de serre et l’élevage compte pour 60 % de ces émissions agricoles.

Les écologistes mettent en avant les rejets de méthane de la part des ruminants ainsi que la déforestation de la forêt en Amazonie liées aux surfaces fourragères de maïs et de soja.

Aussi, pour les membres de l’EELV et pour les personnes désirant réduire leur empreinte carbone, la solution passe par une alimentation non carnée mais également la diminution des voyages en avion.

L’effet de la consommation d’alcool

La consommation de viande n’est pas le seul reproche fait aux consommateurs algériens. Il leur est également reproché de consommer de l’alcool et de laisser les bouteilles et les canettes de bière aux abords des routes et dans les forêts.

Cette fois-ci, la remarque ne vient pas de l’autre côté de la Méditerranée mais des réseaux sociaux. Ce qui est incriminé concerne en fait les nombreuses canettes et bouteilles de bière abandonnées dans la nature par les consommateurs.

Le verre de ces bouteilles pourrait être à l’origine d’un effet loupe sur la végétation desséchée et donc du démarrage d’incendies. L’Algérie compte deux verreries produisant bocaux et bouteilles en verre.

Il s’agit d’un secteur en pleine expansion. La demande est telle que les producteurs d’olives peinent à obtenir de ces verreries la production de flacons opaques pour l’huile produite localement.

En janvier dernier, la verrerie Alver, la plus grande d’Algérie, a été rachetée par Castel Algérie. Une acquisition stratégique pour cette entreprise française actuellement numéro deux de la bière en Afrique et qui investit depuis 2004 dans le secteur des boissons.

Le secteur des boissons alcoolisées comprend un grand nombre d’entreprises. En janvier 2021, à la suite du Covid-19 le président de l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab), Ali Hamani, confiait au site arabophone Echorouk que 1.400 commerces de boissons avaient fermé leurs portes en 2020.

Il s’était interrogé sur les raisons qui empêchent la réouverture de ces établissements commerciaux et avait rappelé « la part directe et indirecte de la production de boissons alcoolisées dans l’économie en Algérie est importante, la filière générant, en temps normal, 39 milliards de dinars de fiscalité directe et employant près de 20 000 salariés ».

Ajoutant : « Aujourd’hui, l’activité s’est ralentie sous l’effet de la crise sanitaire ; les unités de production ne tournent qu’à 30 % de leur capacité ».

Face aux fermetures de magasins de boissons alcoolisées, la consommation dans des débits illégaux et hors des villes s’est développée avec son corolaire : l’abandon de bouteilles de verre dans la nature.

En novembre 2022, lors d’une visite de terrain, face à des bouteilles de bière vides abandonnées au bord de la route, le wali de Sidi Bel Abbès s’était élevé contre ces incivilités : « S’ils n’arrêtent pas de jeter les bouteilles dans la nature, je vais prendre des mesures contre les dépositaires. Je vais les fermer. Il n’y a aucun endroit à Sidi Bel Abbès qui est épargné par ce phénomène. Ils polluent leurs cerveaux, la société et la nature. C’est le summum de l’infamie ».

Dans un entretien à TSA publié mercredi 26 juillet, le conservateur principal du parc national de Djurdjura Ahmed Alileche a cité les bouteilles en verre jetées dans la nature parmi les causes des incendies en Algérie.

« Cela va du simple mégot de cigarette, au barbecue mal éteint. Il y a aussi à un degré moindre les bouteilles en verre jetées de manière anarchique. À ce sujet, les autorités locales doivent sévir », a-t-il dit, en citant les décisions prises par les walis de Bouira et Tizi Ouzou d’interdire les campings en forêts entre le 1er mai et le 31 octobre. « C’est positif mais ce n’est pas suffisant », a-t-il estimé. 

Prévention des incendies et canadairs

Les incendies auxquels fait face l’Algérie sont dramatiques, nombreux sont les décès enregistrés et les dégâts causés aux habitations et exploitations agricoles.

Les services de la Protection civile y font face avec les moyens dont ils disposent. Depuis peu, des avions bombardiers d’eau sont mobilisés.

Au-delà des diverses causes possibles concernant ces incendies, la prévention reste plus que jamais d’actualité. Ainsi, le débroussaillement sous les arbres autour des villages est indispensable, de même que l’équipement des villages isolés en moyens légers de lutte contre les départs de feux mérite toute l’attention.

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