Le quartier du 11 décembre, sur les hauteurs d’Ain-Benian, sur la côte ouest d’Alger a triste mine cet après-midi de mardi 25 juillet. Aux abords de la maison de la famille Zenoud, originaire d’Ait Ousalah, près de Toudja dans la wilaya de Bejaia, village ravagé par les flammes, règne un silence de mort.
Depuis le milieu de la journée, des familles entières y affluent pour prendre des nouvelles et présenter leurs condoléances à cette famille au destin tragique. « C’est un drame terrible », glisse, dépité Mokrane, un septuagénaire, voisin de la famille.
Partie il y’a un peu moins d’une semaine pour passer quelques jours de vacances à Ait Oussalah, une bonne partie de la famille ne reviendrait plus. Le fils Mohamed, sa femme, ses trois enfants âgés entre 5 et 10 ans, son père Idir et sa mère, tous ont trouvé la mort dans les incendies qui ont ravagé ce village des hauteurs de Oued Dass à l’ouest de Toudja.
Mais très peu connaissent les circonstances exactes de leur mort. Une certitude, cependant : ils sont morts au milieu de la nuit peu après avoir fui le village à bord de leur véhicule.
« Au moment où les flammes progressaient et cernaient le village, ils ont abandonné leur maison en fuyant à bord de leur véhicule », témoigne Mokrane, reprenant à son compte des informations éparses en provenance du village.
Proche de la famille, une femme accompagnée de son bébé, qui a fui avec eux, a également péri dans les flammes. « Leur voiture a été retrouvée calcinée et les cadavres sont à la morgue du CHU de Bejaia », dit-il.
Incendies en Algérie : ils voulaient fuir les flammes…
Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, on voit nettement deux véhicules calcinés et renversés sur la route, non loin du village. « C’est leur voiture », affirme Mustapha un de leur voisin qui croit reconnaitre le véhicule.
Peiné par ce drame, Mokrane, aujourd’hui retraité, se demande encore sur ce sort qui vient de frapper ses voisins. « C’est une famille de travailleurs qui était établie ici depuis longtemps. Elle avait une fabrique de sachets », raconte-t-il. « Mais régulièrement, ils partaient au bled », dit-il.
Le destin de la famille est tellement funeste que même les proches ne savent plus si les membres ayant péri seraient enterrés à Ait Ousalah ou à Ain Benian. « On nous a dit qu’il faut d’abord des tests ADN. Je pense qu’ils seraient enterrés à Ait Ousalah ». Il faut dire que dans ce village martyrisé, il n’y a pas que la famille Zenoud, izenouden, comme on les appelle au village, qui a été décimée. Il y’a aussi la famille Amokrane et Chibane qui comptent de nombreux membres ayant péri dans les incendies.
« Dans ce pays, il y a beaucoup à faire », conclut, un tantinet philosophe, Mokrane. Au quartier 11 décembre d’Ain Benian, dont une bonne partie de la population est originaire de l’ouest de Bejaia, même frappé par le deuil, on tente d’organiser la solidarité au profit des sinistrés. Un point de collecte d’aides a été improvisé. Et une caravane s’apprête à se rendre dans les zones éprouvées pour distribuer les aides.
Cette famille a été emportée par les incendies qui ont frappé plusieurs régions du nord de l’Algérie dimanche dernier. Au total, les feux de forêts ont fait 34 morts et des dizaines de blessés, selon un bilan officiel publié lundi 24 juillet par le ministère de l’Intérieur.
C’est la troisième année d’affilée que l’Algérie est endeuillée par des incendies dévastateurs. En 2021, des feux de forêts gigantesques avaient provoqué la mort de plusieurs personnes, notamment en Kabylie, et fait d’importants dégâts matériels.