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Incendies en Algérie : nuits cauchemardesques pour la population à Bejaia

Incendies en Algérie : nuits cauchemardesques pour la population à Bejaia

Plus de peur que de mal. Si aucune victime n’est à déplorer, pour l’heure, dans les incendies qui se sont déclarées à Bejaia, il y règne pourtant, dans plusieurs endroits du territoire de la wilaya, un climat de désolation à la vue de ces denses forets et maquis consumés par les feux.

Ce dimanche en fin d’après-midi, des zones entières, particulièrement à l’Est de Bejaia, étaient toujours en proie aux flammes.

Sur les 26 départs d’incendies enregistrés depuis vendredi, neuf étaient toujours en cours : Aokas, Tizi N Berber, Tichy, Melbou, Darguina, Tamridjet, Souk El Tenine, à l’est, et Saket et Adekar, à l’Ouest de Bejaia.

En dépit de tous moyens déployés, y compris les avions, les sapeurs-pompiers peinaient encore à venir à bout de ces incendies qui ont ravagé des milliers d’hectares de couvert végétal, d’arbres, de maquis et de broussaille.

Il faut dire que le relief escarpé de certains zones montagneuses, la difficulté d’accessibilité et le vent n’ont pas rendu facile la mission des pompiers, comme sur les hauteurs de Melbou où le feu qui s’est déclaré dans la nuit de samedi à dimanche a progressé en un rien de temps, de façon vertigineuse, pour atteindre plusieurs maisons.

Des familles entières avec femmes et enfants ont dû être évacués dans la nuit et ont trouvé refuge dans les grandes rues des agglomérations environnantes.

Certains, pris de panique ou incommodés par la fumée, ont dû recevoir des soins à l’hôpital de Souk El Tenine. Dans un acte volontaire, plusieurs jeunes se sont mobilisés durant toute la nuit pour tenter de stopper la progression des flammes qui menaçaient certaines maisons.

Avec des moyens de fortune, approvisionnés en eau par d’autres volontaires, ils ont réussi l’exploit d’éviter des désastres certains notamment pour les habitants dont les maisons étaient en passe d’être touchées par les feux.

Au lieu-dit « Tamnakht », maquis boisé surplombant la RN 9 reliant Bejaia à Sétif, à la sortie sud de Souk EL Tenine, le feu mal éteint par les avions qui y ont opéré durant l’après-midi de samedi, s’est intensifié la nuit, aidé par le vent, et a progressé jusqu’à atteindre certaines maisons en plein cœur de la ville.

Incendies à Bejaia : les raisons de la catastrophe

D’après des sources locales, c’est une décharge d’ordures sauvage sise à la lisière de l’Oued Agrioune longée par la RN 9 qui serait à l’origine des incendies qui ont touché nombre de massifs de la région.

C’est le cas également de Darguina où une décharge fumante à longueur d’année se trouve en plein milieu d’une forêt de chaine-liège ou encore à Bakaro, ou une autre décharge est aménagée à la lisière de la forêt en contre haut de la localité.

« Les décharges sont un sérieux problème. À Souk El Tenine, le feu est parti de la décharge pour s’étendre aux massifs environnants », témoigne une source locale qui rappelle que le wali aurait instruit récemment toutes les collectivités locales de la wilaya pour procéder à l’enfouissement de ces décharges.

Et si aucune victime n’est à déplorer, il reste que les dégâts sont importants pour la faune et la flore ainsi que pour les propriétaires de plantations d’oliviers, de ruchers et d’arbres fruitiers.

 Après deux nuits d’enfer, la population, comme en juillet dernier, s’interroge encore sur les raisons de ces incendies contre lesquelles elle semble impuissante, consternée et résignée. Manque de moyens de lutte anti-incendie ? Sans doute. Réchauffement climatique qui touche l’Algérie de plein fouet ?

 « Assurément car la région dispose des mêmes caractéristiques que tous les pays du pourtour méditerranéen touchés eux aussi par les feux », assure un garde forestier qui a crapahuté sa silhouette dans les maquis, deux décennies durant, et qui n’a pas souhaité que son nom soit dévoilé.

« Mais la raison essentielle est la malveillance humaine et la négligence », tranche-t-il, catégorique. Outre le danger permanent que représentant certaines décharges sauvages, notre source égrène un chapelet de causes qui, à ses yeux, favorisent le déclenchement des incendies.

« Le débroussaillage à la périphérie des maisons, notamment celles bâties dans les zones rurales ne se fait pas au moment opportun. Normalement, les collectivités locales devaient répertorier toutes les habitations à risque et délivrer des autorisations au printemps », dit-il.

Autres causes potentielles : les incinérations. « Alors qu’elles sont interdites de juin à octobre, certaines personnes procèdent à des incinérations qui souvent finissent par se propager » et provoquer des incendies ravageurs.

« Nous avons aussi constaté un nouveau phénomène : les planteurs d’oliviers ne respectent pas les normes de distanciation. Pas moins de dix mètres sont requises théoriquement entre un olivier et un autre. Or, aujourd’hui, on les plante comme les pommes de terre. Et tout le monde connaît la puissance de combustion des oliviers », explique-t-il.

« Et puis, bien sûr, parfois ce sont les bergers qui allument ou la négligence de certains qui jettent des mégots de cigarettes », complète-t-il.

Alors que les feux continuent à progresser dans certains endroits, notamment sur les hauteurs de Souk El Tenine et Melbou, rendant les nuits cauchemardesques, notamment pour ceux qui ne disposent pas de climatisation à domicile, la population prie pour le retour de la pluie, seule « antidote » sûr contre cet enfer qu’elle n’est pas prête d’oublier.  

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