L’Algérie a été endeuillée par des incendies gigantesques en août dernier. Au total, 43 personnes sont mortes dans ces feux de forêts dont 36 à El Tarf, cinq à Souk Ahras et deux à Sétif. Après plusieurs jours de lutte contre les flammes, la situation a basculé dans l’horreur le mercredi 17 août.

 « Jusqu’au 16 août, on était à quelque 3 000 hectares de surfaces parcourues par les feux. Il y a eu les deux fameuses journées du 17 et 18 août, durant lesquelles les conditions climatiques n’étaient pas favorables. Il y a eu des vents violents qui ont provoqué un méga feu », a expliqué Djamel Touahria, Directeur général des forêts sur la chaîne II de la Radio nationale.

La wilaya d’El Tarf qui est la plus touchée par les incendies, se caractérise par une végétation très dense. Dans cette région, les feux se sont rapidement propagés du fait des vents violents qui ont dépassé 91,5 Km/h et ont aidé à ce que la superficie s’étende facilement, ajoute le responsable.

Les feux, qui changeaient de direction, ont traversé les routes et même les espaces non boisés. « La première mission c’était d’évacuer la population. Chose qui a été faite », se félicite-t-il aujourd’hui. Il y a eu le drame du bus calciné et la mort de 8 passagers. Les incendies ont également endommagé considérablement le parc animalier, épargnant toutefois les animaux « tous sains et saufs, sans exception », assure M. Touahria.

Dans ces conditions défavorables, la superficie parcourue par les flammes a évolué rapidement, de 3 200 hectares jusqu’à 23 900 ha, révèle-t-il. La wilaya d’El Tarf est classée première en termes de superficie endommagée, avec plus de 9 000 ha ravagés par les flammes.

Les wilayas de Souk Ahras, Guelma, Bejaïa et Skikda ont connu d’importantes pertes. « Il faut dire que nous avons dépassé les 900 départs de feux. L’intervention a été vraiment efficace parce que par rapport au nombre de foyers, je vous assure que la situation a été maîtrisée. Jusqu’au 16 août à Guelma on était à 2,5 ha de forêts touchées par les feux et on a ensuite dépassé les 800 ha. C’était durant ces deux jours (17 et 18 août).

L’année 2021 a été plus calamiteuse puisque les feux ont ravagé plus de 92 000 hectares contre 23 900 ha cette année, selon M. Touahria.

Les deux jours fatidiques

Évoquant les causes des incendies, le responsable affirme qu’il y en a plusieurs. « Il y a des causes naturelles, des actes non volontaires, et bien sûr il y a des actes volontaires. C’est pourquoi, il y a des enquêtes qui sont déclenchées après chaque incendie », dit-il.

Les opérations d’extinction ont vu l’utilisation des hélicoptères de la protection civile et de l’ANP. Une intervention qualifiée d’efficace.

Mais ce qui a marqué cette année c’est l’utilisation d’un canadair bombardier d’eau russe Beriev B-200 de 12 000 litres « qui a montré son efficacité. Il y a eu une très bonne maîtrise et une précision ». La prochaine campagne de lutte anti-incendie sera marquée par l’utilisation de deux bombardiers d’eau, se félicite le DG des forêts.

Le président Tebboune a ordonné le 28 août, lors de la réunion du Conseil des ministres l’accélération de l’opération d’acquisition des avions bombardiers d’eau. Le premier devra être réceptionné en décembre prochain, et le deuxième durant le 1er semestre de 2023. Il s’agit de grands avions d’une capacité de 12.000 litres au moins.

 « Ils feront partie du dispositif de lutte contre les incendies. C’est un acquis pour l’Algérie, on est content qu’on ait ces moyens », a-t-il dit.

Selon Djamel Touahria, l’avantage c’est que la forêt algérienne est située sur le littoral ce qui facilite le captage d’eau de mer. En plus de l’eau de mer, les équipes d’intervention peuvent s’appuyer sur les réserves d’eau des retenues collinaires et les barrages d’eau appartenant aux agriculteurs. D’après ce responsable, le ministre de l’agriculture a donné des instructions aux agriculteurs en vue de laisser leurs bassins pleins durant la période de l’été et faciliter le travail des secours.