Toudja, la ville des eaux et des jus de fruit, compte ses morts au lendemain d’un incendie dévastateur qui a endeuillé toute l’Algérie.

Au seul village Ait Oussalah, 16 habitants ont perdu la vie. Presque tous des femmes et des enfants. Ils ont été surpris par le feu dans leur sommeil dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 juillet 2023. A 3h du matin précisément, racontent les survivants.

De nombreuses wilayas du centre et de l’est de l’Algérie ont été le théâtre de gigantesques feux de forêt en cette journée particulièrement chaude. Béjaïa, Jijel, Bouira, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Skikda, Médéa, Souk Ahras…

Selon la Protection civile, 97 départs de feux ont été enregistrés pendant la même nuit fatidique dans 11 wilayas. Béjaïa, Bouira et Jijel sont les plus éprouvées. Un bilan officiel arrêté lundi en fin de journée a fait état de 34 morts, la plupart dans la région de Toudja.

Parmi les victimes, dix militaires d’un détachement stationné dans cette région fortement boisée. Ils ont eux aussi été surpris dans leur sommeil. L’évacuation du détachement en catastrophe a permis de sauver des vies, mais le bilan est lourd : 10 morts et 25 blessés. Parmi les civils, c’est aussi l’hécatombe.

Ait Oussalah, un hameau perché sur une colline surplombant la Méditerranée et entourée de buissons, de bois et de vergers, compte à lui seul 16 morts, dont 7 de la même famille.

Tout s’est passé rapidement, entre 3h et 4h30 du matin, racontent en larmes ceux qui ont pu échapper miraculeusement aux flammes. Les habitants ont été réveillés vers 3 heures par les flammes qui se rapprochaient dangereusement des premières maisons.

Selon les témoignages recueillis par la chaîne de télévision BRTV, c’est en tentant de fuir que la plupart des victimes sont décédées. Le premier réflexe était donc de quitter les maisons exposées aux flammes, mais c’était déjà trop tard. Le feu avançait rapidement à cause de vents très forts et le village s’est retrouvé entièrement encerclé par les flammes.

“De toute ma vie je n’ai jamais vu des vents d’une telle intensité”, témoigne un homme d’un certain âge au micro de BRTV.

Les yeux rougis par les larmes versées et le manque de sommeil, les survivants évoquent le triste sort de leurs proches, qui un neveu, qui des nièces, une belle fille…

Incendies en Algérie : Ait Oussalah, réplique du drame d’Aguelmim de 2021

“Si seulement Dieu pouvait me prendre moi pour que lui il puisse revenir”, dit un homme à propos de son neveu.

Un autre raconte comment sa belle-fille et ses deux petits-fils de 7 et 5 ans ont perdu la vie. La malheureuse a pris la fuite vers 4h00 du matin avec ses deux enfants.

En chemin, ils sont montés dans une voiture dont le chauffeur fuyait aussi le village. Des gens leur ont conseillé de ne pas prendre le risque, leur expliquant que toutes les issues sont bloquées par le feu, mais ils sont partis quand même. Tous ont trouvé la mort, dit le grand-père éploré.

“Celui qui a fait ça, nous le laissons à Dieu”, déclare un autre habitant, insinuant que l’incendie pourrait avoir été intentionnellement provoqué.

Les autorités aussi n’excluent pas l’origine criminelle des dizaines d’incendies qui ont embrasé simultanément une grande partie du nord de l’Algérie. Lundi, les parquets de Jijel et de Béjaïa ont annoncé l’ouverture d’enquêtes, précisant que si l’origine criminelle est avérée, le parquet antiterroriste de Sidi M’hamed, à Alger, sera saisi.

Le drame d’Ait Oussalah rappelle celui vécu il y a deux ans par les habitants d’Aguelmim, dans la région de Larbaa Nath Irathen (Tizi Ouzou).

Vingt-six personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants, avaient trouvé la mort dans ce hameau au milieu de bois et de buissons.

Eux aussi, ils ont été surpris dans leur sommeil et beaucoup ont perdu la vie en tentant de fuir au milieu de la nuit. Non loin d’Aguelmim, un détachement de l’armée avait été également encerclé par le feu et un bilan officiel avait fait état de la mort de 18 militaires.

Les incendies d’août 2021 en Kabylie avaient fait plus de 200 morts, selon diverses sources non officielles.

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