Incendies : le Beriev BE 200, « star » de l’été 2022 en Algérie

Affrété par l’Algérie le 15 juin dernier pour une période de 3 mois, le bombardier d’eau Beriev BE-200 n’a pas tardé à faire son baptême du feu avec les incendies qui touchent plusieurs forêts du nord du pays.

Région particulièrement touchée, la wilaya de Bejaïa a vu l’entrée en action de ce gros avion d’une capacité de 12 000 litres. Il est également intervenu à Tipaza pour participer aux opérations de lutte contre les feux qui ravagent les forêts du mont Chenoua.

L’intervention du Beriev B 200 vient en appoint aux hélicoptères appartenant à la flotte aérienne de la protection civile et des Forces aériennes de l’ANP. Cet avion qui ne s’arrête plus, a été déployé dans toutes les wilayas du nord de l’Algérie, affectées par les incendies cet été : Skikda, Guelma, Bejaia, Jijel, Tipaza, etc.

Mais un seul avion, même de grande capacité, est insuffisant pour lutter contre les incendies qui ravagent les forêts du pays depuis le début de l’été, et qui se sont accentués depuis le début du mois d’août.

Les sapeurs-pompiers ont besoin davantage de moyens pour lutter contre des incendies complexes et qui menacent les villages situés à la lisière et parfois même à l’intérieur des forêts.

Durant les incendies dévastateurs de l’été 2021, le manque de moyens aériens avait fortement limité l’action des pompiers sur le terrain qui n’ont pas pu empêcher les flammes d’atteindre des villages entiers et de tuer de nombreuses personnes.

L’Algérie avait fait appel à l’aide européenne, mais seule la France avait répondu favorablement en envoyant deux canadairs qui se sont avérés d’un apport considérable pour sauver des vies et des forêts de la destruction.

Cet épisode encore traumatisant des feux meurtriers de l’été 2021 a donné la pleine mesure de la nécessité pour l’Algérie de se doter enfin d’avions bombardiers d’eau qu’elle a longtemps rechigné à acheter.

Les motifs liés au relief jugé peu adapté à ce genre d’avions ainsi que celui relatif à un problème de rentabilité deviennent n’ont pas tenu face à des feux d’ampleur parfois inédite.

Les brasiers de l’été 2021 ont agi comme un électrochoc. « L’Algérie a connu des incendies de forêts l’année passée, nous avons mobilisé tous les moyens, et nous avons vu que les moyens dont disposait l’Algérie ne suffisaient pas face à de tels incendies d’une ampleur exceptionnelle », reconnaissait en juin dernier, le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud en marge de la réception du BE 200 russe.

Le ministre avait indiqué que l’Algérie entendait acquérir 4 avions du modèle Berieve BE 200 dont le premier devrait arriver en Algérie vers la fin du mois de décembre prochain. Les trois autres devront être livrés au cours du premier trimestre 2023, selon Beldjoud.

Incendies : les opérations d’extinction se poursuivent

Les foyers d’incendies se sont multipliés ces dernières heures à travers six wilayas du pays. Un incendie s’est déclenché dimanche au Mont Chenoua, dans la wilaya de Tipaza.

Ce lundi matin, la protection civile de Tipaza a annoncé que les opérations d’extinction, notamment grâce à l’intervention de l’hélicoptère de sa flotte, se poursuivent.

Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, les opérations sont en cours à Azeffoun et Ait Chafaâ. A Skikda, la protection civile a annoncé que les opérations d’extinction d’un incendie sont en cours, ce lundi, dans la commune de Tamalous.

La protection civile de Jijel a indiqué avoir pu maîtriser, tôt ce lundi, deux incendies qui s’étaient déclenchés dans les communes de Texenna et Djimla.

A Skikda, un incendie s’est déclenché dans les monts de Sidi El Hadj et Kerbaa dans la commune de Beni Bechir. Le feu a été éteint, alors que les pertes font état de 200 oliviers partis en fumée en plus de la broussaille. Des incendies ont été éteints à Souk-Ahras, Tébessa et à Annaba.

La wilaya de Béjaïa est la plus touchée par les feux de forêts qui ont causé des dégâts matériels importants mais sans faire de victimes. Dans la région d’Ouzellaguen, et à Ighrem, les feux se sont approchés dangereusement des habitations, heureusement aucune victime n’est à déplorer.

Selon la protection civile de Béjaïa, la situation pour la journée de dimanche à 18h faisait état de 11 feux non encore éteints dont 6 jugés importants. Les communes concernées sont Ighrem, Chellata, Kendira, Tichy, Fenaia, Seddouk, selon Radio Soummam citant la chargée de la communication de la protection civile de Béjaïa. Même le village historique d’Ifri n’a pas été épargné, puisque menacé dans la soirée de dimanche par les flammes.

A noter également l’implication de la population dans les différentes localités touchées par ces incendies.

Cendres et désolation

Entre dimanche et lundi, la protection civile a recensé 58 foyers d’incendies, dont 11 foyers enregistrés dans 5 wilayas pour la journée de dimanche.

Depuis le début du mois juin, quelque 889 incendies ont été enregistrés à Bejaia, Sétif, Jijel, Skikda. Les feux ont causé des dégâts importants en réduisant des forêts en cendres.

Là où les flammes sont passées, il ne reste que cendres et désolation. A Ouzellaguen, le cimetière garde encore les traces du sinistre. Les oliviers ont été calcinés.

Un riverain interrogé par Berbère Télévision ne peut que constater l’étendue des dégâts tout en se disant soulagé que les feux n’aient pas touché les populations.

Les riverains, munis de branches d’arbres, se sont mobilisés pour surveiller d’éventuels départs de feux. Au village Ait Anane, dans la commune de Darguina à l’est de Bejaia, les flammes ont ravagé 1,5 hectares de forêts dont des arbres fruitiers, des pins d’Alep et des broussailles. Un citoyen témoigne avoir perdu 200 arbres fruitiers dont des citronniers, des poiriers et aussi des oliviers.