Société

Indignation après la démolition de la « Minoterie de Narbonne » à Alger

La circonscription administrative d’Hussein Dey (Alger) a annoncé, mercredi 20 avril, le début de démolition de la « Minoterie Narbonne », située à la rue Tripoli, au grand dam des riverains et des défenseurs du patrimoine national.

La nouvelle a ému les Algériens, nombreux à réagir sur les réseaux sociaux. « La minoterie de Narbonne de Hussein Dey construite en 1864 par l’architecte de la Grande poste, vient d’être entièrement démolie. Pourquoi n’ont-ils pas pensé à la rénover ? Un gâchis ! », s’insurge internaute.

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« Une structure datant du 19e siècle vient d’être démolie », rapporte le site Babzman, spécialisé dans le patrimoine matériel et immatériel. « Après avoir démoli en 2019 les grands silos à grains qui s’élevaient sur son côté ouest, la Minoterie Narbonne de Hussein Dey vient de connaître le même sort », ajoute Babzman qui relate que le bâtiment de style néo-mauresque aurait été construit par l’architecte de la Grande Poste d’Alger.

« Détruire le patrimoine d’un pays, c’est s’en prendre à son âme. C’est une catastrophe », se désole une internaute. « Le symbole de Hussein Dey et la rue Tripoli n’existe plus », renchérit un autre.

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« Les autorités ne peuvent pas dire qu’on ne savait pas. On avait proposé une reconversion fonctionnelle de la friche industrielle » en vue d’ « exploiter ce patrimoine et le valoriser à travers une nouvelle fonction en gardant les murs », affirme ce jeudi 21 avril à TSA, Akli Amrouche, architecte et directeur de la revue « Vie des villes ».

« On va vous dire que le bâtiment n’a pas de valeur. C’est faux ! Il a une valeur architecturale», objecte-t-il. Il s’agit, selon M. Amrouche, d’un complexe dont les premiers bâtiments datent du 19e siècle.

Lui-même a sonné l’alerte en 2018 alors qu’il était consultant à la wilaya d’Alger. Il a plaidé pour la réhabilitation du bâtiment tout en prévenant contre sa démolition étant donné qu’il faisait partie du patrimoine national.

« Logiquement, c’est le ministère de la culture qui doit s’autosaisir, lequel ministère était au courant » du dossier, relève Akli Amrouche. Saisis de la question, les responsables du département de la culture avaient suggéré que c’est aux citoyens de s’organiser.

« Je suis d’accord, la loi le dit. Mais le ministère pouvait prendre des mesures conservatoires », insiste-t-il. Selon M. Amrouche, La « Minoterie de Narbonne » fait partie de trois édifices patrimoniaux d’Hussein Dey.

« Une minute de silence… »

« Ils y sont parvenus ! », s’étrangle Aniss Mezoued, architecte-urbaniste qui a fait partie d’un collectif d’architectes et de défenseurs du patrimoine qui avait lancé, il y a ans jour pour jour, une pétition contre la démolition de la structure et pour sa sauvegarde.

« Une minute de silence pour La Minoterie Narbonne. C’est avec une très grande tristesse et beaucoup d’amertume que nous vous annonçons la destruction d’une partie de la minoterie de Narbonne à Hussein dey », a annoncé mercredi 20 avril, Citizen inventory of heritage (inventaire citoyen du patrimoine) ou CIH, une société algérienne des technologies numériques au service des arts, de l’artisanat, du patrimoine, du tourisme et de la culture, à l’origine de la pétition.

« Après notre tentative vaine à la secourir pour préserver le patrimoine de notre ville, nous déplorons, d’abord l’incendie dont elle a été victime, il y a quelques semaines et qui a sûrement accéléré le processus de sa destruction. Ensuite, l’opacité avec laquelle ce sombre projet a été mené », écrit la CIH avant de conclure : « Puisse la commune de Hussein dey et la rue de Tripoli, survivre à cette atteinte urbanistique et esthétique».

 CIH Agency a organisé mardi 12 avril, un bulletin d’urgence en ligne, lancé par l’ingénieur Omar Riache et avec la participation d’architectes du patrimoine et d’architectes ayant travaillés sur le bâtiment.

La sensibilisation des autorités pour la préservation de cet édifice a fait suite à une sensibilisation citoyenne inédite. Le collectif a engagé la procédure d’inscription à la liste indicative du patrimoine urbain de la ville d’Alger, faisant valoir l’article 11 de la loi 98/04. « Cet édifice occupe une place importante dans le paysage urbain algérois et le cœur des riverains du quartier de la gare de Hussein Dey », signale la CIH.

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