Temps difficiles pour les ménages marocains. Confrontés à une inflation galopante depuis plusieurs mois, conséquence de la crise sanitaire liée au Covid-19 et des répercussions de la crise économique mondiale, les Marocains devront faire face désormais à une hausse des prix dans un secteur non moins vital : les cafés et les restaurants.
Une augmentation des prix sur les boissons comme le café et les plats servis, décidés par certains établissements, aura suffi pour susciter des grognements en sourdine des consommateurs qui trouvent la mesure « inexplicable, injustifiée et surprenante », selon des témoignages repris par la presse marocaine.
Loin de faire l’unanimité, cette mesure met à rude épreuve les consommateurs, mais aussi les propriétaires de certains établissements qui n’ont pas hésité à mettre la clé sous le paillasson avec ce que cela suppose comme conséquence sur l’emploi.
Pointée du doigt, la fédération nationale des propriétaires de cafés et de restauration du Maroc (FNPCRM) a rejeté d’un revers de main les allégations selon lesquelles elle serait à l’origine de la hausse des prix.
Une fédération sur laquelle pèsent des soupçons d’une décision « concertée ». « Ni le Conseil national ni les représentations régionales de la fédération n’ont envisagé une quelconque augmentation des prix. Les hausses observées ont été principalement le résultat de facteurs exogènes, tels que la montée de l’inflation. Ces défis économiques ont contraint certains professionnels à envisager des ajustements tarifaires pour faire face à la crise qui sévit dans notre secteur », a expliqué à des médias Ahmed Bouferkane, un des responsables de cette fédération.
« Le secteur a été témoin d’une augmentation significative des prix des matières premières et des fournitures essentielles, telles que le café, le sucre, les produits laitiers, et bien d’autres encore », détaille-t-il, précisant que « cette hausse des coûts de production a inévitablement entraîné une pression supplémentaire sur les marges bénéficiaires des établissements, les obligeant à réévaluer leur stratégie tarifaire ».
Pour ce responsable, la décision des autorités de son pays d’augmenter la TVA en début d’année sur certains produits de base, comme le sucre, a eu un impact direct sur le coût de production des boissons et des plats servis dans les établissements.
Autre source d’inflation : la flambée des prix du carburant, comme le gasoil, entrainant ainsi l’augmentation des prix des services des fournisseurs de ces établissements.
« La flambée des prix des carburants, notamment du diesel, a entraîné une augmentation des coûts de transport et de livraison, cela a eu des répercussions sur les prix des produits et des services fournis aux établissements de restauration. Par conséquent, les coûts d’approvisionnement en eau, en électricité et en autres ressources essentielles ont également augmenté, contribuant ainsi à la pression financière qui pèse sur notre secteur », souligne la même source.
Inflation au Maroc : les prix des viandes explosent, la restauration en danger
Pris en étau entre les pressions fiscales, le souci de rentabilité et l’application de tarifs qui n’indisposent pas les consommateurs, nombre d’établissements ont fini par baisser le rideau.
Dans une correspondance adressée au ministre de l’Inclusion Économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, restée sans réponse, des professionnels n’ont pas caché leur désarroi face au nombre grandissant des fermetures de cafés, de restaurants et de pertes d’emplois, selon des médias.
Leur réclamation pour un dialogue constructif, à même de trouver un compromis entre les intérêts du secteur et ceux des consommateurs à travers une révision du cadre juridique, ne semble pas aboutir pour l’heure.
Pis encore, les autorités, visiblement beaucoup plus préoccupées par le maintien de la paix sociale, n’ont pas exclu de diligenter une enquête, via le conseil de la Concurrence, pour étayer des faits, relayés par les médias, et selon lesquelles des propriétaires de cafés envisagent d’augmenter les prix.
« Si les faits sont avérés, le Conseil de la Concurrence procèdera à l’ouverture d’une enquête à ce sujet et prendra toutes les dispositions et mesures légales qui lui sont dévolues, conformément à ses missions et attributions constitutionnelles et législatives », a averti, selon des médias, un responsable de ce conseil.
De quoi ajouter une pression supplémentaire sur un secteur fortement éprouvé par la crise économique. Entre les exigences d’un secteur, pourvoyeur d’emplois, confronté à des contraintes économiques et le souci de ne pas ébranler la paix sociale, assez précaire par bien des aspects, le Gouvernement de Azziz Akhannouch se retrouve sans doute sur une corde raide.
Outre le café, les Marocains font face aussi à la cherté des viandes et aux pénuries de médicaments.
Selon le site 360ma, les prix des viandes atteignent des records à Tanger où un kilo de bœuf s’affiche au prix de 100 dirhams (près de 10 euros) alors que les viandes de chèvre et d’agneau sont plus chères (140 dirhams, soit l’équivalent de 13 euros au taux de change d’un euro à 10,8 DH).
Le même média fait état du manque de plus de 1.200 médicaments dans les pharmacies du royaume.
À Agadir, les prix de la viande rouge atteignent des records
«Le bœuf coûte 100dh/kg chez le boucher. Quant à la viande de chèvre et d’agneau, 140 dh/kg»pic.twitter.com/OQsliEfafq
— Le360 (@Le360fr) May 1, 2024