Économie

Inflation : la hausse des prix est-elle une fatalité pour l’Algérie ?

La hausse des prix des produits de consommation en Algérie éclipse le reste des sujets qui devaient aussi faire l’actualité. Hormis certains produits de base subventionnés dont le prix est préalablement fixé par l’Etat, presque aucun produit n’est épargné par l’inflation.

Depuis 2020, la nomenclature des produits (sardines, poulet, pomme de terre…) qui deviennent  inaccessibles ne cesse de s’élargir avec, épisodiquement, des pénuries comme celle qui a fait disparaître des étals l’huile de table pendant de long mois.

Dans le même temps, les revenus des ménages, principalement les salaires, ont stagné et parfois ont baissé, ce qui donne lieu à un recul net du pouvoir d’achat.

| Lire aussi : Hausse des prix de la pomme de terre : les raisons de la flambée

Face à cette situation, et ne disposant pas de leviers pour agir efficacement sur l’évolution des prix, le gouvernement prévoit quelques mesures pour soutenir le pouvoir d’achat, à travers notamment un abattement de l’impôt sur le revenu global (IRG) et éventuellement le relèvement du point indiciaire de la Fonction publique, des mesures prévues en tout cas dans le projet de Loi de finances pour 2022, en cours d’adoption.

Sur les prix, le gouvernement ne dispose presque pas de possibilité d’agir, tant la hausse est généralisée et ses causes sont multiformes, profondes et émanent dans certains cas de chamboulements sur le marché mondial.

Il est certain que pour arriver à une telle situation où les envolées des prix succèdent aux pénuries et s’inscrivent dans la durée, il faut certainement un concours de circonstances défavorables.

On ne peut pas se pencher sur la question sans rappeler que les dérèglements actuels surviennent dans le sillage de la parenthèse de la crise sanitaire, pas encore fermée du reste.

Les restrictions liées au Covid, conjuguées à d’autres facteurs, ont affecté toute l’économie mondiale et il est utile de souligner que l’inflation est le sujet du moment dans de nombreux pays du monde qui font face, en sus, à une forte flambée des prix de l’énergie qui entraîne celle du reste des marchandises.

L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne que la situation actuelle est seulement comparable à celle des années 1974-1975 qui a suivi la grande crise pétrolière mondiale.

Au début du mois en cours, l’indice de la FAO faisait état d’une augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires en septembre de l’ordre de 33% par rapport à la même période de 2020. Depuis juillet, les prix ont gagné 3%, atteignant des niveaux jamais vus depuis dix ans (2011), précise encore l’organisation planétaire.

Conjoncture mondiale et facteurs internes défavorables

Les produits pris comme référence par la FAO pour son indice sont essentiellement les huiles végétales, les céréales, les viandes et les sucres.

L’Algérie importe l’essentiel de ses besoins en ces produits et beaucoup d’intrants pour ceux produits localement. Outre la hausse des prix à l’importation, ce qui se répercute sur le niveau des prix en interne, l’Algérie a aussi cette particularité d’avoir mis en place une politique de rationalisation des importations pour préserver ses réserves de change, à travers des restrictions sur certaines marchandises et l’interdiction à l’importation pour d’autres.

Lorsqu’une marchandise est produite localement (comme la pomme de terre, dont l’Algérie produit la totalité de ses besoins), ce sont les intrants importés qui tirent le prix vers le haut, quand ils sont disponibles.

Pour le cas de la pomme de terre qui a atteint en quelques semaines le double de son prix ordinaire, certains professionnels pointent du doigt le faible rendement des semences locales sur lesquelles se sont rabattus les agriculteurs comme alternative à la semence importée. L’équation est sans doute valable pour d’autres produits ayant vu leur pris s’envoler subitement ces dernières semaines.

L’Algérie connaît aussi une période de sécheresse défavorable pour les rendements de l’agriculture. Les précipitations des trois hivers précédents ont été très en-deçà des moyennes annuelles, ce qui du reste ne s’est pas répercuté que sur l’agriculture mais aussi sur l’alimentation en eau potable.

Autre facteur et, pas des moindres, qui complique davantage la situation pour l’Algérie, sa monnaie nationale est dévaluée à un rythme effréné, unique levier aux mains du gouvernement pour atténuer les déficits budgétaires induits par le recul des revenus pétroliers. Les importations se faisant en devises, il est dans l’ordre des choses que les produits et intrants importés suivent la courbe de la valeur des monnaies étrangères.

Enfin, la part importante de l’informel, l’absence de mécanismes de régulation, l’atomisation du commerce de détail, le manque de circuits de grande distribution et accessoirement la spéculation sont autant de facteurs aggravants et qui castrent les efforts de l’Etat pour atténuer l’envolée des prix à défaut de la juguler.        

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