En parlant de « tournant positif », le secrétaire général du FLN a fait croire un moment que la rencontre qu’il venait de tenir avec une délégation du MSP avait débouché sur quelque accord, du moins sur un rapprochement notable des positions des deux partis. Il n’en sera finalement rien.
Les représentants des médias, venus en nombre couvrir la rencontre tenue ce mardi 24 juillet au siège du vieux parti à Hydra, sont restés sur leur faim. Faute d’annonce concrète, ils se contenteront de généralités exprimées dans un langage empreint de prudence, en tout cas de beaucoup de diplomatie.
Plus d’une heure durant, la délégation du MSP, conduite par son président Abderrazak Makri, a donc présenté son initiative de « consensus national » aux dirigeants du parti majoritaire, comme elle l’a fait jusque-là avec Ali Benflis, le MPA et le FFS, en attendant de rencontrer dimanche prochain les responsables du RND. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le FLN ne semble pas franchement emballé par la proposition. En tout cas son premier responsable ne dit pas le contraire et c’est à peine s’il concède que le pays a « besoin d’un consensus pour sortir de la crise économique ».
Pour le reste, l’homme est resté droit dans ses bottes. A commencer par son appel à la « continuité ». Sans dire clairement qu’il en fait un préalable à quoi que ce soit, Djamel Ould Abbès réitère son souhait de voir le président Bouteflika rester pour cinq autres années à la tête du pays. Mieux, il a tenté de fourguer l’option du cinquième mandat à ses vis-à-vis du jour venus lui vendre l’idée du changement.
« Il n’y a pas de rétropédalage de notre part. Le 17 mars, puis le 7 avril, dans cette même salle, on a appelé à la continuité au nom des 700 000 militants du FLN. Nous nous sommes dit que cette proposition du MSP est peut-être l’occasion pour que le souhait du FLN soit celui de toute la classe politique, sur la base d’un programme ambitieux sous la direction de Abdelaziz Bouteflika, président de tous les Algériens ».
Pour ceux qui doutent encore, Ould Abbès annonce que « le travail de la commission d’évaluation des réalisations du président sera rendu public incessamment sous forme d’un livre blanc ».
Tout comme il insiste sur le respect de la constitution notamment dans ses dispositions relatives au rôle de l’armée que le MSP a directement sollicitée pour « accompagner une période de transition ».
Aussi, le chef du FLN a révélé avoir émis des réserves sur la sémantique de son vis-à-vis. Il ne souhaite entendre parler ni de crise politique ni de dictature et encore moins de période de transition. Une manière polie de dire qu’il n’est pas preneur. A moins peut-être que le MSP vide son initiative de sa substance…
Première concession de Abderrazak Makri, il ne parle plus de transition démocratique. « Notre projet ne porte pas sur la transition, mais sur la construction d’un consensus national. » Ensuite, il assure ne pas dénier au FLN le droit de soutenir la candidature de « son président ». En tout cas, révèle-t-il, « on n’en est pas encore arrivés au stade de discuter des noms des candidats ou des échéances. On doit d’abord se mettre d’accord sur la nécessité de réaliser un consensus national ».
Invité à détailler les questions sur lesquelles portera le consensus, le président du MSP bottera presque en touche, se contentant de citer les solutions à apporter à la crise économique. Sur le plan politique, à moins qu’il ait préféré ne rien révéler, l’initiative de M. Makri ressemble à une « feuille blanche ». Un peu comme celle du FFS en 2014, un parti sur lequel il ne tarira d’ailleurs pas d’éloges. « Au cours de notre rencontre avec le FFS lundi, nous avons découvert un grand allié en termes de pensée politique », assure-t-il.
Interrogé sur la paternité « réelle » de l’initiative, le chef du MSP jure qu’elle émane des instances du parti et qu’il n’a reçu « aucune garantie » : « Personne ne nous a donné de garanties quant au succès de l’initiative et il n’y a aucun conciliabule secret. Toutes nos discussions se font au sein des instances du parti ou publiquement. C’est un projet transparent. »