Politique

Initiative politique : la forme se précise, en attendant la teneur

Le président de la République a enfin évoqué l’initiative politique qu’on lui prête l’intention de lancer depuis plusieurs jours. En visite d’État de trois jours en Turquie, Abdelmadjid Tebboune a annoncé dimanche 15 mai à Ankara la tenue prochaine d’une conférence « inclusive » des partis politiques.

Jusque-là, l’existence d’un tel projet a été déduite à partir de plusieurs éléments disparates, mais qui semblent concertés, comme la dépêche de l’APS du 4 mai, les propos du président du Conseil de la nation le lendemain et les audiences accordées par le chef de l’Etat à des responsables de partis politiques à partir de lundi 9 mai.

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Le commentaire de l’agence officielle a rappelé les qualités de « rassembleur » du président Tebboune et indiqué à l’adresse de ceux qui sont « restés sur le rivage » que « l’État leur tend les bras », excluant toutefois ceux  qui ont « lâché les amarres avec la patrie ».

Salah Goudjil s’est exprimé dans les mêmes termes dans un entretien diffusé par la Télévision algérienne.

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Les premières spéculations y ont vu une volonté de lancer une sorte de « réconciliation nationale » avec les opposants en exil, une amnistie à venir en faveur des détenus d’opinion qui toucherait aussi les ex-hauts responsables emprisonnés pour corruption, et enfin un projet d’ouverture politique véritable pour renforcer le front interne dans un contexte international et régional bouillonnant et de menaces multiformes.

Le défilé des chefs de plusieurs formations politiques à la présidence n’a pas permis d’en savoir plus sur les intentions du pouvoir ni de confirmer ou infirmer les spéculations tant les concernés sont restés évasifs sur ce qu’ils ont dit à Abdelmadjid Tebboune et surtout ce qu’ils ont entendu de lui.

Quelles concessions pour un « front interne soudé » ?

Tebboune a reçu jusque-là les premiers responsables de Jil Jadid, du mouvement El Bina, du FLN, du RND, du front El Moustakbal et du MSP ainsi qu’une personnalité indépendante, le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi.

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Soit à peu près le même panel qu’il a reçu à de précédentes occasions. On ne sait toujours pas si les consultations ont pris fin ou elles ont seulement été interrompues par le déplacement du président en Turquie et devraient donc reprendre dans les prochains jours pour toucher l’ensemble de la classe politique.

A Ankara, Abdelmadjid Tebboune a parlé de « rencontre inclusive », ce qui sous-entend qu’aucune formation politique ou organisation ne sera exclue. Lors des précédentes consultations, de nombreux partis de l’opposition ont été conviés mais ils ont décliné l’invitation, mettant l’apaisement du climat politique comme préalable à toute participation. Seul le FFS s’est rendu à la présidence en février 2021.

La question demeure posée pour ces nouvelles consultations : l’opposition sera-t-elle conviée, y répondra-t-elle favorablement et, surtout, le préalable de l’apaisement sera-t-il enfin satisfait ?

Quoiqu’il en soit, les déclarations faites par Abdelmadjid Tebboune en Turquie éclairent un tant soit peu l’opinion sur les motivations de l’initiative présidentielle, qui est donc « la création d’un front interne soudé », et sur la forme qu’elle prendra, soit une « rencontre inclusive » des partis politiques.

La grande inconnue c’est l’objet et le contenu de la rencontre annoncée, desquels dépendra son succès ou son échec. Plus clairement, jusqu’où le pouvoir est-il prêt à aller en termes de concessions et d’ouverture pour « souder » le front interne ?

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