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Inondations en Algérie : la nécessité d’un dispositif global 

Inondations en Algérie : la nécessité d’un dispositif global 

Les inondations de samedi 23 octobre ont fait 3 morts à Alger. La capitale a connu pire en termes de pertes humaines dues à un phénomène météorologique extrême.

En novembre 2001, environ un millier d’Algériens ont perdu la vie, emportés par des pluies torrentielles qui se sont abattues sur les hauteurs de Bouzaréah et qui se sont déversées le long de la voie express Bab El Oud-Chevalley, charriant des tonnes de boue, des véhicules et leurs occupants.

Si on rappelle ce triste épisode, c’est pour souligner que les quantités de pluie tombées samedi sur Alger sont plus importantes que celles qui ont endeuillé le pays il y a vingt ans. Selon les services de la wilaya d’Alger, la capitale a reçu en quelques heures 20% de ses précipitations annuelles. 144 millimètres d’eau sont tombés dans la localité de Draria, contre « seulement » 132 millimètres à Bab El Oued en 2001.

Lire aussi : Inondations en Algérie : le prix de l’incurie et de l’incivisme

Est-ce à dire que les différentes mesures prises ont permis de limiter les dégâts ? On ne peut pas se risquer à l’affirmer tant la comparaison avec Bab El Oued s’arrête aux quantités des précipitations.

Les spécialistes s’accordent à imputer le très grand nombre de pertes humaines lors des inondations de 2001 à l’obstruction et la saturation des canaux d’évacuation au niveau de la voie double qui descend de Chevalley.

Depuis, des collecteurs supplémentaires ont été réalisés et l’entretien se fait de manière plus régulière. Le résultat est que la zone, qui n’a pas été épargnée par les fortes pluies de samedi, n’a pas enregistré de gros dégâts.

Un effort considérable a été consenti dans les mois et années qui ont suivi la catastrophe de 2001 pour rendre le quartier de Bab El Oued moins vulnérable aux inondations. Mais de nombreux autres secteurs de la capitale demeurent à la merci des caprices de la météo.

Des défaillances à la pelle, anarchie urbanistique

En Algérie, les inondations sont coutumières ces dernières années et accompagnent presque systématiquement chaque chute de pluie. A Alger, les images de trémies inondées, de la ligne de tramway sous l’eau et d’autoroutes à l’arrêt sont devenues banales.

Les Algérois sont habitués à ces désagréments qui s’accompagnent parfois de plus lourdes conséquences, comme les effondrements dans les vieux quartiers délabrés et même des pertes humaines comme c’est le cas cette année.

C’est que, en dépit de toutes les avancées, beaucoup reste à faire pour rendre la ville invulnérable aux inondations, ou du moins atténuer leurs effets. En plus d’un curage qui ne se fait pas à la cadence qu’appellent les nouvelles conditions météorologiques (la wilaya d’Alger parle dans son communiqué d’effet du changement climatique), l’incivisme de beaucoup de citoyens contribue grandement à l’obstruction des avaloirs et des conduites d’évacuation.

L’anarchie urbanistique y est aussi pour beaucoup dans la situation. Il est frappant de constater que ces inondations ont touché des quartiers nouvellement créés, où les règles de l’urbanisme ne sont respectées ni par les promoteurs immobiliers, ni par les citoyens qui parfois érigent des constructions sur les terrasses des immeubles, en toute impunité.

Pourtant, si l’on excepte la partie est, la topographie accidentée de la ville d’Alger lui donne en principe un avantage certain face aux inondations. L’eau s’écoule facilement vers la mer et ne peut pas stagner, si les collectes des eaux pluviales étaient bien dimensionnées pour absorber les flots d’eau qui s’amoncellent sur les routes.

Au-delà des insuffisances et des incivismes, il faut souligner aussi que le dispositif d’alerte n’a pas fonctionné cette fois. Météo Algérie a certes émis un BMS (Bulletin météo spécial) annonçant de fortes pluies sur plusieurs wilayas, mais il a manqué de précision concernant les précipitations records enregistrées à Alger.

Si les Algérois avaient été informés qu’il y aura plus de pluie qu’à Bab El Oued en 2001, beaucoup auraient pris leurs dispositions en évitant par exemple les déplacements. A propos de déplacement, la Protection civile a aussi failli en matière de communication.

Samedi soir, elle a exhorté les citoyens à ne se déplacer qu’en cas de nécessité, via un communiqué mis en ligne sur les réseaux sociaux. Un tel avis devait avoir une plus large diffusion et en temps réel, par le biais des réseaux des opérateurs de téléphonie mobile par exemple, et bien avant que la catastrophe se produise. Un dispositif global et multisectoriel de prévention, d’alerte et d’intervention est plus que jamais nécessaire.

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