L’Algérie peut s’inspirer des solutions qui fonctionnent à l’étranger pour prévenir les inondations qui frappent régulièrement ces villes ces dernières années.
A Ben Daouda dans la wilaya de Relizane, sous la pluie, des employés municipaux tentent de soulever la grille d’un avaloir. Opération délicate au milieu d’une immense flaque. Munis de pelles, ils doivent s’y reprendre à plusieurs fois. Près d’eux, les voitures continuent de circuler.
L’alerte a été donnée par les services de la wilaya et les services municipaux sont sur le terrain. « Nous avons mis en place une cellule de crise », confie à Ennahar TV Abdelkader Ben Yahya, le président d’APC.
Des avaloirs encombrés
Dès l’annonce des précipitations, ce sont tous les points critiques qui ont fait l’objet d’une surveillance. Un tractopelle accompagne les équipes municipales qui dégagent les avaloirs de la boue et des détritus qui les encombrent.
Tahar Daouda Lakhdar, le responsable du parc communal, indique que ses équipes passent jusqu’à 3 fois par jour en certains endroits. Azzouz, un employé municipal, indique : « Nous, on nettoie mais ce sont les objets en plastique qui viennent obstruer les avaloirs ».
Pataugeant dans l’eau, son collègue Ali lance un appel afin que « chacun fasse attention à l’environnement et à la collecte des déchets ». Il ajoute : « Nous sommes mobilisés 24 heures sur 24 heures au service de la population » avant d’aller s’attaquer à une énorme flaque d’eau et de rechercher la grille de l’avaloir.
Scènes de désolation à El Harrouch
A El Harrouch dans la wilaya de Skikda, c’est un spectacle de désolation après une nuit d’orage. Des voitures encastrées les unes contre les autres et coincées contre un mur tant les flots qui se sont déversés dans les rues ont été puissants.
Plusieurs personnes, les pieds dans une boue épaisse, tentent de dégager une voiture que l’eau a poussée sur le trottoir. Sur une place entourée d’immeubles, une voiture est abandonnée avec de l’eau jusqu’au niveau des portières. Dans la mosquée, dix centimètres d’eau ont recouvert les tapis.
Ces scènes rappellent les tristes images des inondations qu’ont connues les années passées d’autres villes d’Algérie. Dans les villes, l’artificialisation des sols par les habitations et les routes réduit considérablement les possibilités d’infiltration des eaux de pluies.
Gestion intégrée des eaux pluviales
Certes les lames d’eau consécutives à des orages de plusieurs dizaines millimètres de pluie concentrent en un temps assez bref des quantités considérables d’eau. A l’étranger des urbanistes tentent de parer à ces flux d’eau se déversant dans les villes où béton et bitume concentrent toute l’eau en surface du sol sans possibilité d’infiltration ou de stockage provisoire.
Aussi ont-ils repensé la ville et la stratégie actuelle du « tout tuyau ». Pour eux, il s’agit de favoriser l’infiltration de l’eau pluviale là où elle tombe.
A cet effet, ils ont mis en place des parkings où les pavés en ciment sont perforés et laissent l’eau arriver au contact de la terre afin de s’y infiltrer. Le revêtement cimenté des trottoirs n’enserre plus le pied des arbres.
Chacun d’eux dispose d’un large espace circulaire avec un dénivelé d’une dizaine de centimètres afin de recevoir les eaux qui ruissellent. Sur certaines portions de trottoir entre les arbres, le revêtement en ciment a été enlevé pour laisser place à des parterres de fleurs, augmentant ainsi d’autant les surfaces d’absorption de l’eau.
Des noues pour retenir les eaux
Pour contenir une partie de cette eau, le long de certains axes de circulation, ils ont installé des fossés à pente douce, des noues. Certaines de ces noues sont même barrées, tous les 30 à 50 mètres par de courtes palissades en rondins de bois.
Les noues sont ainsi segmentées en différentes portions et se transforment le temps d’un orage en autant de mini-bassins de rétention. Chaque palissade comprend une échancrure en son milieu jouant le rôle de déversoir et permettant ainsi le passage de l’eau en excès.
Parfois ce sont carrément des bassins de rétention des eaux avec un dénivelé d’un mètre et de la taille d’un ou de deux terrains de volley qui sont installés à proximité des d’immeubles d’habitation.
Afin de leur trouver une utilité en dehors des périodes d’orage, des aménagements leur permettent d’être des aires de jeux et de repos. A cet effet, les pentes ont été adoucies et des bancs ont été installés. Chaque bassin réduit d’autant l’installation d’avaloirs et du « tout tuyau ».
Des mini-bassins de rétention dans la ville
Administrations et entreprises sont également mobilisées pour installer, à chaque fois que cela est possible, de petits bassins de rétention d’une profondeur d’un mètre avec des pentes douces.
Le plus souvent, ils sont disposés en contrebas avec en amont une pente naturelle qui permet d’amener les eaux pluviales. Dans les cas de bassins de rétention de plus grande dimension et devant faire face à un éventuel remplissage, des prises d’eau surélevées permettent d’évacuer l’excédent d’eau.
Même les terrasses des habitations sont mobilisées pour écrêter et décaler de quelques heures les quantités d’eau qui pourraient dévaler dans les rues. Elles ont été végétalisées avec des plantations de sedum, une plante grasse adaptée à la sécheresse.
Les terrasses des particuliers ou des entreprises peuvent permettre de récupérer l’eau de pluie pour divers usages ultérieurs. Selon la nature du terrain, les gouttières des habitations peuvent déboucher au niveau de puits remplis de cailloux et de sable permettant une meilleure infiltration des eaux dans le sol.
Ces aménagements sont pensés afin d’assurer le meilleur effet au niveau paysager. Même en ville, un mur en pierres sèches emprisonnées dans un grillage peut être esthétique et ce gabion peut permettre de participer à la gestion des eaux.
La gestion intégrée des eaux pluviales en zone urbaine est une nouvelle doctrine d’aménagement qui a fait ses premiers pas dans les agglomérations à l’étranger. Une façon de faire que les urbanistes algériens se doivent de vulgariser et d’expliquer aux élus locaux des municipalités.
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