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Inquiétudes autour du « monde d’après » le coronavirus

Les conséquences de la pandémie du coronavirus Covid-19 sur le monde futur inquiètent. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a fait part ce mardi de son inquiétude sur les risques que le « monde d’après » le coronavirus soit pire que le monde d’avant.

« Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant, mais en pire », a fait savoir le chef de la diplomatie française dans un entretien accordé au journal Le Monde. « Il me semble que nous assistons à une amplification des fractures qui minent l’ordre international depuis des années. La pandémie est la continuation, par d’autres moyens, de la lutte entre puissances », a-t-il estimé.

M. Le Drian étaye son propos par plusieurs évènements récents tels que la décision du président des Etats-Unis de suspendre le financement de son pays en faveur de l’Organisation mondiale de la santé, accusant l’OMS d’avoir un biais favorable à la Chine, ou encore des tensions accrues entre la Chine et les Etats-Unis.

« C’est la remise en cause déjà ancienne du multilatéralisme », a relevé le ministre français des Affaires étrangères au sujet de la suspension américaine du financement de l’OMS, les Etats-Unis s’étant déjà désengagés d’une multitude d’organisations internationales depuis le début du mandat de Donald Trump.

Au sujet des tensions sino-américaines, Jean-Yves Le Drian estime qie cette « lutte entre puissances » constitue « la systématisation des rapports de force qu’on voyait monter bien avant, avec l’exacerbation de la rivalité sino-américaine ».

Le « repli » des Etats-Unis, qui « semblent hésiter à jouer leur rôle de leadership au niveau mondial », complique toute « action collective » sur les grands enjeux mondiaux et encourage les aspirations de puissance de la Chine, a estimé le chef de la diplomatie française, pour qui l’Europe a un rôle à jouer en se trouvant « un destin de leadership » plutôt que « s’interroger sur elle-même ».

Le destin de l’Europe est justement au centre d’interrogations après la publication de sondages laissant entrevoir un renforcement du scepticisme au sujet de l’Union européenne. Plusieurs sondages réalisés en avril et publiés par le gouvernement italien montrent par exemple que 71% des Italiens pensent que la pandémie de coronavirus détruit l’UE et environ 55% seraient d’accord pour sortir de l’Union et/ou de l’euro, rapporte le Luxemburger Wort.

Ce scepticisme anti-UE se développant en Italie est le résultat de tensions entre le gouvernement italien et certains partenaires européens, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, nées après que ces derniers aient refusé une mutualisation de la dette née de la pandémie par l’émission de « coronabonds » ou « eurobonds ».

Cette opposition allemande et néerlandaise aux « coronabonds » pour lutter contre les conséquences de la pandémie a apporté de l’eau au moulin des partis italiens d’extrême droite eurosceptiques et souverainistes, le chef de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini accusant le Premier ministre Giuseppe Conte de vouloir vendre l’Italie « au rabais ».

« Après le coronavirus, le monde ne sera plus jamais le même », estime pour sa part un éditorial publié sur le site The Conversation. « Même si notre attention est aujourd’hui prioritairement consacrée aux innombrables situations d’urgence générées par le Covid-19, nous devons réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles la communauté internationale n’était pas préparée à une épidémie si inévitable. Ce n’est pourtant pas la première fois, loin de là, que nous sommes confrontés à une catastrophe mondiale », déplore la même source.

« Les retombées économiques du Covid-19 seront considérables partout. La gravité de l’impact dépendra de la durée de la pandémie et de la réponse nationale et internationale qu’apporteront les gouvernements. Mais même dans le meilleur des cas, cette crise économique dépassera de loin celle de 2008 par son ampleur et son impact, entraînant des pertes qui pourraient dépasser 9 000 milliards de dollars, soit bien plus de 10 % du PIB mondial », estime The Conversation, qui considère que « l’ampleur et la férocité de la pandémie exigent des propositions audacieuses ».

« Un plan Marshall global, avec des injections massives de fonds, est nécessaire de toute urgence pour soutenir les gouvernements et les sociétés », avance l’éditorial, qui estime cependant que « contrairement à ce qu’ont avancé certains commentateurs, la pandémie de Covid-19 ne sonne pas le glas de la mondialisation ».

« Si nous pouvons travailler ensemble au sein de nos pays respectifs, pour donner la priorité aux besoins de tous nos citoyens, et au niveau international pour surmonter les clivages qui ont contribué à l’intensification des menaces de pandémie, alors un nouvel ordre mondial pourrait être forgé à partir du terrible feu de cette pandémie », affirme The Conversation. « En apprenant à coopérer, nous aurions non seulement appris à arrêter la prochaine pandémie, mais aussi à faire face au changement climatique et à d’autres menaces fondamentales », conclut la même source.

Pour l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, “l’ordre mondial ne sera plus jamais le même”. “Lorsque la pandémie du Covid19 sera terminée, les gouvernements de nombreux pays seront perçus comme ayant échoué. Il n’est pas important de savoir si ce jugement est objectivement légitime. La réalité est que le monde ne sera plus jamais le même après le coronavirus”, avance-t-il dans une contribution publiée début avril dans le Wall Street Journal.

«Le défi historique pour les dirigeants est de gérer la crise tout en construisant l’avenir. Un échec pourrait enflammer le monde», a-t-il mis en garde.

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