Une vive polémique enflamme les réseaux sociaux algériens depuis que la ministre de l’Éducation, Nouria Benghabrit, a défendu l’interdiction de la prière dans les écoles, le lundi 4 février.
La ministre, qui a déjà été la cible de critiques par le passé, notamment sur des questions de religion, a pris position en faveur de l’école internationale algérienne de Paris. La directrice de cet établissement avait interdit la prière dans les locaux de son établissement.
« Les élèves vont à l’école pour étudier. Ce qui s’est passé à l’École de Paris, c’est qu’une élève est sortie dans la cours et d’une manière ostentatoire (elle a prié). L’École n’a fait que son travail », a rappelé Mme Benghabrit ; pour qui « cette pratique (la prière) doit se faire à la maison ».
La réponse de Mme Benghabrit a immédiatement suscité l’indignation de nombreux Algériens qui y ont vu une « attaque contre l’islam ». En plus de sa position en faveur de l’interdiction de la prière dans les écoles, il est également reproché à la ministre d’avoir utilisé le terme « pratique » pour parler de la prière, alors que pour ses détracteurs, elle aurait dû utiliser le terme « adoration ».
Une « campagne » a été lancée par des auteurs anonymes sous le slogan « Salati hayati » (ma prière est ma vie) pour répondre à la ministre Benghabrit. Ceux qui y prennent part publient des photos et de vidéos montrant des élèves d’écoles, le plus souvent du primaire, priant en groupe sous la direction d’un camarade ou d’un enseignant.
Parmi ces images massivement partagées depuis quelques jours, certaines sont récentes et montrent des prières organisées en réaction à la déclaration de Benghabrit mais beaucoup sont plus anciennes, dont une partie n’ont pas été prises en Algérie.
Dans leurs réponses à l’interdiction de la prière dans les écoles, les internautes algériens ont fait le parallèle entre la prière et d’autres pratiques pour discréditer la décision de la ministre de l’Éducation. « Si la place de la prière c’est la maison, alors la place de l’hymne national est la caserne », ont, par exemple, des détracteurs de Benghabrit sur les réseaux sociaux.
Des enseignants de l’Éducation nationale ont réagi aux propos de Benghabrit et ont organisé des prières collectives avec leurs élèves. Un enseignant s’est filmé devant ses élèves assis sur des tapis de prière, les garçons devant et les filles, voilées, derrière, dans ce qui semble être une salle de classe. L’instituteur affirme qu’il réalise la vidéo après avoir fait la prière du Dhohr avec sa classe de première année primaire.
« À ceux qui disent que la prière est une pratique, je dis oui, c’en est une pour toi qui est étranger à notre société et tu ne connais pas nos principes et valeurs », a répondu l’instituteur à Benghabrit sans la citer.
Cette dernière vidéo a particulièrement choqué de nombreux autres internautes, gênés par le jeune âge des enfants et leur mise en scène sans l’accord de leurs parents. Certains ont même fait le lien entre ces images de prière de petits enfants dans les écoles et d’autres prises dans les années 90, avant le début de la décennie noire.
« Des enfants filmés sans autorisations, un défi à l’autorité publique, une talibanisation de l’école, des fillettes voilées et écrasées derrière les garçons, le retour fanfaronnant du FIS », a commenté l’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud sur Facebook.
Même si les critiques et attaques visant la ministre de l’Éducation sont très nombreux, les réactions en sa faveur et ses soutiens sont également nombreux. De nombreux internautes se disant féministes ou progressistes lui ont exprimé leur soutien.