L’Algérie a décidé d’interdire l’exportation de certains produits essentiels fabriqués à base de matières premières importées. La décision a été prise par le président de la République Abdelmadjid Tebboune le 13 mars lors d’une réunion du Conseil des ministres et aussitôt appliquée.
Le chef de l’État a ordonné « l’interdiction de l’exportation de tous les produits de consommation que l’Algérie importe, tels que le sucre, les pâtes, l’huile, la semoule, et tous les dérivés du blé ».
| Lire aussi : Smaïn Lalmas : « C’est un coup dur pour nos exportateurs »
Il a demandé au ministre de la Justice de « préparer un projet de loi criminalisant l’exportation des produits qui ne sont pas produits » en Algérie en le considérant comme un « acte de sabotage de l’économie nationale ».
Parmi les principaux produits concernés figure le sucre raffiné. La mesure n’affecte pas que les producteurs algériens, mais aussi leurs clients étrangers. Le Liban, gros importateur de sucre algérien avec des volumes de 60 000 tonnes par an, est pris au dépourvu par la décision et espère la reprise des exportations algériennes.
Le Maroc en embuscade
Selon l’agence Reuters, son Premier ministre a saisi l’occasion de la tenue du forum de Doha pour en discuter avec le ministre algérien des Affaires étrangères. Najib Mikati a indiqué à Ramtane Lamamra que son pays espérait être exempté de la décision algérienne d’interdire l’exportation de sucre, rapporte la même source.
L’absence de l’Algérie sur le marché libanais pourrait profiter au marocain de la société Cosumar, qui serait à l’affût. En 2020, la société a exporté 650 000 tonnes de sucre, en hausse de 25 % sur une année.
La mesure algérienne a été prise dans un contexte de tensions et de flambée des prix des matières premières alimentaires sur les marchés mondiaux dans le sillage de la guerre en Ukraine.
Son application avec effet immédiat a, néanmoins, pris de court deux producteurs algériens de sucre qui ont dû suspendre des opérations d’exportation en cours d’exécution. En sus, en l’absence d’une liste précise des produits concernés, ce sont pratiquement tous les produits alimentaires qui se trouvent de facto interdits d’exportation.