En dehors des clients qui s’expriment sur les réseaux sociaux et de quelques spécialistes qui se comptent sur les doigts d’une seule main, rares sont les voix qui dénoncent la qualité de service des opérateurs de téléphonie mobile algériens : absence de réseau dans certaines zones, faible débit de la connexion internet, cherté des prestations…
Paradoxalement, les clients, quand ils constatent qu’ils n’en ont pas pour leur argent et que le service qu’ils ont acquis n’est pas tout à fait celui qu’on leur a fait miroiter dans des spots omniprésents, ils n’ont que ce même service pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une arnaque, à travers des vidéos et commentaires sur les réseaux sociaux et les forums de discussion.
Les réactions foisonnent sur le net, mais passent presque inaperçues, faute de réaction des autorités ou reprise par les caisses de résonance que sont les grands médias ou le mouvement associatif. On a entendu quelques spécialistes crier à l’aberration, expliquant, chiffres à l’appui, que pour les montants déboursés par les Algériens pour un certain nombre de gigas, on peut s’offrir un forfait illimité sous d’autres cieux.
Mais là aussi, la médiatisation fait défaut et l’effet est souvent limité. Cette vidéo qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux se distingue justement par le fait qu’elle a été réalisée par l’Apoce, principale association de défense des droits des consommateurs en Algérie.
Un client, qui ne cite le nom d’aucun opérateur, se dit déçu par la qualité du service, notamment internet. À bien entendre son récit, il se plaint plutôt de la détérioration de la qualité. Il raconte qu’il est client d’un opérateur de téléphonie mobile depuis plus de dix ans et que grâce à sa puce (carte Sim), il a pu faire plein de choses : des recherches sur internet, des contacts avec ses amis à l’intérieur du pays et à l’étranger…
« Mais aujourd’hui, les choses ont changé pour moi…
« Mais aujourd’hui, les choses ont changé pour moi, c’est plus difficile. Je paye plus, mais en réalité, je ne reçois rien en échange », résume-t-il. « Vous savez de qui je parle ? Je parle de l’opérateur de téléphonie mobile qui me fatigue, qui me donne des crises », dit-il, toujours sans citer l’opérateur visé, une manière peut-être de signifier que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, que la qualité est partout la même.
Et d’expliquer : « Je veux mettre en ligne des cours sur YouTube, il faut beaucoup de temps. Je veux regarder une vidéo, mais ce cercle qui tourne m’est devenu familier. Je veux faire des recherches, entrer dans ma boîte mail et voir les messages de mon patron, mais je ne peux pas. »
« Tout en sachant que, ajoute le consommateur, qu’à chaque fin de mois, je paye 1 500 Da. On me dit tu auras 40 gigas, des publicités à chaque coin de rue, à la télévision, mais la réalité est amère. »
La vidéo se termine par un appel lancé via l’Apoce pour l’entrée sur le marché national d’un quatrième opérateur de téléphonie mobile « pour qu’il y ait de la concurrence » et pour introduire la possibilité de changer d’opérateur sans changer de numéro.
Les trois opérateurs de téléphonie qui se partagent le marché algérien du mobile, Ooredoo, Djezzy et Mobilis, sont souvent montrés du doigt, pour leur mauvaise qualité de service. Le premier opérateur est détenu à 100 % par le groupe qatari éponyme, le deuxième est la propriété de l’État algérien via le Fonds d’investissement (FNI, 51 %) et du groupe ruse, et le troisième est une filiale à 100% du groupe Algérie Télécom, l’opérateur historique qui détient le monopole sur la téléphonie fixe et l’internet ; et ADSL, et dont la qualité de service est médiocre.