Le réseau internet des opérateurs de téléphonie mobile algériens ne cesse de susciter l’agacement des clients en raison de la mauvaise qualité.
« La qualité du réseau n’a jamais été bonne, encore moins appréciée par les clients. Il y a toujours cette défaillance et instabilité et c’est regrettable », déplore le président de l’Association de protection du consommateur (APOCE).
« Quand on prend l’autoroute Est-ouest, le plus grand axe routier en Algérie, certaines régions sont dépourvues de couverture. C’est honteux », dénonce Mustapha Zebdi qui souligne le caractère important de ce secteur dans le développement économique du pays.
« On ne peut pas continuer à ce rythme-là », fustige-t-il. Pour Zebdi, l’association qu’il préside ne fait que remonter les données et n’a aucun pouvoir coercitif. « On ne fait que dénoncer pour que les instances concernées interviennent. En tant qu’association, on n’a pas de pouvoir répressif. On ne fait qu’interpeller et dénoncer depuis des années. Ce n’est pas une histoire qui date d’aujourd’hui », rappelle-t-il.
L’Apoce appelle à ouvrir le marché à la concurrence
La détérioration de la qualité du réseau internet mobile en Algérie n’est pas nouvelle. Le 30 septembre, Djezzy, Mobilis et Ooredoo ont été sanctionnés financièrement par l’ARPCE, pour les « manquements enregistrés en matière de couverture et de qualité de services ».
Une amende de 82 580 952,38 DA a été infligée à Djezzy alors que Mobilis et Ooredoo ont écopé respectivement de pénalités de 63 918 956,02 DA et de 26 019 444,45 DA. Depuis, la situation ne s’est pas vraiment améliorée. Sur l’autoroute est-ouest, entre Alger et Sétif, il n’y a pas que l’internet qui est défectueux. Il est de plus en plus difficile de téléphoner, sans être confronté à des coupures inexpliquées.
Les bilans financiers en constante progression enregistrés par certains opérateurs de téléphonie mobile ne se traduisent malheureusement pas par une forme d’investissement afin d’améliorer la couverture de réseau.
« On a encore besoin de confiance. On a demandé depuis longtemps d’ouvrir le marché à un autre opérateur. Il y a des pays avec une superficie d’une wilaya de l’Algérie, et qui ont 4 opérateurs. Pourquoi ne pas booster la concurrence et œuvrer pour améliorer la qualité de service ? », lance le président de l’APOCE qui réclame l’application de la portabilité des numéros qui est consacrée par la loi.
« Il y a eu une loi sur la portabilité, on se demande ce qui est fait pour sa mise en œuvre. On reçoit énormément de questions sur ce sujet, on voudrait des réponses claires. C’est pour quand cette portabilité ? », s’interroge Zebdi qui rappelle que la requête de l’APOCE date de 2012.
En janvier 2021, l’ancien ministre de la Poste et des Télécommunications, Brahim Boumzar, a annoncé dans un entretien à l’APS, qu’un projet de décret relatif à la portabilité des numéros (possibilité pour un abonné de conserver son numéro de téléphone en changeant d’opérateur) était « en voie de finalisation ».
« La première mouture est déjà soumise à l’appréciation du Régulateur (Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques), puis elle sera transmise au SGG (Secrétariat général du gouvernement) », a fait savoir l’ex ministre, ajoutant que la mise en œuvre de cette disposition incombait au régulateur. Les trois opérateurs de téléphonie mobile (Mobilis, Djezzy et Ooredoo) étaient invités à mettre en place une convention les liant ainsi qu’un catalogue d’interconnexion conformément à la loi.
A quand la portabilité des numéros ?
Le décret exécutif n° 21-199 du 11 mai 2021 fixant les conditions et les modalités de la mise en œuvre de la portabilité des numéros de téléphonie mobile définit la portabilité comme étant la « possibilité pour un abonné de conserver son numéro lorsqu’il change d’opérateur».
L’article 3 dudit décret dispose que les opérateurs de téléphonie mobile sont tenus de mettre en place la portabilité des numéros et « de la garantir de façon permanente à l’ensemble de leurs abonnés prépayés et postpayés dans des conditions transparentes, objectives et non discriminatoires ».
« La demande de portabilité du numéro est établie selon un formulaire, dont le modèle est fixé par l’Autorité de régulation, mis à la disposition de l’abonné par l’opérateur receveur », stipule l’article 6.
Pour sa part, l’ARPCE qualifie la portabilité des numéros comme « un levier efficace pour accroître la concurrence sur le marché des communications électroniques ». En août 2021, l’Autorité de régulation de la Poste et des communications électroniques (ARPCE) a annoncé avoir lancé, le 29 juillet 2021, une consultation publique, ayant pour objectif de se concerter avec les trois opérateurs de la téléphonie mobile sur « les modalités pratiques et conditions techniques, juridiques, organisationnelles et tarifaires » relatives à la mise en œuvre de la portabilité des numéros mobiles en Algérie, et de recueillir leurs commentaires et avis.
« L’Autorité attache une importance particulière à ce que la portabilité des numéros contribue à dynamiser la concurrence sur le marché des communications électroniques », a souligné l’ARPCE.