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Intoxication sur une plage à Ténès : l’hypothèse d’une algue toxique

Intoxication sur une plage à Ténès : l’hypothèse d’une algue toxique

CONTRIBUTION. Concernant les cas d’intoxication sur la plage Marina de Ténès, une hypothèse très plausible peut être avancée : la présence dans l’eau de mer d’une algue toxique.

Ce phénomène a déjà été observé à Mostaganem, il me semble, fin juillet 2009. Comme il a souvent été observé au niveau des plages du nord de la Méditerranée : Catalogne (2004), Gênes (juillet 2005 et juillet 2006), Marseille (juillet 2006). À l’occasion de l’incident de Mostaganem, voilà ce que j’avais écrit sur certains organes de presse :

Les symptômes sont : fièvre, toux, écoulement nasal, troubles respiratoires, nausée, conjonctivite, démangeaisons et même des éruptions cutanées.

D’après une recherche bibliographique, ces effets incommodants seraient causés par une cyanobactérie dénommée Ostreopsis ovata. C’est une algue microscopique unicellulaire (groupe des dinoflagellés) présente habituellement dans les eaux chaudes tropicales. Son mode de vie aquatique est benthique (proche des fonds) et épiphyte (elle se fixe notamment sur les algues au fond des eaux).

Lorsque les conditions environnementales lui sont favorables, cette algue peut donner lieu à des efflorescences ou blooms, qui constituent un problème émergent pour les eaux méditerranéennes.

On observe, alors, la présence épisodique d’un mucilage sur les rochers et d’une mousse de couleur marron à la surface de l’eau, accompagnée de signes de souffrance des organismes marins.

Les analyses ont montré que les agrégats présents à la surface de l’eau sont constitués de végétaux, de fragments de macrophytes, de plancton et de débris de crustacés agglomérés par du mucus.

Ces éléments sont caractéristiques des blooms d’Ostreospsis. Parmi les facteurs responsables de cette prolifération méditerranéenne figurent la température élevée, l’usage fréquent de gros blocs de pierre pour lutter contre l’érosion des plages, qui crée des zones d’eaux peu profondes et exposées au soleil, les endroits riches en éléments nutritifs tels que la proximité des estuaires, une haute pression atmosphérique, une mer calme et l’absence de vent pendant plusieurs jours.

Cette algue produit une toxine, la palytoxine, qui peut intoxiquer l’homme de deux manières différentes. Par inhalation, tout d’abord.

Lorsque les cellules sont emportées dans les aérosols marins, elles se lysent et libèrent alors les toxines qu’elles contiennent, provoquant des troubles trois heures après inhalation.

Ce qui explique que des personnes qui ne se sont pas baignées aient été également affectées. Les signes cliniques se résorbent généralement quelques heures à 24 heures après leur apparition. Au pire, 48 heures.

L’intoxication peut se faire également par contamination alimentaire lorsque les fruits de mer et les poissons absorbent et accumulent la toxine dans leurs tissus.

Le consommateur peut alors souffrir de troubles digestifs et de crampes abdominales, pouvant aller jusqu’à de graves perturbations rénales et, lors des cas extrêmes, à la mort des patients.

La première observation d’Ostreopsis ovata décrite en Méditerranée remonte à 1972 à Villefranche-sur-Mer (France). Elle est depuis ces dernières années régulièrement signalée le long des côtes méditerranéennes de France, de Monaco et d’Italie.

Ce problème devenant chronique, il pose de nouvelles contraintes aux autorités concernées afin de garantir la sécurité sanitaire des eaux de baignade et des produits de la mer. Donc, rien à voir avec les rejets toxiques d’un bateau (d’ailleurs hypothèse a été évoquée en 2009).

J’invite les spécialistes à orienter leurs recherches dans ce sens. »

 

*Professeur – Directeur de recherche

Equipe de Physiologie végétale

Laboratoire de Biologie et Physiologie des Organismes

Faculté des Sciences Biologiques

Université des Sciences et de la Technologie – Bab Ezzouar-Alger

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