Le décès d’un jeune homme de 22 ans à Constantine après avoir consommé du thon avarié relance le débat sur les intoxications alimentaires en Algérie.
L’Association de protection des consommateurs (Himayatec) a affirmé que le défunt avait consommé du thon de la marque Atun Maratun.
Incriminée, la marque de conserves Atun Maratun s’est défendue en affirmant que la relation entre la consommation du thon et le décès du jeune homme n’était pas « formellement établie ».
La société qui fabrique ce thon, a affiché son optimisme quant à un retour sur le marché du lot de son produit retiré de la vente sur décision du ministère du commerce à titre conservatoire.
Au-delà du cas dramatique enregistré à Constantine, les intoxications alimentaires explosent chaque été en Algérie.
« Il y a recul de l’hygiène en Algérie. En été particulièrement, avec la hausse des températures, il faut que les contrôles soient renforcés », indique le Dr. Mohamed Bekkat Berkani, le président de l’ordre des médecins algériens.
Pour sa part, le Pr Mostefa Khiati, médecin chercheur, préconise « la mise en place d’un dispositif spécial en été pour atténuer les risques d’intoxications alimentaires ».
« L’été est une période propice aux intoxications alimentaires. Il faut surveiller la rupture de la chaîne de froid. Il faudrait que le ministère du Commerce renforce les contrôles durant cette période, car la sécurité sanitaire se fragilise« , recommande le spécialiste.
Intoxications alimentaires en Algérie : ce que recommandent les spécialistes
Le Pr Khiati cite les cas d’intoxication de masse « notamment lors des fêtes de mariage » et préconise de « contrôler les achats de produits à risques comme les glaces, les conserves et les aliments préparés ».
« L’Algérie a une expérience dans le domaine. Au cours des vingt dernières années, on a accumulé assez d’expérience pour parer à ce phénomène. Il faut qu’il y ait des règles même chez les vendeurs ambulants et que les contrôleurs puissent saisir les marchandises exposées sans le respect des règles de l’hygiène. Il faut commencer par la sensibilisation des consommateurs et clarifier à quoi ils s’exposent en cas d’intoxication alimentaire », a détaillé le Pr. Khiati.
Selon le président de l’Association de protection et d’orientation des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, l’Algérie recense officiellement chaque année 10.000 cas déclarés d’intoxications alimentaires. Le chiffre réel serait dix fois plus important d’après le président de l’Apoce.
« La lutte contre les intoxications alimentaires notamment en été devrait se baser sur trois mesures principales », indique Mustapha Zebdi à TSA.
« La sensibilisation est importante. Il faudrait expliquer aux consommateurs les réflexes à adopter pour éviter de consommer des produits à risques. Il y a également la répression des opérateurs qui ne respectent pas les normes, mais un travail de formation des commerçants s’impose également« , suggère le président de l’Apoce.
Pour Mustapha Zebdi, il est primordial de former les commerçants sur les règles d’hygiène au moment de leur octroyer le registre de commerce.
Le président de l’Apoce évoque aussi le rôle des services de sécurité notamment quand l’infraction est signalée au niveau des commerces non répertoriés où l’intervention des services du ministère du commerce est délicate.