Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé lundi le renforcement du décret réglementant les investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques, en l’élargissant aux données numériques et à l’intelligence artificielle pour préserver l’industrie française du « pillage ».
« N’ayez aucun doute, la France est un pays ouvert et nous voulons construire une France attractive », a assuré le ministre lors de ses voeux aux acteurs économiques à Paris, précisant que les investissements étrangers sont « les bienvenus », mais sous condition.
« Ouverture ne veut pas dire pillage, le pillage de nos technologies, de nos savoir-faire, de nos compétences », a-t-il ajouté, présentant une « nouvelle doctrine de l’investissement » qui exigera plus de clarté grâce au renforcement du décret élaboré par son prédécesseur Arnaud Montebourg, qui avait élargi à l’énergie en 2014 un ancien texte au milieu de l’opération de rachat par General Electric (GE) de la branche énergie d’Alstom.
« Au niveau national, (cette doctrine) nous amènera à compléter le décret sur les investissements étrangers en France dans deux directions: en élargissant le décret à de nouveaux secteurs économiques comme le stockage des données numériques ou l’intelligence artificielle et en élargissant les modalités de sanction », a-t-il affirmé.
Un second volet de cette « doctrine » est européen: « elle nous a conduit à demander à la Commission européenne, avec nos partenaires italien, espagnol et allemand, de préparer un règlement sur les investissements étrangers en Europe », a-t-il expliqué, soulignant le besoin de « protéger » et de « défendre les intérêts nationaux ».
Le ministre a exigé de la « réciprocité » de la part des partenaires économiques de la France et le respect de « règles claires ».
« Des investissements de long terme, respectueux de nos règles et qui se traduisent en retour par une ouverture des marchés extérieurs », a-t-il insisté.
Le ministre a appelé la zone euro à devenir « un continent économique puissant, capable de l’emporter face à la Chine et aux Etats-Unis ». Pour y parvenir, il demandé à ses partenaires européens « d’ouvrir la voie à une intégration européenne plus forte et plus efficace ».
Il a ainsi rappelé l’objectif de la France d’avancer dans la réforme de la zone euro cette année « au plus tard en 2019″, dans les domaines prioritaires de l’union bancaire, de l’union des marchés des capitaux et la convergence fiscale ».