Un mouvement de contestation s’est déclenché en Iran ces derniers jours après que le président Hassan Rohani ait annoncé une baisse drastique et immédiate des subventions sur les prix des carburants accordées par l’État iranien, entraînant une vague de répressions des autorités. L’accès aux réseaux internet et de téléphonie mobile ont été coupés afin d’empêcher le partage de vidéos des violences de l’État contre les manifestants.
Le président Rohani a annoncé vendredi l’augmentation de 50% des prix de l’essence (pour les porter à l’équivalent de 11 centimes d’euros le litre). Le carburant est largement subventionné par l’État, ce qui permet aux Iraniens de disposer des prix parmi les plus bas au monde.
Le vendredi soir même et dans les jours ayant suivi, des automobilistes sont sortis protester dans les rues dans plusieurs villes du temps telles qu’Ahvaz, Tabriz et évidemment Téhéran. Les manifestants en colère ont bloqué les axes routiers pour fustiger la décision contestée du président Rohani. Les slogans se sont par la suite rapidement étendus sur le champ politique pour critiquer la légitimité de l’État. Fait rare, des photos de l’Ayatollah Khamenei ont été brûlées par des manifestants.
#iran les manifestants iraniens brûlant la photo du « guide suprême » l'ayatollah Ali #Khamenei à #Eslamshahr dans la province de #Téhéran, tout un symbole.#IranProtests#ايران_تنتفض pic.twitter.com/5SocY3O5ca
— Sun7 (@Skydel_777) November 16, 2019
C’est la première fois depuis fin 2017 que des révoltes populaires touchent l’Iran. La réponse des autorités n’a pas tardé et les forces de l’ordre ont rapidement commencé à réprimer les manifestations, les transformant en émeutes. Pour éviter la propagation de l’information, le pouvoir iranien a également procédé à la perturbation puis à la coupure totale de l’accès à internet dans le pays. Toutes les sources crédibles font ainsi état de la difficulté d’établir un bilan concret de la situation sur le terrain.
Dans ce contexte, des informations diffusées par diverses agences iraniennes font état d’au moins six personnes qui auraient été tuées. Plusieurs centaines d’arrestations ont également été effectuées par les forces de l’ordre, qui ont pour leur part compté quatre morts tués « à l’arme blanche » lors d’une « embuscade » effectuée par des émeutiers », rapporte les agences iraniennes Isna et Fars. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et quasiment impossibles à vérifier montrent les forces de l’ordre en train tirer avec ce qui semble être des balles réelles contre les manifestants.
#IranProtests @GG_RMC #Iran les massacres continuent dans l’indifférence des occidentaux… #Honte #Internet4Iran pic.twitter.com/pnpEenInYo
— LeChatPersan (@IranMania75) November 19, 2019
@GG_RMC bjr, je suis outré de constater le silence des médias FR, sur le massacre qui est entrain de s’opérer sur les manifestations en #Iran. Depuis 72H tout l’internet iranien est coupé par le régime pour ne pas laisser des preuves de massacre sortir.HONTE #IranProtests pic.twitter.com/LpJrLKmKrT
— LeChatPersan (@IranMania75) November 19, 2019
Le gouvernement américain a pour sa part condamné dès dimanche l’utilisation de la force en Iran et les restrictions des télécommunications. « Les États-Unis soutiennent les Iraniens dans leurs manifestations pacifiques contre le régime qui est censé les diriger », a indiqué Stephanie Grisham, porte-parole de la Maison Blanche. « Nous condamnons l’usage de la force et les restrictions de communications contre les manifestants », a ajouté la porte-parole, dénonçant les dérives d’un régime qui a « abandonné son peuple ».
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a quant à lui dénoncé ce mardi l’usage de la force, y compris de tirs à balles réelles, contre les manifestants, faisant part de son inquiétude sur des informations parlant d’un nombre « important » de morts.
« Nous sommes particulièrement alarmés par le fait que l’utilisation de munitions réelles aurait causé un nombre important de décès dans tout le pays », a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, lors d’un point de presse, soulignant que le nombre de décès s’établit à plusieurs « dizaines » selon les « médias iraniens et d’autres sources ».