Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a annoncé mercredi qu’il cessait de communiquer avec son compte Telegram pour utiliser désormais des services de messagerie iraniens afin de « préserver l’intérêt national ».
Cette annonce survient sur fond de rumeurs d’un blocage imminent de tous les services de messagerie étrangers, au premier rang desquels Telegram, réseau qui revendique 40 millions d’utilisateurs en Iran, soit près d’un habitant sur deux.
« En vue de préserver l’intérêt national et afin de casser le monopole de la messagerie Telegram, le site internet pour la conservation et la publication des œuvres du grand ayatollah Khamenei cesse ses activités sur cette messagerie à partir de maintenant », indique un dernier message publié sur le canal Telegram KHAMENEI.IR.
Les services de M. Khamenei renvoient vers d’autres comptes sur d’autres services de messagerie, iraniens, comme Soroush ou Gap, que les autorités cherchent à promouvoir.
« Cette mesure, prise avant que ne commence un programme officiel destiné à faire cesser l’usage de Telegram par les organes de l’Etat, a pour but de soutenir les services de messageries nationaux », ajoute l’ultime message du guide sur Telegram.
Dimanche, le ministère de l’Education iranien a interdit aux écoles et à ses services l’usage des réseaux sociaux étrangers pour communiquer, les obligeant à « utiliser les réseaux sociaux intérieurs ».
Lors de la vague de protestations qui a touché plusieurs dizaines de villes iraniennes autour du 1er janvier, les autorités ont provisoirement interdit Telegram, accusé d’avoir laissé des groupes « contre-révolutionnaires » basés à l’étranger utiliser sa plateforme pour alimenter les troubles.
Plusieurs plateformes iraniennes offrant les mêmes services que Telegram se sont développées ces derniers mois. Soroush revendique ainsi 5 millions d’abonnés et Gap plus de 1,3 million. Les autorités affirment que ces réseaux offrent les mêmes garanties de confidentialité que les réseaux étrangers.
Moins utilisés, Facebook et Twitter sont bloqués en Iran mais facilement accessibles à l’aide d’un réseau privé virtuel (VPN).
Les services de M. Khamenei qui communiquent via cinq comptes sur Twitter (en persan, anglais, arabe, espagnol et français) n’ont pas annoncé mercredi qu’ils avaient l’intention d’y renoncer.
L’agence Isna a cité mardi un député conservateur, Abolfazl Aboutorabi, affirmant que « tous les services de messagerie étrangers, et en premier lieu Telegram » pourraient être « bloqués » en Iran dès le 21 avril, premier jour du mois iranien d' »ordibehesht ».