Le président iranien Hassan Rohani a semblé critiquer samedi la police des moeurs après la diffusion d’une vidéo dans laquelle un de ses membres violente une femme qui n’aurait pas respecté le code vestimentaire en vigueur dans le pays.
“Certains disent que la façon de promouvoir la vertu et d’interdire le vice est (…) d’aller dans la rue et attraper les gens par le cou”, a déclaré M. Rohani dans un discours devant de hauts responsables diffusé par la télévision publique.
“La promotion de la vertu ne marchera pas en utilisant la violence”, a ajouté le président, un modéré.
Une vidéo diffusée jeudi sur les réseaux sociaux montre une membre de la police des moeurs violenter une jeune femme dans un parc de Téhéran.
La réaction de la policière pourrait avoir été motivée par le fait que des mèches de cheveux dépassent du voile –dont le port est obligatoire dans les lieux publics– de la jeune femme et que cette dernière l’ait insultée.
Le ministre iranien de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a ordonné l’ouverture d’une enquête.
La loi en vigueur en Iran depuis la Révolution islamique de 1979 impose aux femmes de sortir la tête voilée et le corps couvert d’un vêtement ample plus ou moins long.
Le zèle de la police des mœurs à faire respecter cette loi a nettement diminué depuis l’élection en 2013 de M. Rohani, et un nombre croissant de Téhéranaises prennent des libertés en laissant apparaître nettement leur chevelure.
Dans son discours samedi, M. Rohani a par ailleurs critiqué de récents efforts d’agir contre les réseaux sociaux.
“Les téléphones portables sont la façon de promouvoir la vertu et d’interdire le vice. Je ne sais pas pourquoi certaines personnes n’aiment pas les portables ou les réseaux sociaux”, a dit le président.
“Elles n’aiment pas que les gens aient accès à l’information. Elles pensent que si les gens vivent dans une ignorance totale, elles dormiront mieux la nuit”.
“Etre informé, c’est un droit (…) Critiquer, c’est un droit (…) Laissez les gens vivre”, a-t-il encore dit.
Cette déclaration survient sur fond de rumeurs d’un blocage des services de messagerie étrangers, au premier rang desquels Telegram, réseau qui revendique 40 millions d’utilisateurs en Iran, soit près d’un habitant sur deux, et qui est notamment utilisé par ceux qui critiquent le régime islamique.
M. Rohani a en outre jugé que la Révolution islamique de 1979 serait jugée à la façon dont le régime s’est comporté envers le peuple.
“Si notre comportement est devenu pire (depuis 1979, après le règne du Shah), alors cette révolution est sur la mauvaise voie. Le but fondamental de la Révolution est de respecter les gens et résoudre leurs problèmes”, a-t-il dit.