La décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien ouvre la voie à un rétablissement des sanctions à l’égard notamment des entreprises européennes ayant des relations d’affaires avec l’Iran.
Mais la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, tous trois signataires de l’accord de 2015, refusent de subir les conséquences du retrait américain. Paris pousse pour une riposte commune et concrète. Le détail des réactions.
France
La France a exhorté vendredi l’Europe à agir pour défendre sa « souveraineté économique ». Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a ainsi appelé à refuser la « vassalisation de l’Europe en matière commerciale » face à la menace de sanctions américaines en Iran.
« Je veux que nous affirmions la souveraineté économique de l’Europe, c’est-à-dire la capacité à défendre ses intérêts quelles que soient les décisions de nos grands partenaires économiques comme les États-Unis », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a, quant à lui, jugé dans un entretien au journal Le Parisien que ces sanctions, de portée extraterritoriale, étaient « inacceptables ».
« Nous disons aux Américains que les mesures de sanctions qu’ils vont prendre les concernent, eux. Mais nous considérons que l’extraterritorialité de leurs mesures de sanctions est inacceptable. Les Européens n’ont pas à payer pour le retrait d’un accord par les États-Unis, auxquels ils avaient eux-mêmes contribué », a-t-il indiqué.
Selon l’AFP qui cite une source diplomatique, les exportations françaises vers l’Iran sont passées de 562 millions d’euros en 2015 à 1,5 milliard en 2017.
Allemagne
« Le temps où l’on pouvait compter tout simplement sur les États-Unis pour nous protéger est révolu », a lâché jeudi la chancelière allemande Angela Merkel.
Elle a par ailleurs indiqué qu’elle continuerait de soutenir l’accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien tant que Téhéran tiendrait sa part d’engagements.
L’industrie allemande dénonce quant à elle « l’utilisation extraterritoriale de sanctions envisagées par les États-Unis, illégales au regard du droit international », et s’inquiète que la pression du gouvernement américain sur les entreprises actives en Iran augmente considérablement, selon le journal Le Monde.
L’Allemagne est le premier exportateur européen vers l’Iran. Elle a vu ses échanges avec Téhéran progresser depuis 2015, livrant pour 2,57 milliards d’euros de biens en 2016 (+22% sur un an), puis 2,97 milliards l’an dernier (+15,5 % sur un an).
Royaume-Uni
La gouvernement britannique a de son côté décidé de s’aligner sur la position de la France et de l’Allemagne et a affirmé n’avoir « aucune intention de se retirer de l’accord » avec l’Iran.
Si peu de grosses entreprises britanniques sont présentes en Iran -contrairement à l’Allemagne et la France- les exportations de biens du Royaume-Uni vers l’Iran ont atteint 167 millions de livres (191 millions d’euros) en 2016, un plus haut depuis 2011.
Quid d’une alliance européenne ? Pour l’heure, seule la France a ouvertement critiqué la politique d’extraterritorialité américaine. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, recevra mardi 15 mai les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, qui seront ensuite rejoints par leur homologue iranien.
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