Islam Slimani, 32 ans, ne garde pas de bons souvenirs de sa carrière de joueur en Algérie. L’attaquant international algérien retrace sa route depuis le club de Cheraga dans l’Ouest d’Alger jusqu’à l’Olympique Lyonnais qu’il a rejoint en janvier dernier en provenance de Leicester City.
Un parcours atypique et inattendu pour ce joueur qui a traversé bien des épreuves, mais il a toujours réussi à se relever.
Dans un entretien à l’Equipe, l’avant-centre algérien est revenu sur son parcours qui ne le prédestinait pas à jouer dans les grands champions européens.
Parti d’Algérie en 2013 à l’âge de 25 ans après quatre ans passés au CRB où il a été repéré par un certain Vahid Halilhodzic, alors sélectionneur de l’équipe nationale, il a rejoint le Sporting Lisbonne. Il explique avoir quitté le pays, sans « aucune formation » dans le football. « Quand j’avais 16-17 ans, je m’entraînais deux fois par semaine sur un demi ou un quart de terrain », raconte-t-il. En Algérie, où les centres de formation n’existent quasiment pas, « ils aiment les dribbleurs », résume-t-il.
Pour un attaquant qui marque des buts, mais qui ne brille pas avec les gestes techniques dont raffolent les supporters algériens, Islam Slimani n’avait pas la côte. Au contraire.
« Je marquais mais j’étais critiqué sans cesse par la plupart de la presse et par les supporters », se rappelle-t-il. Outre le fait que les Algériens aiment les dribbleurs, un autre obstacle n’aide pas au développement du football dans le pays : les rémunérations dérisoires et aléatoires accordées aux jeunes joueurs. « Je gagnais 50 € par mois et ils ne nous payaient qu’une fois tous les cinq ou six mois », raconte-t-il.
En 2012, Islam Slimani est déjà une star en Algérie. Avec le CRB, il étale match après match son talent de renard des surfaces et son instinct de pur avant-centre. Vahid Halilhodzic, qui prépare les matches de qualification au Mondial 2014, le convoque pour le mettre définitivement sur l’orbite du football de haut niveau.
« Je gagnais 50 euros par mois »
Une année après, il rejoint le Sporting Portugal où il marque des buts. Trois ans après, en 2016, il atterrit à Leicester City, qui vient d’être sacré champion d’Angleterre en titre, et où Riyad Mahrez, son coéquipier en équipe nationale, étale toute sa classe de joueur de niveau mondial. « À chaque fois que je porte le maillot algérien, c’est comme si c’était la première fois, avec la même émotion », assure Slimani, en revenant sur l’incroyable popularité du football et de l’équipe nationale en Algérie.
« Chez nous le foot c’est un truc de fou », résume-t-il, en rappelant comment les Algériens ont fêté la victoire de l’équipe nationale en finale de la CAN 2019 et le retour des Verts du Mondial 2014 Brésil où ils avaient atteint le stade des 8e de finale pour la première fois de leur histoire. « C’était incroyable », se souvient Slimani.
« Quand tu vois le peuple comme ça, des vieilles personnes, des mamans qui courent devant le car juste pour te dire merci. J’avais envie de leur dire merci d’être là en retour. »
A Leicester, Islam Slimani n’a pas réussi à s’imposer. Le club anglais le prête à plusieurs reprises (Newcastle, Monaco, Fenerbahçe) avant de le céder gratuitement à l’Olympique Lyonnais début janvier, où il gagne 380.000 euros bruts, sans les primes. Malgré son passage à vide en Angleterre, l’attaquant algérien n’a pas baissé les bras, jusqu’à forcer l’admiration du coach national Djamel Belmadi.
« Islam a toujours de l’ambition, il ne cherche pas la facilité. Il aurait pu aller dans d’autres pays où c’est plus facile pour lui, peut-être même avoir un meilleur contrat. Mais lui, il cherche toujours à être compétitif. Je lui souhaite du succès. C’est bon pour lui et pour l’équipe nationale parce qu’il n’a pas encore dit son dernier mot en équipe nationale », a-t-il dit de lui en janvier dernier.