Le gouvernement israélien a envisagé de détonner une arme nucléaire, dans le Sinaï, en 1967, en guise d’avertissement destiné à l’Égypte et aux autres pays arabes, dans le cas où la guerre des Six-Jours aurait été en défaveur de l’État hébreu, rapporte le New York Times ce dimanche.
Qualifié d’« Opération Jour du Jugement Dernier », ce plan top secret aurait été mis en œuvre si Israël était venue à craindre une défaite lors du conflit ayant eu lieu en juin 1967. Les autorités israéliennes estimaient que la démonstration de l’explosion intimiderait l’Égypte et les pays arabes voisins (Syrie, Irak et Jordanie) à battre en retraite. Israël a cependant remporté la guerre si rapidement (six jours) que l’ogive nucléaire n’a jamais été déplacé au Sinaï.
Ces révélations s’appuient sur le témoignage du général israélien Itzhak Yaakov, chef de l’unité de recherche et de développement de l’armée israélienne en 1967. Baptisé « Option Samson », le plan aurait consisté à envoyer des parachutistes dans le désert du Sinaï avec pour mission de faire exploser un « engin atomique » à quelques kilomètres de la base militaire égyptienne stratégique d’Abou Ageila, un carrefour de pistes qui commande l’accès au centre du Sinaï.
« C’était tellement naturel. Tu as un ennemi et il dit qu’il va te jeter à la mer. Tu le crois. Comment peux-tu l’arrêter ? En lui faisant peur. Si tu as quelque chose qui peut lui faire peur, tu lui fais peur », explique Yitzhak Yaacov, décédé en 2013, dans un entretien réalisé entre 1999 et 2000. L’historien spécialiste de l’histoire nucléaire d’Israël, Avner Cohen, qui a publié l’interview pour le compte du think-tank américain Wilson Center dans le cadre du cinquantième anniversaire de la guerre des Six-Jours, estime néanmoins que le plan était « davantage un exercice technico-théorique pour un scénario improbable qu’un véritable plan militaire ».
« Au bout du compte, je suis d’accord avec la position (du chef d’État-major de l’époque Zvi) Tzur qu’à la veille de la guerre de 1967, les dirigeants israéliens ne considéraient pas sérieusement la possibilité de conduire – ni même n’étaient capables de conduire – une démonstration nucléaire », estime Avner Cohen, cité par Le Point. Cependant, pour l’historien, le témoignage de Yitzhak Yaacov « révèle pour la première fois d’une source identifiable qu’Israël avait la capacité de bricoler un engin nucléaire explosif en juin 1967 ».