Israël a mis “des années” avant de découvrir les tunnels creusés à partir du Liban, a ironisé samedi soir le chef du mouvement chiite du Hezbollah dans un rare entretien télévisé, réagissant pour la première fois à cette question sensible.
“Les Israéliens ont découvert après de longues années un nombre de tunnels, et ce n’est pas une surprise, la surprise c’est qu’ils ont mis du temps à les découvrir”, a dit Hassan Nasrallah dans un entretien avec la chaîne de télévision al-Mayadeen, proche de son mouvement.
“Oui, il y avait des tunnels dans le sud du Liban”, a souligné le chef du mouvement chiite, refusant de dire si ces tunnels étaient “anciens ou nouveaux”, “s’ils ont été creusés avant ou après la guerre de juillet” 2006, ou même par qui ils ont été creusés.
La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et Israël remonte à 2006 quand 33 jours de guerre déclenchés en juillet avaient fait 1.200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le mouvement chiite, visé après l’enlèvement de deux soldats israéliens.
“Au minimum, un des tunnels découverts ces dernières semaines, est vieux de 13 ou 14 ans”, a ironisé le chef du Hezbollah, tout sourire, estimant que cette affaire mettait en lumière “l’échec” des services de renseignement israéliens tout au long de ces années.
L’armée israélienne avait annoncé en décembre avoir découvert plusieurs tunnels creusés depuis le Liban. Ils ont été détruits à l’aide d’explosifs ou bouchés avec des matériaux étanches et l’Etat hébreu a pointé du doigt le Hezbollah.
Selon Israël, ces tunnels devaient servir au parti chiite pour enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens, et pour s’emparer d’une frange du territoire israélien en cas d’hostilités.
Israël et le Liban demeurent techniquement en état de guerre mais la frontière est restée relativement calme ces dernières années.
Israël construit actuellement un mur le long de la frontière pour stopper d’éventuelles tentatives d’infiltration du Hezbollah, seul mouvement à ne pas avoir déposé les armes après la guerre civile ayant ravagé le Liban de 1975 à 1990.
A la mi-janvier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était félicité du succès de l’opération contre les tunnels du Hezbollah.
“Le plan opérationnel du Hezbollah d’utiliser les tunnels pour faire pénétrer entre 1.000 et 2.000 combattants en Galilée et prendre des localités…nous l’avons empêché et nous continuerons de l’empêcher”, avait dit M. Netanyahu.
M. Nasrallah a balayé ces accusations. “Le Hezbollah va-t-il compter sur quatre tunnels pour faire entrer des milliers de ses combattants pour l’opération de Galilée”, a-t-il déclaré.
L’hostilité persistante entre Israël et le Hezbollah s’est manifestée en Syrie, où le mouvement libanais, comme l’Iran, autre ennemi juré de l’Etat hébreu, s’est allié au régime de Bachar al-Assad.
Israël a frappé à de multiples reprises des convois d’armes destinés au Hezbollah ainsi que des intérêts iraniens dans la Syrie en guerre.