Coupable d’un soutien à Israël par le seul fait de la normalisation, le Maroc tente de faire croire le contraire. La presse proche du palais royal a diffusé de larges extraits de l’intervention de l’ambassadeur du royaume à La Haye, où une procédure est en cours contre Israël, ajoutant que les Palestiniens et la CIJ ont félicité le Maroc pour sa plaidoirie. Certaines voix crient au mensonge.
La procédure a été introduite en décembre 2022, soit avant le conflit actuel, par l’Assemblée générale des Nations-Unies, qui demandait un avis consultatif sur les retombées juridiques de la colonisation et des pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. La procédure est en cours.
Selon la presse marocaine, le représentant du Maroc Mohamed Basri, a assisté à la première séance, « en soutien à l’exposé oral de la Palestine » qui a eu lieu lundi 19 février.
« La présence du Maroc aux plaidoiries orales dans cette affaire s’inscrit dans la continuité de l’engagement actif du Royaume dans ce dossier devant la Cour internationale », écrit le 360.ma dans un article sous le titre : « Le Maroc souligne l’engagement du Roi en faveur de la cause palestinienne. »
À l’instar de nombreux titres de la presse marocaine, le360.ma qui est réputé être très proche du Palais royal, a publié de larges extraits du « plaidoyer écrit » de Mohamed Basri, dont la Cour « a pris dûment compte ».
La colonisation israélienne devant la CIJ : doutes à propos de la position du Maroc
Il aurait ainsi réaffirmé la « détermination » du Maroc, dont le roi Mohamed VI est « président du Comité Al-Qods », à «œuvrer par tous les moyens légaux à sa portée, pour protéger le statut juridique, historique, politique et spirituel de la Ville sainte ».
L’ambassadeur aurait aussi réitéré, l’« engagement actif » de son pays « en faveur du respect du droit international et de la promotion de la paix au Moyen-Orient » qui passe par la solution à deux Etats, tout en rappelant le « consensus de la communauté internationale sur le statut juridique des colonies israéliennes » qui « constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible une solution à deux États ».
Le média Hespress a écrit pour sa part que « les Palestiniens félicitent le Maroc pour son plaidoyer devant la CIJ ». Au Maroc, on tente de faire croire que la Cour aurait aussi exprimé la même satisfaction.
« Non, la CIJ n’a pas salué l’engagement du roi du Maroc envers la Palestine », a écrit sur X le journaliste espagnol Ignacio Cembrero. Le journaliste d’El Confidencial, spécialiste des pays du Maghreb et du Sahara occidental, a ajouté que « l’ambassadeur marocain n’est pas intervenu devant la Cour pour défendre les palestiniens », et qu’ « il a assisté en silence à une audience ».
Le Maroc ne figure pas en effet dans la liste des pays intervenants. Ces derniers sont la Palestine, l’Afrique du Sud, le Chili, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Cuba, l’Egypte, la Bolivie, la Colombie, le Brésil, les Pays-Bas, la France, les États-Unis et la Russie. Le Maroc a-t-il alors menti ?