Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé mardi l’Iran de vouloir déployer des « armes très dangereuses » en Syrie, où Téhéran soutient le président Bachar Al-Assad, afin de détruire Israël, rapporte l’AFP.
« Le régime à Téhéran (…) cherche maintenant à déployer des armes très dangereuses en Syrie dans le but de nous détruire », a déclaré Netanyahu à l’issue d’un sommet trilatéral à Nicosie avec le président chypriote Nicos Anastasiades et le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Le Premier ministre israélien a en outre accusé l’Iran de vouloir « établir des bases navales militaires » et des sous-marins en Méditerranée, estimant que « cela est une menace palpable pour chacun de nous ».
« Mieux vaut maintenant que plus tard »
Israël accuse régulièrement l’Iran, son ennemi juré, de renforcer sa présence en Syrie voisine, où l’armée israélienne a mené des raids meurtriers contre des cibles iraniennes selon Téhéran. Benjamin Netanyahu a affirmé ces dernières semaines qu’Israël ne permettrait pas à l’Iran de s’implanter militairement en Syrie où une guerre fait rage depuis 2011.
Pas plus tard que ce dimanche, le Premier ministre a affirmé être « déterminé à arrêter l’agression de l’Iran tant qu’elle est à ses premiers stades, même si cela implique un conflit », rapporte le journal français Libération. « Mieux vaut maintenant que plus tard », a affirmé Netanyahu. « Nous ne voulons pas d’escalade, mais nous sommes préparés à tout scénario », a-t-il ajouté.
« Si Al-Assad continue à laisser les Iraniens opérer sur le sol syrien, il doit savoir qu’il a signé son arrêt de mort : nous renverserons son régime », a quant à lui menacé lundi Yuval Steinitz, le ministre de l’Énergie, membre du cabinet de sécurité.
Du côté de l’Iran, Téhéran a promis de répliquer « en temps et en lieu » aux récentes frappes aériennes de l’armée israélienne en Syrie. Des frappes aériennes non revendiquées mais attribuées à Israël les et 9 et 29 avril sur une base à Palmyre et un stock de missiles à Hama auraient tué près d’une vingtaine de soldats iraniens.
Des analystes cités par la même source estiment dans ce contexte que l’Iran attend de connaître le sort que réserve le président des États-Unis Donald Trump à l’accord sur le nucléaire iranien avant toute éventuelle action. Le président américain doit annoncer sa décision ce mardi soir, où il est attendu que Trump ré-institue les sanctions à l’encontre de l’Iran.
Une guerre « peu probable »
En parallèle, le gouvernement israélien a fait passer une proposition de loi devant les députés visant à assouplir la déclaration de guerre par Israël. Le nouveau texte permet ainsi au Premier ministre en cas de « situation extrême » de solliciter l’aval de son ministre de la Défense uniquement, et non de l’ensemble gouvernement. « [Hassan] Nasrallah [le leader du Hezbollah, ndlr] et les Gardiens de la révolution n’ont pas besoin d’un conseiller juridique ou d’une Cour suprême… Nous devons nous aussi avoir l’option de réagir en temps réel », a expliqué Avigdor Liberman.
Malgré cela, le ministre de la Défense estime que le risque de guerre pour Israël est « peu probable », rapporte le journal Jerusalem Post. « Je ne pense pas qu’Israël puisse partir en guerre », a déclaré Liberman. « Toutes les unes, toute l’hystérie et toutes les tentatives de semer la panique n’ont pas leur place », a ajouté le ministre israélien.
« Tandis que chaque côté qualifie l’autre de Satan, l’Iran peut continuer à renforcer son influence dans le monde arabe et Israël peut continuer à occuper la Palestine sans entrave », a pour sa part estimé un article publié dans le journal israélien Haaretz.
« Il est difficile d’imaginer un scénario dans lequel une guerre totale éclate entre l’Iran et Israël. Il ne semble pas probable que les ayatollahs en Iran et leurs homologues en Israël soient inconscients des implications destructrices d’une guerre. Une telle guerre pourrait attirer d’autres pays de la région et nécessiter l’intervention des grandes puissances pour arrêter la destruction », rappelle la même source.
« Par conséquent, la bagarre entre l’Iran et Israël doit être considérée comme des jeux de guerre qui servent les objectifs des deux côtés. Israël et l’Iran ont besoin l’un de l’autre car chacun remplit les objectifs de l’autre », affirme l’article.
« L’Iran a besoin d’Israël pour étendre sa sphère d’influence à travers les pays arabes de la région, car tant qu’Israël maintient son occupation en Palestine, l’Iran peut continuer à nourrir les déclarations du monde arabe sur le petit Satan et l’entité sioniste qui doit être anéantie. Le grand diable iranien sert les intérêts de la droite d’Israël, en la laissant repousser le problème palestinien, le dépeignant comme moins pressant », explique l’article publié sur Haaretz.
« Ainsi, il y a un peu de grattage de dos mutuel dans ce jeu de guerre. Le problème est que parfois les jeux de guerre deviennent hors de contrôle », conclut l’article.