Israël est en butte mardi à une vague de condamnations et d’appels à une enquête indépendante après le bain de sang lundi dans la bande de Gaza, où près de 60 manifestants palestiniens sont morts sous les balles israéliennes.
Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont soutenu l’idée d’investigations lancée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dès fin mars, quand avait commencé la mobilisation gazaouie par une première journée sanglante.
Mais Israël a aussi vu le grand allié américain lui renouveler son ferme soutien au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’État hébreu, pour qui lundi avait été une journée de célébrations avec l’inauguration festive de l’ambassade américaine à Jérusalem et le 70e anniversaire de sa création, faisait face mardi aux retombées diplomatiques de la crise gazaouie.
Les relations déjà compliquées avec la Turquie se sont envenimées, Ankara renvoyant l’ambassadeur israélien et Israël ripostant de même avec le consul général turc à Jérusalem. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont accusés d’avoir les mains « couvertes de sang » palestinien pour le second, kurde pour le premier.
La Ligue arabe a appelé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête sur « les crimes de l’occupation israélienne ».
Dès lundi soir, la Turquie et l’Afrique du Sud avaient décidé le rappel de leur ambassadeur. Dans leur sillage, l’Irlande et la Belgique ont convoqué l’ambassadeur israélien.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et Amnesty International, deux des bêtes noires d’Israël, sont allés jusqu’à évoquer des « crimes de guerre ». Le Conseil des droits de l’Homme va tenir une réunion extraordinaire vendredi.
– « Leçon de morale » –
M. Netanyahu a de nouveau justifié l’usage de la force par la nécessité de défendre les frontières israéliennes, et a accusé le Hamas, qui dirige Gaza et auquel Israël a livré trois guerres, de « pousser les civils, les femmes, les enfants, dans la ligne de feu pour qu’il y ait des morts ».
L’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley, ardente avocate de l’Etat hébreu, a défendu Israël devant le Conseil de sécurité réuni en urgence. « Aucun pays dans cette salle n’aurait agi avec autant de retenue que ne l’a fait Israël », a-t-elle dit.
Deux Palestiniens ont été tués ce mardi par des tirs israéliens à l’est du camp de réfugiés d’Al-Bureij, a rapporté le ministère gazaoui de la Santé.
A travers toute la bande de Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont enterré leurs morts lundi soir et mardi.
Tandis qu’officiels israéliens et américains baignaient dans l’exaltation du transfert « historique » de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, 59 Palestiniens, dont plusieurs mineurs, ont été tués lundi par les forces israéliennes. Une fillette de huit mois a en outre succombé aux inhalations de gaz lacrymogènes.
Des centaines de personnes ont suivi mardi matin les funérailles de Yazan Tubas, 23 ans. « Je suis heureux que mon fils soit (un) martyr », a dit son père Ibrahim, 50 ans, sans parvenir à contrôler ses larmes. « Il fait partie de tous ceux qui sont morts pour le bien de la Palestine et de Jérusalem », a-t-il ajouté, assurant que son petit-fils Ibrahim prendrait la relève.
« Une génération se lèvera, puis une autre… ».