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Israël – Gaza : les Houthis, la grande inconnue qui complique l’équation

Les rebelles houthis du Yémen multiplient les attaques dans la mer Rouge et le golfe d’Aden contre les navires ayant un lien avec Israël, en soutien à Gaza qui subit les bombardements israéliens depuis le 7 octobre dernier.

Cette guerre dans la guerre constitue un développement qu’Israël et son allié américain n’ont pas vu venir. Les actions des houthis en mer Rouge perturbent une partie du commerce mondial et donnent un avant-goût de la généralisation tant redoutée du conflit au Moyen-Orient.

La menace est de plus en plus prise au sérieux et les États-Unis ont décidé de mettre en place une coalition internationale pour protéger les navires marchands dans la région.

L’annonce a été faite lundi 18 décembre par le secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin. La coalition sera constituée d’une dizaine de pays, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada, l’Italie, la Norvège, Bahreïn, la Hollande, l’Espagne et les Îles Seychelles.

Austin a fait l’annonce à partir de Bahreïn qui abrite la plus grande base militaire américaine dans la région. Les navires de guerre de ces pays effectueront des patrouilles conjointes dans le sud de la mer Rouge et le Golfe d’Aden afin de sécuriser le trafic maritime dans cette zone où, depuis le début de la guerre à Gaza, les Houthis ont ciblé plusieurs navires marchands israéliens ou ayant un lien avec Israël.

Dans la même journée, le groupe yéménite a annoncé avoir ciblé deux navires « liés à l’entité sioniste », dont un battant pavillon norvégien, et menacé de s’en prendre à tout navire qui se dirige vers un port israélien, quelle que soit sa nationalité. Ce qui constitue un élargissement des profils ciblés, donc probablement des attaques de plus en plus récurrentes.

La zone revêt une importance capitale pour l’économie mondiale, puisque entre 30 et 40% du commerce international y transite chaque année. Les analystes n’excluent pas de grandes perturbations et des coûts supplémentaires pour le fret maritime, donc des matières premières et des produits finis plus chers.

Israël impacté par les actions des Houthis en mer Rouge

De nombreux groupes mondiaux de transport maritime de marchandises, le danois Maersk, l’allemand Hapag-Lloyd, le français CMA CGM, l’italo-suisse MSC et le britannique BP ont annoncé la suspension de leurs activités dans la mer Rouge.

Ce qui signifie que leurs navires ne passeront plus par le Canal de Suez, jusqu’au rétablissement de la sécurité du trafic. L’unique voie alternative pour la liaison avec les marchés asiatiques reste la Cap de Bonne Espérance, à la pointe sud de l’Afrique, soit un voyage deux fois plus long et plus coûteux.

Des cabinets mondiaux spécialisés ont d’ores et déjà fait état d’une nette hausse des tarifs appliqués par les armateurs et les assureurs.

Selon la plateforme de fret mondial Freightos, les tarifs à partir des ports chinois à destination d’Israël ont augmenté de 1975 à 2300 dollars par container en dix jours seulement, soit de fin novembre au 12 décembre.

Depuis le début de la guerre, ces tarifs ont connu une hausse entre 46 et 58%. C’est tout le commerce mondial qui risque de connaître de graves perturbations, mais le pays le plus touché reste Israël que certaines compagnies de fret maritime refusent déjà de desservir.

C’est le cas par exemple du Taïwanais  Evergreen Line et du Hong-kongais OOCL. D’autres opérateurs, comme le danois A.P. Moller-Maersk, ont annoncé l’augmentation de leur tarification pour les cargaisons à destination d’Israël.

Le journal Libération explique que le port d’Ashdod, situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Tel-Aviv, est « désert » alors que ses « entrepôts sont pleins à craquer ».

Ce port, principale porte d’entrée à Israël pour les marchandises provenant de l’étranger, se retrouve durement touché par les attaques des Houthis contre les navires en mer Rouge.

C’est carrément un autre front que les Houthis ont imposé à Israël et aux États-Unis. Le groupe rebelle yéménite, soutenu par l’Iran, tient en échec l’armée saoudienne depuis 2014 et a montré depuis le début de la guerre à Gaza des capacités insoupçonnées en lançant des attaques de drones et de missiles jusque sur le territoire israélien, à 1600 kilomètres.

Fin octobre, l’armée israélienne a annoncé avoir intercepté dans la haute atmosphère un missile balistique tiré à partir du Yémen. Les Houthis font partie de ce qui est appelé le « front de la résistance » à Israël avec le Hamas palestinien, le Hezbollah au Liban et des groupes rebelles en Syrie.

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