Quand l’audace rencontre la chance, cela donne lieu à des rendez-vous insoupçonnés. C’est ce qui s’est passé, ce mercredi 7 novembre, dans les Ardennes, l’un des dix départements les plus pauvres de France, où l’homme d’affaires Issad Rebrab a rencontré le président Emmanuel Macron.
Inspiré par un de ses cadres les plus proches, Kamel Benkoussa, natif de ce coin qui a accueilli une forte émigration algérienne, le patron de Cevital avait décidé d’inaugurer aujourd’hui même un projet industriel à Charleville-Mézières. Par chance, ça correspond à un moment où le chef de l’État français se pose dans cette ville dans le cadre de son “itinérance mémorielle” pour commémorer le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale.
| VIDÉO : Rebrab accueille Macron sur le site du nouveau projet de Cevital en France
La région qui a souffert du conflit est maintenant traversée par une crise sociale majeure née de la désindustrialisation. La venue de la fortune algérienne la plus célèbre d’Algérie est un baume sur cette plaie. Issad Rebrab va investir 250 millions d’euros dans ce site de 15 ha qui va abriter à terme cinq usines, avec à la clé la création à terme de plus de 1.000 emplois directs.
“C’est un beau projet qui a vocation à créer à court terme des dizaines d’emplois”, a commenté l’Elysée, en précisant que l’État travaillait “depuis plusieurs mois avec Cevital afin de concrétiser un investissement dans le bassin d’emplois de Charleville-Mézières”. La visite du président dans cette usine a été ajoutée à la dernière minute à son agenda, a expliqué l’Elysée, afin de “marquer l’intérêt pour de tels projets” menés “de la part de groupes étrangers, incluant des technologies liées à la transition écologique et créatrices d’emplois”. L’Elysée y voit aussi un investissement “emblématique de la proximité économique entre la France et l’Algerie”, pays dont Cevital est le premier groupe privé.
Concrètement, il y aura dans un premier temps une usine de fabrication de membranes et de stations de production d’eau ultra pure, de dessalement d’eau de mer et de traitement des eaux industrielles en utilisant la EvCon, une technologie allemande acquise par Cevital.
Ce projet va donner au patron de Cevital “une nouvelle dimension” parce qu’il va partir à la conquête du marché mondial, a commenté un de ses collaborateurs. L’industrie pharmaceutique et l’industrie agro-alimentaire auront besoin d’utiliser l’eau ultra pure et sont appelées à rénover l’ensemble de leurs équipements. Sans compter le dessalement d’eau de mer et le traitement des eaux industrielles, notamment dans le secteur de la pétrochimie.
“Chaque baril de pétrole extrait entraîne avec lui quatre à cinq barils d’eau réinjectée le plus souvent dans le sous-sol”, a commenté M. Rebrab. Rien qu’aux États-Unis, le traitement de ces eaux représente un marché de 32 milliards de dollars, selon lui.
L’homme d’affaires aurait voulu tout produire en Algérie et exporter depuis ce pays. Mais cela s’est révélé irréalisable “avec toutes les difficultés” rencontrées actuellement sur son chemin.