Incapable de se trouver lundi un président de fédération, l’Italie du football a apporté la pire des réponses possibles à la désastreuse élimination de la Nazionale en barrage d’accession au Mondial : sans dirigeants et sans idées, le calcio sombre chaque jour un peu plus.
“Au bout du compte, nous avons réussi à faire pire que la Nazionale éliminée du Mondial. Ca paraissait difficile, pourtant”, a résumé, un peu navré et un peu pince-sans-rire le Ballon d’Or 1969 Gianni Rivera.
Ce qui s’est passé lundi lors de l’assemblée générale de la fédération (FIGC) est en effet une réplique brutale du séisme du 13 novembre quand, éliminée par la Suède, l’Italie a réalisé que pour la première fois depuis 1958 une Coupe du monde se jouerait sans elle.
Des trois candidats à la succession de Carlo Tavecchio au poste de président de la FIGC, seul l’ancien joueur international Damiano Tommasi (41 ans) était en mesure d’incarner le renouveau que tous les observateurs jugeaient indispensable.
Mais il pesait moins lourd en termes de voix que le président de la Ligue Amateurs Cosimo Sibilia et celui de la Lega Pro (3e division) Gabriele Gravina. La campagne électorale a donc exclusivement tourné aux jeux d’alliances. Tommasi les a toutes refusées et quatre tours de scrutin n’ont pas permis de trouver un président.
Mardi, les médias sportifs italiens commentaient désolés cette “farce”, selon le mot du Corriere dello Sport. Tuttosport parlait de son côté de “but contre son camp de la FIGC”, alors que la Gazzetta dello Sport élargissait le problème et regrettait une “défaite du football”.
“C’est une page noire, l’échec du football italien”, a de son côté estimé Giuseppe Marotta, l’administrateur délégué de la Juventus Turin.
Double tutelle
Cet échec, la fédération va le payer d’une mise sous tutelle par le Comité olympique italien (Coni), qui tiendra jeudi à 15h00 une réunion extraordinaire.
Le tuteur, ou commissaire selon la formulation italienne, pourrait être le président du Coni lui-même, Giovanni Malago, même si la proximité des JO de Pyeongchang complique cette perspective.
Quoi qu’il en soit, la mise sous tutelle -une première depuis 2006 et le scandale du Calciopoli – pourrait être longue, de six à 18 mois selon les médias italiens.
La plupart des dossiers urgents vont donc être transmis à cette autorité provisoire. Et ils sont nombreux. Car la Lega Serie A, la Ligue de première division, ne parvient pas non plus à se trouver une gouvernance. Depuis le mois d’avril, elle était elle-même sous tutelle… du président démissionnaire de la FIGC Carlo Tavecchio.
La mission de celui-ci est arrivée à terme et le commissaire en charge de la FIGC devrait donc nommer un nouveau commissaire de la Ligue, qui cherche actuellement à vendre les droits TV de la Serie A.
Après deux appels d’offres infructueux, des discussions ont été ouvertes avec l’intermédiaire espagnol Mediapro, qui a offert presqu’un milliard d’euros, un montant qui permettrait au football italien de clubs de limiter les dégâts.
Mais si les clubs ne se portent pas si mal, comme le montrent les deux finales de Ligue des champions disputées en trois ans par la Juventus et la troisième place chipée à l’Allemagne à l’indice UEFA, le chantier le plus vaste reste bien sûr la sélection.
Gian Piero Ventura n’a toujours pas de successeur et ceux qui vont prendre en mains le destin de la FIGC savent que leur première réussite serait de convaincre un grand nom (Ancelotti ? Conte ? Allegri ? Mancini ?) de venir donner un coup de mains à un football italien qui en a bien besoin.