Six fois ils ont essayé, six fois ils ont été déçus et six fois la Juventus a été sacrée. Samedi, les rivaux des Turinois partent une fois encore à l’assaut de la forteresse bianconera et certains, Naples en tête, peuvent vraiment rêver d’empêcher Buffon et les siens d’empocher un septième titre d’affilée.
Une équipe qui vient d’ajouter six « scudetti » à sa fabuleuse collection (33 en tout) et qui a disputé deux des trois dernières finales de Ligue des champions aurait donc des failles ?
Une équipe renforcée en attaque par le grand espoir italien Bernardeschi et par le dynamiteur brésilien Douglas Costa, et bientôt peut-être au milieu par Matuidi, serait donc subitement devenue prenable ? Peut-être bien.
Car les premières fissures aux murs de la place forte sont apparues au soir de la finale de Ligue des champions perdue début juin face au Real Madrid à Cardiff.
Très vite, les rumeurs d’altercations entre joueurs à la pause ont agité les médias sportifs italiens. Elles ont été démenties par les intéressés mais le malaise ne fait pourtant guère de doute.
Parti au Paris SG après un an seulement dans le Piémont, Dani Alves a ainsi évoqué une Juve qui « ne comprenait pas » son jeu et où il n’était « pas heureux ». La perte du Brésilien pèsera lourd, mais elle devrait être une simple péripétie en regard de celle de Bonucci.
Naples y croit
Ces dernières saisons, les Turinois se sont remis sans difficulté des départs de Pirlo, Tevez, Vidal ou Pogba, mais Bonucci était un socle, le plus talentueux des défenseurs de la Juve et l’un des quatre ou cinq meilleurs du monde.
Son transfert précipité à l’AC Milan a confirmé que la cohabitation était devenue impossible avec l’entraîneur Massimiliano Allegri, ce que le joueur n’a même pas cherché à cacher.
« Allegri et la Juve ont fait des choix très précis dans certaines situations et j’ai fait les miens en fonction de leurs décisions », a-t-il ainsi déclaré, en référence à sa suspension par le club après une prise-de-bec avec son coach.
Après ces soubresauts hors terrain, la Juve pensait bien envoyer un message lors de la finale de la Supercoupe d’Italie dimanche dernier. Mais elle a été battue 3-2 par la Lazio Rome, dont la supériorité tactique a été claire et qui a exposé de nombreuses faiblesses turinoises.
Du coup, à Naples, Rome ou Milan, on se prend à rêver. « Nous n’avons jamais été aussi près du niveau de la Juventus », a ainsi assuré le milieu de terrain napolitain Jorginho.
De fait, l’équipe de Maurizio Sarri semble la mieux armée pour profiter d’un éventuel faux-pas turinois. Parfaitement rôdé après deux ans de travail avec le « maestro » à la cigarette, le Napoli n’a pas bougé au mercato et récite son jeu offensif les yeux fermés.
Quatre en C1
L’incertitude est plus grande du côté de la Roma, qui doit apprendre à vivre sans Totti, parti à la retraite en mai après 25 saisons au club. Le nouveau directeur sportif romain Monchi a été actif et a notamment attiré les Français Gonalons et Defrel, mais les départs de Rüdiger (Chelsea) et Salah (Liverpool) seront difficiles à compenser.
La Roma a aussi perdu son entraîneur Luciano Spalletti, parti à Milan tenter de remettre un peu d’ordre dans l’immense chantier de l’Inter. Le technicien italien aura beaucoup de travail avec une équipe qui a fini 7e la saison dernière.
Mais pour l’Inter comme pour les autres outsiders (Lazio, Atalanta), la saison qui s’ouvre est surtout la première à offrir quatre places directement qualificatives pour la Ligue des champions.
C’est le pari qu’ont fait l’AC Milan et ses nouveaux propriétaires chinois, avec un mercato frénétique (Bonucci, Kessié, Conti, Andre Silva…) qui a fait du club rossonero la principale curiosité de la saison.
Le Milan, dernier club à avoir été sacré avant l’ouverture de l’ère « Juve », est sans doute prêt à attendre un peu pour renverser les Turinois. Pour la C1 en revanche, c’est maintenant que ça se passe.