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Italie : Ventura, Verratti, vide : V comme vertige

L’Italie fait semblant de ne pas y croire depuis des semaines mais elle a été rattrapée vendredi en Suède par l’évidence cruelle de sa médiocrité actuelle: avec un sélectionneur perdu et des joueurs fragiles, la Nazionale est au bord du gouffre et pourrait manquer le Mondial pour la première fois depuis 1958.

La peur du vide

Un Mondial sans l’Italie ? C’est un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. L’Italie n’a en effet manqué que deux Coupes du Monde: la première, celle de 1930, quand elle n’avait pas souhaité répondre à l’invitation, et celle de 1958 en… Suède, quand l’Irlande du Nord lui avait barré la route en qualifications.

C’est peut-être cette perspective d’un été 2018 sans les matches à la télévision dans les bars et les salons de toute la Péninsule qui paralyse les joueurs de la Nazionale, encore apparus très loin de leur meilleur niveau vendredi à Solna et battus 1-0 par des Suédois à peine moyens.

Les 11 millions d’Italiens qui ont regardé le match sur la RAI ont vu deux équipes faibles, mais qui le vivent différemment. L’Italie semble tétanisée de se voir aussi mauvaise, alors que la Suède, qui n’a plus Ibrahimovic pour camoufler son manque absolu de génie, est restée concentrée sur ses rares qualités.

Et le spectacle n’a rassuré personne, comme le confirme le sondage réalisé dans la matinée par la Gazzetta dello Sport: plus de 75% des personnes interrogées par le quotidien aux pages roses ne pensent pas que l’Italie ira en Russie. Vertigineux.

Ventura désarmé

La lourde défaite de septembre en Espagne (3-0) a laissé des traces plus que profondes. Depuis, la Nazionale a battu Israël et la Bulgarie 1-0, a fait match nul face à la Macédoine (1-1) et a donc perdu contre la Suède.

A aucun moment de ces quatre matches, elle n’a paru pleinement dominatrice ou maîtresse de son destin et la responsabilité du sélectionneur Gian Piero Ventura est forcément immense.

Surnommé “Mister Libido” en Italie, Ventura ne transmet plus rien de positif depuis des semaines et sa réaction d’après-match vendredi, quand il a commencé par évoquer la malchance et l’arbitrage comme motifs de la déroute, a été mal perçue.

L’Italie a trop peur de son avenir immédiat pour faire le procès de Ventura mais quoi qu’il arrive lundi lors du retour à San Siro, son bilan sera difficilement défendable.

Après le bel Euro réussi par la sélection d’Antonio Conte (quart de finale), il devait garder le même élan tout en rajeunissant le groupe. La première partie de la mission a échoué et la deuxième a été provisoirement suspendue, l’Italie de Solna étant celle des trentenaires (Buffon, Barzagli, Chiellini, De Rossi, Parolo, Bonucci…).

Surtout, il a été incapable de mettre dans les meilleures conditions les deux plus grands talents actuels de l’Italie, Marco Verratti et Lorenzo Insigne, tous les deux habitués du 4-3-3, auquel le sélectionneur se refuse absolument.

Verratti volatilisé

Il n’y a pas grand monde à sauver du naufrage de Solna, tout au plus Buffon, Darmian et Barzagli, et il est donc injuste d’accabler Verratti.

Mais sa saison internationale a été un chemin de croix, entre blessures, inadaptation au schéma tactique de son entraîneur, incapacité à hausser son niveau de jeu et collection de cartons jaunes.

Le dernier est tombé dès la 28e minute vendredi, pour un tacle inutile et mal exécuté, et il privera le milieu de terrain parisien du match retour.

Samedi, les critiques étaient sévères: “Jamais convaincant” selon le Corriere dello Sport et incapable “d’allumer la lumière” selon la Gazzetta dello Sport, qui s’interroge: “Est-ce que Verratti va un jour devenir bon ?”.

A un quart d’heure de la fin, le milieu relayeur du PSG est sorti tête basse, remplacé poste pour poste par Insigne, ailier gauche à Naples, qui a eu l’air de se demander ce qu’il faisait là.

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