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Jardins publics : ils ont été réhabilités, oui mais…

Jardins publics : ils ont été réhabilités, oui mais…

Un vaste programme de réhabilitation et d’embellissement des jardins publics d’Alger a été lancé. Des jardins ont été fermés  pendant de longs mois pour subir un relookage extrême. Si certains ont été rendus aux citoyens avec un visage plus avenant, d’autres jardins de la capitale subissent déjà des dégradations lorsqu’ils ne sont pas carrément désertés à cause de leur réputation de ‘no man’s land’.

Il était une fois, le Balcon Saint-Raphaël

Fleuron des jardins publics de la capitale jadis, le Balcon Saint-Raphaël d’El Biar n’accueille plus que des âmes oisives et des délinquants. Accroché à une falaise, ce belvédère est connu pour la vue panoramique qu’il offre sur toute la baie d’Alger. Loin du tumulte de la ville, le Balcon Saint-Raphaël est un écrin qui tombe en décrépitude. Des rallyes de motos y sont organisés ainsi que d’interminables beuveries qui empêchent les visiteurs de s’y hasarder. Une volée d’escalier mène à un petit bois débouchant sur le Boulevard Bougara. Il est squatté par des soûlards et des drogués.

Le Balcon St-Raphaël (© TSA)


Contrairement aux autres jardins de la capitale, le Balcon Saint-Raphaël, n’a pas eu droit à un lifting. Il subit les outrages du temps en regrettant les années où touristes et promeneurs affluaient de partout, pour y prendre un bol d’air et photographier Alger de haut.

Le Balcon St-Raphaël (© TSA)


Le Jardin Tifariti (El Biar) a bénéficié de gros travaux récemment. Il a fait peau neuve mais très vite, quelques couacs sont apparus. Lors de notre passage, nous avons noté la détérioration de balançoires et surtout le manque d’hygiène criant au niveau des sanitaires. Pire, le robinet des toilettes femmes est cassé. L’eau coule sans discontinuité, sans que personne ne s’inquiète d’entreprendre les réparations nécessaires afin de mettre un terme au gaspillage de ce précieux liquide.

Canards empoisonnés ?

C’est connu. Les jardins publics sont recherchés pour leur calme. N’espérez pas pouvoir vous adonner à la méditation en vous installant sur l’un des bancs du Jardin de l’Horloge Florale (Avenue Pasteur). Des parties de football y sont disputées vers la partie haute du jardin, sous l’imposant monument réalisé par M’hamed Issiakhem. Cet espace est également devenu un centre cynophile sauvage. Des adolescents s’y adonnent au dressage de chiens bergers. Entre concert d’aboiements et shoots de ballon, adieu lecture et contemplation.

Fermé pendant longtemps pour des travaux de réhabilitation, le parc de la Liberté (ex-De Galland), situé entre le Boulevard Krim Belkacem et la rue Didouche Mourad, a été enfin rouvert au public en mars dernier. Il retrouve ses lettres de noblesse et tente de se débarrasser de l’étiquette de coupe-gorge qui lui a longtemps collé à la peau. Des agents de sécurité y effectuent des rondes de haut en bas, et de bas en haut, au grand bonheur des familles qui ont réinvesti tous les espaces.

Toutefois, quelques couacs persistent. Des ordures gisent juste à côté de l’aire de jeu des enfants.

Le Parc de la Liberté (© TSA)


Par ailleurs, lors de notre passage à midi sonnante, nous avons assisté à une drôle de scène. L’agent en charge de nourrir les volatiles est arrivé avec un sachet noir rempli de tomates pourries et avariées. Ce repas putride a servi de déjeuner aux pauvres canards, sous nos yeux effarés. N’y a-t-il pas risque d’intoxication alimentaire pour ces malheureux volatiles en cage ?

Les canards du Parc de la Liberté (© TSA)


Mystère et boule de gomme

Un ancien dépotoir transformé en espace vert ! Les habitants du Telemly ont applaudi des deux mains en apprenant la nouvelle, il y a quatre ans de cela. Oued Valentin, en contrebas du Lycée Saint-Elisabeth, dans le virage du Boulevard Krim Belkacem promettait, selon les élus de la commune d’Alger-centre, d’arborer un nouveau visage : aires de jeux, bosquets fleuris, circuits de de promenade. Les travaux ont commencé il y a belle lurette mais ils avancent au rythme d’une tortue.

Oued Valentin est toujours en  chantier depuis des années. Les douze travaux d’Hercule verront-ils enfin le jour ? Mystère et boule de gomme !

Voiture tonitruante dans les jardins

Dans ce même quartier du Telemly, le Parc Beyrouth (Ex-Mont-Riant) exhibe des espaces fleuris et des bosquets bien entretenus. La partie haute est dotée d’une aire de jeux réservée aux enfants. Une garderie et une école primaire sont implantées dans ce jardin. Hélas, il n’est pas rare de voir des automobilistes remonter ou descendre les allées de ce jardin paisible troublant la quiétude des lieux et polluant l’air avec leurs gaz d’échappement.  

Sur l’un des versants de ce parc, il existe une falaise. Les riverains nous ont appris que des garnements s’y postent pour s’adonner à leur jeu préféré : balancer de gros blocs de pierre sur les voitures stationnées en contrebas. De nombreux véhicules ont ainsi vu leur pare-brise voler en éclat et des passants ont échappé de justesse à de graves blessures. Les murs d’enceinte de ce parc devraient être surélevés afin d’éviter qu’un malheur ne se produise, sachant que cette ruelle est très fréquentée par de nombreux écoliers et collégiens, durant l’année scolaire.

À quelques mètres de là, un petit square de quartier à côté du marché Si Bachir. Il a été doté de balançoires et de toboggans mais n’a pas échappé aux actes de vandalisme et au manque de civisme. Les balançoires qui faisait le bonheur des bambins ne sont plus qu’un lointain souvenir0 « Les lycéens de l’établissement d’à côté passaient leur temps à se balancer dessus quand ils n’avaient pas cours. Résultat, elles ont craqué sous leur poids », nous apprend un habitué de ce square, l’air désabusé.

Des sommes faramineuses ont été englouties dans les travaux de réhabilitation des jardins publics de la capitale. D’autres attendent d’être rénovés à leur tour. Mais sans entretien, éducation et sensibilisation, ces poumons verts de nos villes sont condamnés à tomber en décrépitude, encore et toujours. À bon entendeur…   

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