Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea) explique dans cet entretien à TSA les attentes des entreprises algériennes de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie.
TSA. Le président français Emmanuel Macron est attendu ce jeudi 25 août en Algérie pour une visite de trois jours. En tant que patronat algérien, qu’attendez-vous de cette visite au plan économique ?
Kamel Moula : au regard du contexte international, l’Algérie et la France ont de plus en plus les mêmes défis à relever dans les domaines de la sécurité alimentaire, du développement industriel et des perspectives d’avenir à offrir à leurs citoyens et particulièrement aux jeunes.
Et au regard de ce qui les rassemble, les entreprises algériennes et françaises ont tout intérêt à travailler ensemble sur la base d’un partenariat gagnant/gagnant.
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J’attends de cette visite un changement dans le mode de coopération entre les deux pays pour aller vers un consensus sur la coproduction associée à la conquête commune de nouveaux marchés.
TSA. L’Algérie est courtisée pour son gaz par les pays européens dont la France et l’Italie. Comment les entreprises algériennes peuvent-elles tirer profit de cette position pour nouer des partenariats avec les entreprises européennes et exporter leurs produits vers ces pays ?
Kamel Moula : les entreprises algériennes ont une vision plus élégante du commerce international. Elles ne spéculent pas sur les difficultés d’un pays ou d’un autre à s’approvisionner en gaz pour nouer des partenariats ou placer leurs produits.
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Nous avons d’autres atouts que le gaz pour mettre en place des axes de coopération avec les entreprises des pays amis qui le souhaitent.
Nous sommes très compétitifs en matière de coût de l’énergie, notre marché local est important et nous avons une production nationale de qualité qui répond aux normes internationales puisque nous exportons déjà.
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Enfin, nous avons déjà des relations de qualité et de longue date avec les entreprises françaises comme italiennes ou d’autres pays européens. Ce sont des relations basées sur la confiance et le sérieux de part et d’autre dans les affaires.
TSA. Les investisseurs français ne se bousculent pas en Algérie. Les partenariats entre les entreprises des deux pays se raréfient. Pourquoi ?
Kamel Moula : en effet, pour plusieurs raisons les investisseurs français ont plus de difficulté que d’autres à venir en Algérie. Entre autres, pour certains, les clichés inhibent leur sens des affaires, d’autres méconnaissent réellement le potentiel algérien ou ne se donnent pas les moyens de chercher et trouver le bon partenaire.
Pour tous les investisseurs étrangers, nous devons mieux communiquer sur la réalité économique algérienne, sur les réformes engagées, sur le nouveau code des investissements stable dans la durée et qui apporte des garanties sérieuses aux investisseurs nationaux et étrangers.
En règle générale, les entreprises investissent dans un pays où le marché est en pleine expansion. Certains investisseurs étrangers ont bien analysé l’énorme potentiel du marché algérien et sont beaucoup moins timides.
TSA. Les entreprises algériennes peinent à pénétrer le marché français où il y a pourtant une demande de la diaspora algérienne sur les produits algériens. Les obstacles sont-ils règlementaires ou c’est la qualité de nos produits qui n’est pas bonne ?
Kamel Moula : en effet, notre diaspora est très friande des produits algériens que l’on retrouve en très petite quantité et de manière discrétionnaire dans les commerces de quartier en France.
“Les produits algériens exportés sont de très bonne qualité”
Et, j’affirme que les produits algériens exportés sont de très bonne qualité et répondent aux normes européennes exigées. Là aussi, nous avons à mieux communiquer auprès des potentiels clients, particulièrement la grande distribution mais nous devons également revisiter notre propre réglementation pour renforcer l’exportation hors hydrocarbures.
TSA. Si vous avez des reproches à faire aux entreprises françaises, qu’allez-vous leur dire ?
Kamel Moula : par nature, je ne fais jamais de reproches à personne et par principe encore moins à des chefs d’entreprise quelle que soit leur nationalité.
Ce que je peux leur dire c’est que nos sociétés sont à majorité des entreprises familiales qui en quelques années se sont mis au diapason des plus belles entreprises étrangères.
Formation continue des personnels, recherche et développement, normalisation et certification, digitalisation, utilisation des dernières technologies dans les chaînes de production, marketing, communication et j’en passe.
Ce n’est pas un rêve, ni un fantasme, c’est une réalité économique, une réalité algérienne. Nous devenons de plus en plus compétitifs et performants.
Avons-nous évolué autant facilement ? La réponse est non.
Nos chefs d’entreprise sont des bâtisseurs et des battants. Ils veulent participer à la construction économique de l’Algérie. Et si elles le souhaitent, les entreprises françaises peuvent œuvrer à leur propre développement en investissant en Algérie et en coproduisant avec les entreprises algériennes.
TSA. L’Algérie a renforcé ses relations avec l’Italie et la Turquie. Elle veut le faire avec la France. Quel impact sur les entreprises algériennes ?
Kamel Moula : les entreprises algériennes accueillent favorablement tout rapprochement avec les pays amis qui souhaitent nous accompagner dans la diversification industrielle du pays.
Toutes les nations ont des défis économiques à relever mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’une ou de l’autre.
La coopération entre les deux pays doit permettre un développement économique partagé.
TSA. Qu’allez-vous proposer aux entreprises françaises ?
Kamel Moula : la même chose que nous avons proposée aux autres entreprises étrangères : investissement et coproduction.