Alors que dans les autres championnats européens de football le problème ne se pose pas, en France, la question de la rupture du jeûne pendant le ramadan passionne les débats, comme tout sujet qui a trait à l’Islam et aux musulmans.
En Angleterre et en Allemagne, les images de joueurs rompant le jeûne en plein match sur la main courante deviennent de plus en plus habituelles.
Les fédérations respectives des deux pays ont encouragé les arbitres à suspendre la partie pendant quelques minutes afin de permettre aux joueurs de confession musulmane de rompre le jeûne, généralement avec une datte et quelques gorgées d’eau.
La Fédération française de football a, elle, interdit la pratique en demandant à tous ses démembrements de sanctionner les interruptions de matchs pour un tel motif. La FFF a mis en avant ses « statuts » et les « valeurs fondamentales de la République », c’est-à-dire la laïcité.
Rompre le jeûne est considéré comme une façon d’exhiber ostentatoirement son appartenance religieuse. Ce qui rappelle toutes les passions déclenchées par la question du port du voile, des passions par lesquelles la France s’est distinguée par rapport au reste de l’Europe.
L’argument du souci d’éviter les gestes ostentatoires et incompatibles avec la laïcité ne tient pas toujours. Chez les jeunes catégories de l’équipe de France, des pressions auraient été exercées sur les joueurs sélectionnés pour ne pas jeûner.
Au FC Nantes, le défenseur Jaouen Hadjam, qui vient tout juste d’opter pour la sélection algérienne, a été écarté par son entraîneur Antoine Kombouaré pour le reste du Ramadan parce qu’il a tenu à jouer tout en jeûnant.
Jeûne des footballeurs en France : « On n’a pas demandé à faire un couscous sur la pelouse »
Comme à chaque fois que ce genre de sujet est soulevé, la France est profondément divisée. Si les mêmes voix soutiennent la fédération dans sa décision, d’autres la fustigent et la trouvent infondée.
Les supporters du Paris Saint-Germain ont livré un message clair sur une banderole accrochée dans les gradins du Parc des Princes : « Une datte, un verre d’eau, le cauchemar de la FFF. »
« On n’a pas demandé à la fédération de faire un tajine ou un couscous sur la pelouse, c’est juste de couper avec de l’eau et une datte », a souligné de son côté sur RMC le chef d’entreprise Mehdi Ghezzar qui a l’habitude d’intervenir sur les plateaux des télévisions françaises.
« La fédération s’est immiscée dans quelque chose qui doit rester dans le cercle de l’intime », a critiqué Ghezzar pour qui ce n’est pas là le premier « dérapage » ou « allusion raciste » de la fédération française, rappelant l’idée d’instituer des quotas dans les centres de formation envisagée un moment avant d’être abandonnée pour le tollé qu’elle avait suscité.
Pour ceux qui estiment qu’un joueur de haut niveau ne doit pas jeûner pour être performant, la réponse est venue de Karim Benzema, un joueur qui pratique rigoureusement le jeûne du ramadan.
Dimanche dernier, en match de Liga espagnole face à Valladolid, l’attaquant du Real Madrid a marqué un triplé en sept minutes et en plein après-midi. Le Ballon d’or 2022 a l’habitude de répondre sur le terrain à chaque fois qu’une polémique le vise en personne ou la communauté maghrébine ou musulmane en France.
Benzema a donné un argument supplémentaire aux internautes qui fustigent la décision de la fédération française sur les réseaux sociaux. Il a donné la preuve qu’on peut jeûner, disputer une compétition de haut niveau et se distinguer par une performance de premier ordre.
Ceux qui pensent qu’il y a des arrière-pensées racistes derrière tout cela n’ont pas tout à fait tort. Que ce soit sur les plateaux ou les réseaux sociaux, il est rappelé que lorsque les matchs joués sous la canicule étaient interrompus pour permettre aux joueurs de se désaltérer, personne n’avait trouvé à redire.
SUR LE MEME SUJET :
Polémique sur le jeûne des joueurs en France : l’Algérie bénéficiaire ?
France, Canada, Angleterre : comment le Ramadan est accueilli