Il n’y avait sans doute pas meilleure façon de clouer le bec à ceux qui l’ont traînée dans la boue que d’aller jusqu’au bout et décrocher cette médaille d’or que toute l’Algérie attendait. Imane Khelif l’a fait, en trois actes.

Vendredi 9 août 2024, elle est montée sur la plus haute marche du podium olympique à Paris en battant en finale de la catégorie des -66 Kg la Chinoise Yang Liu.

La salle de Roland-Garros à Paris était pleine à craquer, envahie par les Franco-Algériens venus soutenir leur compatriote.

En Algérie, des fan-zones et écrans géants ont été improvisés dans les villes et villages, comme à Alger ou Tiaret d’où est originaire la championne olympique.

La médaille d’or d’Imane Khelif, premier acte de cette revanche, n’a pas plus de valeur que celles de Kaylia Nemour, Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Taoufik Makhloufi, Hocine Soltani et Nouria Benida Merah, ou encore celle que pourrait arracher, ce samedi soir, Djamel Sedjati en finale du 800 mètres, mais elle a une saveur particulière.

Une médaille avec une saveur particulière

Elle a été acquise face à l’adversité, non seulement des concurrentes de la boxeuse algérienne, mais aussi d’institutions, de médias et de politiques de plusieurs pays. C’est le deuxième acte de cette belle revanche d’Imane Khelif.

La fille issue d’une famille modeste d’un petit village de Tiaret a été traînée dans la boue et touchée dans son honneur par cette campagne de remise en cause de son genre, menée par l’association mondiale de boxe amateure (IBA) et des personnalités politiques de haut rang comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni, l’ancien président américain Donald Trump ou encore le propriétaire de la plateforme X, Elon Musk.

C’est pour tout cela que tous les Algériens se sont mobilisés comme rarement pour défendre leur compatriote.

Imane ne les a pas déçus et leur a offert cette médaille d’or, la deuxième de ces JO 2024 après celle de Kaylia Nemour en gymnastique, et la septième de l’histoire du pays.

Outre son talent de boxeuse et sa force de caractère qui lui a permis de ne pas craquer et d’aller jusqu’au bout, Imane Khelif a montré après sa victoire qu’elle est pétrie d’autres qualités.

Imane Khelif, la classe en plus

Alors que le monde s’attendait à ce qu’elle s’acharne en conférence de presse contre ses détracteurs, l’Algérienne s’est mise avec beaucoup de classe au-dessus de la polémique. C’est le troisième et dernier acte de cette belle victoire.

Elle a eu une réaction très sage, exprimant juste son souhait que ce genre de choses ne se reproduise pas aux prochaines olympiades. Imane Khelif ne s’est attaquée à aucune des parties qui ne l’ont pourtant pas épargnée et qui sont allées très loin dans l’invective à son égard.

Aux accusations alimentées par l’attitude de l’IBA, Imane a répondu de la meilleure des façons. Son parcours au cours de ces JO de Paris est une preuve supplémentaire que ce qui a été dit à son propos relève de la calomnie. Sur le ring, face à ses adversaires, elle a eu un comportement digne d’une grande championne, les saluant après chaque combat.

Elle a fait trois combats et aucun n’a été un combat « d’homme ». En huitièmes de finale, l’Italienne Angela Carini n’a pas été malmenée.

Elle a abandonné au bout de 46 secondes, a versé des larmes sur le ring et a refusé de saluer l’Algérienne dans le but d’alimenter les soupçons et la polémique.

En demi et en finale face à la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng et la Chinoise Yang Liu, Imane Khelif a gagné, mais pas avec une grande facilité.

Ses adversaires ont rendu coup pour coup et aucune n’a été massacrée. À Tokyo, en 2021, elle n’était pas allée au-delà des quarts de finale en tombant sur une pugiliste plus forte qu’elle.

Tout cela, beaucoup à travers le monde l’ont compris. À commencer par le Comité international olympique (CIO) qui a été, en dehors de l’Algérie, son premier soutien face à la campagne de dénigrement.

Après sa victoire finale vendredi, de nombreuses voix à travers la planète se sont élevées pour féliciter l’athlète algérienne et tordre définitivement le cou aux accusations fallacieuses qui l’ont ciblé.

« C’est la meilleure réponse au flot de méchancetés que vous avez subi », a résumé sur X l’ancienne candidate à la présidence de la République française, Ségolène Royal, en s’adressant à la boxeuse algérienne.

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