Il y a trois semaines, l’Algérie sortait bredouille des Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août). Forte de 44 athlètes, la délégation algérienne n’a pas ramené la moindre médaille, une première depuis les jeux d’Athènes en 2004.
Ce zéro pointé a indigné l’opinion publique nationale, qui a crié au bricolage et à la dilapidation de l’argent public, n’épargnant personne : fédérations athlètes, encadrement, comité olympique et pouvoirs publics.
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Comme c’est de tradition, les JO sont suivis des jeux paralympiques, réservés aux personnes aux besoins spécifiques. Une compétition dans laquelle les Algériens ont l’habitude de briller et ils n’ont pas déçu encore une fois dans ces jeux de Tokyo.
Alors que la compétition n’est pas encore terminée (elle prendra fin le 5 septembre), ils en sont déjà à cinq médailles dont une en or, arrachée par Cherine Abdelaoui en judo (-52 Kg). L’athlète a été félicitée par le président de la République.
« Merci Cherine Abdelaoui pour avoir décroché la première médaille d’or pour l’Algérie à Tokyo. Je te présente mes chaleureuses félicitations en mon nom et au nom du peuple algérien, souhaitant que tu sois un exemple pour tes camarades”, a écrit Abdelmadjid Tebboune sur son compte Twitter.
Un hommage amplement mérité du fait que la sportive est la seule toutes catégories confondues qui a gagné un titre pour le sport algérien en cette année de disette. En plus de cette médaille d’or, l’Algérie en a arraché une autre en argent et trois de bronze.
Une belle moisson qui peut prendre encore plus de consistance. Avec ces cinq médailles, les paralympiques ont en quelque sorte sauvé l’honneur des athlètes algériens qui se sont distingués par des polémiques en dehors des terrains plutôt que sur les tatamis, les rectangles verts où les bassins de nage.
Peu d’attention, mais beaucoup de hargne
Les derniers Jeux olympiques d’été de Tokyo ont encore une fois démontré que le sport national ne se porte pas bien et qu’une profonde refonte est plus que nécessaire.
La délégation algérienne est partie au Japon sur fond de polémiques, de forfaits et de réclamations concernant notamment les conditions de préparation. L’un des rares espoirs de médaille de l’Algérie, l’athlète Taoufik Makhloufi, a déclaré forfait à cause d’une blessure mal, non sans fustiger les conditions de sa préparation et de sa prise en charge.
En juillet 2020, il avait dû lancer un appel de détresse sur les réseaux sociaux pour se faire rapatrier d’Afrique du Sud où il était resté bloqué pendant quatre mois après la suspension des vols pour cause de coronavirus. Makhloufi a arraché la médaille d’or du 1500 mètres aux jeux de Londres en 2012 et deux médailles d’argent sur la même distance et au 800 mètres à Rio en 2016.
L’entraîneur de l’équipe de judo, Amar Benikhlef a encore défrayé la chronique en critiquant la préparation avant le départ pour Tokyo puis en soutenant un de ses athlètes qui a refusé d’affronter un adversaire israélien.
Finalement, la délégation algérienne est revenue de Tokyo avec beaucoup de polémique et aucune médaille.
L’exploit des paralympiques ne doit pas voiler cet échec retentissant. Les cinq médailles qu’ils ont gagnées sont l’aboutissement de leur parcours personnel et de leur hargne pour surpasser leur handicap.
Ils ont d’autant plus de mérite que cette catégorie de la population n’est pas celle qui bénéficie le plus de l’attention des pouvoirs publics, et ce n’est pas la modique pension qui leur est allouée qui peut démentir ce constat.
Ces cinq médailles ne devraient pas non plus faire oublier que le recul des performances des sportifs algérien n’épargne pas les paralympiques. Depuis 1996, cette catégorie a toujours ramené au moins deux médailles d’or pour l’Algérie. Les meilleures participations restent celles de 2012 (4 médailles d’or, 19 au total) et de 2004 (13 médailles, dont 6 en or).