La JS Kabylie (JSK), club le plus titré d’Algérie et dont la renommée dépasse les frontières du pays, vit depuis plusieurs années une succession de crises qui n’en finit pas.
Les choses se sont exacerbées en cette intersaison avec cette nouvelle lutte acharnée pour la présidence du club. Au moins jusqu’à dimanche 12 septembre, la JSK aura 2 têtes : Chérif Mellal et sa direction d’un côté, et le nouveau conseil d’administration mené par Yazid Yarichène. Chacun des deux camps revendique la légitimité de diriger le club et les supporters sont divisés.
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Le conflit remonte au printemps dernier mais ce n’est que début septembre que les choses se sont accélérées.
Réunis le 21 mars dernier, les actionnaires du club, dont le CSA (club amateur), majoritaire, ont décidé de dissoudre le conseil d’administration présidé par Mellal. Ils ont nommé un autre avec à sa tête Yazid Yarichène.
Mais les actionnaires n’ont pas poursuivi la procédure pour récupérer la gestion du club, expliquant leur attitude par le souci de ne pas perturber l’équipe, engagée notamment en Coupe d’Afrique.
Mais dès que la saison a pris fin, ils sont revenus à la charge. Mardi 7 septembre, forts d’une décision de justice, ils ont obtenu auprès de l’antenne locale du CNRC un nouveau registre de commerce, seule pièce qui manquait pour que la nouvelle direction soit reconnue au niveau de la Ligue de football professionnel (LFP).
Mais Chérif Mellal et ses collaborateurs contestent la démarche et la légalité du document obtenu par leurs détracteurs. Ils comptent recourir eux aussi à la justice tandis que Yazid Yarichène et le président du CSA, Djaffar Aït Mouloud, ont annoncé que le 12 septembre sera le dernier jour de l’ère Mellal avec l’installation de la nouvelle direction.
Les supporters sont divisés comme jamais. Pour une partie, Mellal est celui qui a rendu son « âme » à la JSK, redevenue le porte étendard de l’identité amazighe. Son bilan aussi n’est pas mal.
Sous sa houlette, l’équipe a cessé de jouer la relégation à chaque fin de saison, disputant au contraire les premières places. Finaliste de la Coupe d’Algérie en 2018, deuxième place du championnat en 2020, perdant le titre sur le fil, finaliste de la Coupe de la CAF et vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2021.
De bons résultats, mais aussi des erreurs
En dépit de ces résultats éloquents, les détracteurs de Mellal expriment leur crainte pour l’avenir. Pour eux, Chérif Mellal a vendu du vent aux supporters et n’a pas les moyens de prendre un club de l’envergure de la JSK.
Il a doté le club d’un effectif peu coté et maigrement payé et malgré cela, il n’a pas pu assurer les salaires aux joueurs régulièrement. Ces derniers ont dû recourir à la grève en pleine saison, une première à la JSK.
Ils lui ont aussi reproché le peu de cas qu’il fait de la stabilité, première vertu qui a fait la grandeur du club par le passé. À chaque fin de saison, il renouvelle l’effectif et le staff technique en dépit parfois des bons résultats réalisés, comme ce fut le cas la saison passée avec l’entraîneur Roland Dumas et cette année avec Denis Lavagne. Il est aussi contesté pour son style de communication qui tranche avec la réserve qu’impose le poste.
Aucun des deux camps ne peut contester les arguments des uns et des autres, tant il s’agit de faits incontestables. Reste l’aspect juridique sur lequel seule la justice est habilitée à trancher mais qui semble en défaveur de la direction sortante.
Car il faut dire que même les supporters qui souhaitent le voir continuer à la tête du club, ne comprennent pas comment Chérif Mellal compte rester contre la volonté de la majorité des actionnaires, dont le CSA qui, à lui seul, détient plus de 90 % des actions.
Dans le Code du commerce, qui régit aussi les sociétés sportives, le dernier mot revient en tout à l’Assemblée générale des actionnaires, qui statue à la majorité simple.
Ceux qui mettent en cause la probité et la sincérité de Chérif Mellal exagèrent sans doute. Mais il reste qu’il est venu dans le milieu du football sans aucune expérience.
Sa double erreur aura été de s’être lancé dans l’aventure sans gros moyens financiers et surtout de n’avoir pas su arrondir les angles avec des gens qui ont la possibilité légale de le dégommer d’un trait de plume. Et c’est ce qui semble en train de se produire.
La présidence échoira dès dimanche prochain à Yazid Yarichène ou restera entre les mains de Mellal. Dans un cas comme dans l’autre, il reste que par cette énième guéguerre interne, notamment avec la division des supporters et les amabilités échangées dans les médias et les réseaux sociaux, c’est la JSK, un club plus que prestigieux, qui poursuit sa descente aux enfers.