Une autre fin de saison agitée pour la JS Kabylie. Le club le plus titré d’Algérie a ajouté un autre trophée à sa vitrine en gagnant la Coupe de la Ligue le 10 août, mais connait depuis des problèmes à n’en plus finir.
La crise qui couvait au club depuis plusieurs mois a fini par éclater quelques heures avant la finale face au NC Magra et a débouché sur le départ de l’entraîneur Denis Lavagne et pratiquement de tous les cadres de l’équipe.
| Lire aussi : Encore un changement à la barre technique : où va la JSK ?
Ce n’est un secret pour personne que la JSK ne roule pas sur l’or. Son effectif est l’un des moins côtés de la Ligue1, mais malgré cela, la direction a peiné tout au long de la saison pour assurer salaires et primes de matchs.
Les joueurs avaient menacé de faire grève à deux reprises pendant la saison qui s’achève, en janvier, puis en avril. Le président Chérif Mellal a, à chaque fois, désamorcé la crise en versant une partie des sommes réclamées et en promettant de payer le reste.
A mesure que l’équipe franchissait les tours en Coupe de la CAF, les joueurs et le staff ont mis de côté leurs revendications pour se donner toutes les chances d’arracher le titre africain. Celui-ci a été perdu le 10 juillet en finale face au Raja de Casablanca (1-2).
L’effectif de la JSK ne montrera cependant pas la même patience avant la finale de la Coupe de la Ligue, qui n’a pas la même valeur que la compétition africaine.
La veille de la finale, jouée le 10 août, les joueurs ont exigé un engagement écrit de la direction pour leur régularisation. Ce qu’ils obtiendront après d’âpres négociations. Chérif Mellal a cédé en signant le protocole d’accord, mais il n’a pas pardonné à ceux qu’il considère comme les instigateurs du mouvement.
Après le match, remporté par la JSK aux tirs au but, l’entraîneur Denis Lavagne et le capitaine Walid Benchérifa sont mis à pied pour dix jours. Commence alors une saignée qui vide le club de sa substance.
Lavagne, qui a pourtant réalisé un excellent parcours avec l’équipe, s’engage avec l’USM Alger. Côté joueurs, de nombreux cadres partent sous d’autres cieux. Ceux qui étaient en fin de contrat ont préféré ne pas rempiler et ceux qui sont toujours liés au club envisagent de saisir la commission de règlement des litiges (CRL) pour obtenir leur libération, le club n’ayant pas tenu ses engagements envers eux.
Les supporters inquiets
L’équipe « d’avenir » qui a séduit et fait rêver les supporters en atteignant la finale d’une coupe d’Afrique vole en éclats et il ne sera pas facile à la direction de recomposer un effectif capable du même exploit au vu de ses moyens financiers limités.
Les choses n’en sont pas restées là puisqu’une vive polémique s’ensuivra avec de graves accusations de part et d’autre. Il est difficile d’en vouloir à l’entraîneur et aux joueurs qui ne peuvent pas travailler gratuitement.
| Lire aussi : Défaite de la JSK en coupe d’Afrique : la rançon de la pression
Les supporters n’en reviennent pas et expriment des inquiétudes pour l’avenir du club. Il est vrai que le même scepticisme avait été affiché à l’intersaison et même au début de l’actuel exercice, mais l’équipe a fini par taire tout le monde en réalisant des résultats inespérés.
Un tel exploit sera-t-il de nouveau au rendez-vous ? Rien n’est moins sûr et le club phare de toute la Kabylie ne peut pas continuer à fonctionner comme l’a fait cette saison, estime beaucoup de supporters, parmi les détracteurs de la direction actuelle et même chez certains de ses soutiens.
La situation financière du club est catastrophique Tout au long de la saison, les supporters, tant en Algérie qu’à l’étranger, ont mis la main à la poche pour sortir le club de la mauvaise passe, mais pourront-ils le faire indéfiniment ?
Un club professionnel vit de ressources stables et diversifiées, entre recettes du stade, droits de télévision, sponsors et vente de maillots et autres produits dérivés. Le budget d’un club de l’élite censé jouer les premiers rôles s’élève à plusieurs dizaines de milliards de centimes. Il est vrai qu’il n’est pas facile de rivaliser avec des clubs pris en charge entièrement par des sociétés étatiques, donc avec de l’argent public.
Il appartient à la direction de la JSK de trouver des solutions, en cherchant des sponsors solides ou une société nationale, ou en ouvrant le capital pour attirer des investissements privés. Les choses ne peuvent pas continuer à fonctionner de la sorte. Tout raser à chaque fin de saison pour reconstruire de zéro n’est pas la meilleure voie pour assurer la stabilité, condition sinequanone de tout succès en football.
Comme si toutes ces turbulences ne suffisent pas, la situation dans la région de Kabylie a fini par déteindre sur le club avec cette campagne menée sur les réseaux sociaux contre le président Chérif Mellal, montré sur des photos avec des supporters soupçonnés d’avoir participé à l’assassinat de Djamel Bensmaïl à Larbaa Nath Irathen le 11 août. La direction a annoncé qu’elle saisira la justice. La fin de saison de la JSK est plus que jamais tumultueuse.