En visite d’Etat en Italie, du 25 au 27 mai dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a visité au cours de son séjour la prison « Mamertine » de Rome où le roi numide Jugurtha fut emprisonné. Une première pour un chef d’Etat algérien.
En octobre 2021, c’est le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra qui s’était rendu sur ce lieu historique. « Une pièce de l’histoire de l’Algérie viscéralement ancrée dans le cœur de Rome. Le dernier lieu où le roi numide Jugurtha, fils de Cirta et petit-fils de Massinissa a été emprisonné. Il y mourut en l’an 104 av. J-C après une guerre sans merci contre les Romains qui a duré 7 ans », a tweeté Ramtane Lamamra après cette visite.
Ces deux visites ont remis au goût du jour la figure d’un roi berbère dont l’histoire se confond avec la légende tissée autour de son martyre au fil des siècles. Jugurtha symbolise chez les Algériens le sens de la résistance et la liberté.
Dans le « Testament de Jugurtha », qui vient de paraitre aux éditions Gaïa, Mouanis Bekari, passionné d’histoire ,raconte la fin tragique de cet « Aguellid » qui a consacré sa vie à combattre Rome et sa puissante armée.
« Étranglé dans le Tullianum, le cachot de la prison de Rome, après avoir était privé d’eau et de nourriture six jours durant ». Ainsi s’achevait, dans un lieu « d’un aspect horrible et terrifiant tant il est malpropre, obscur et nauséabond », la vie de ce roi numide qui mena, pendant sept ans, une lutte qui fut « considérable, sanglante, marquée par bien des vicissitudes » à la plus puissante armée de l’antiquité, écrit Mouanis Bekari dans son ouvrage.
Réhabiliter la figure de Jugurtha
Né le 1er Novembre 1954 à Alger, l’auteur du « Testament de Jugurtha » a suivi des études secondaires à Alger, avant d’entamer des études en économie à Paris. De retour à Alger, où il a exercé comme financier, avant de repartir à Paris pour rejoindre la direction des projets d’un grand groupe Informatique.
La passion pour l’histoire lui vient de sa jeunesse. « J’ai toujours été un passionné d’histoire », déclare-t-il à TSA. Son ouvrage sur Jugurtha vient du fait que ce roi numide « n’a pas sa place ni dans les manuels ni sur les places publiques ni même dans la mémoire collective. »
« J’espère qu’un jour cet ouvrage participera à susciter le débat sur Jugurtha », souligne l’auteur. A travers cet ouvrage qu’il lui consacre, l’auteur entend réhabiliter la figure de Jugurtha et répondre au procès en intention que notamment Salluste, homme politique et historien romain, lui a fait.
« Salluste avait des préjugés politiques. Il n’a pas écrit l’histoire comme un historien. Il ne s’est pas embarrassé de vérifier les sources. Pour lui, Jugurtha était un ambitieux qui ne reculait devant rien. Qui était déloyal, menteur, corrupteur, versatile. A partir du moment où son ambition a été de faire obstacle au dépeçage de la Numidie, alors il était devenu un ennemi parce que la plèbe voulait justement de ce dépeçage ».
« Salluste a « condamné » Jugurtha. On sait le réquisitoire mais pas la plaidoirie. Et moins encore la défense de l’accusé. Ce que j’ai voulu, c’est donner la parole à Jugurtha et lui dire voilà de quoi tu es accusé (…) Le livre c’est à la première personne du singulier », a noté Mouanis Bekari. Pour lui, « il y a cette dimension de héros vaincu qui entre dans la légende ».