Tous les regards seront braqués ce jeudi 2 juillet vers les cours d’Alger et de Tipaza où deux détenus emblématiques devraient connaître leur sort : Karim Tabbou et Amira Bouraoui.
Pour le premier, la cour devrait délibérer sur l’opposition, introduite par la défense, à l’exécution de la peine de 1 an de prison ferme prononcée le 24 mars par la cinquième chambre pénale de la même juridiction.
Le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS), est emprisonné depuis le 26 septembre 2019. Il avait été arrêté une première fois le 11 septembre puis remis en liberté le 25 et placé sous contrôle judiciaire.
Le lendemain, il a été arrêté de nouveau dans une autre affaire pour laquelle il écopera le 11 mars d’une année de prison dont six mois avec sursis en première instance devant le tribunal de Sidi M’hamed, puis d’une année de prison ferme en appel devant la Cour d’Alger, le 24 du même mois.
Les déclarations de Sofiane Djilali
Beaucoup de choses avaient été dites sur ce procès. Ses avocats ont contesté la manière avec laquelle Tabbou a été jugé en appel, lorsque le juge de la chambre pénale a décidé de poursuivre le procès et de rendre son verdict alors que l’accusé était pris d’un malaise et transféré à l’infirmerie de la Cour.
Si les avocats et beaucoup d’observateurs entretiennent l’espoir d’une libération du militant dès ce jeudi 2 juillet, ce n’est pas sans raison. Le 2 juin, Sofiane Djilali, président de Jil Djadid, révélait à sa sortie d’une rencontre avec le président Tebboune que celui-ci « a accepté d’agir, dans le cadre stricte de ses prérogatives constitutionnelles et légales, et comme gage de son intention de favoriser l’apaisement et le dialogue national, pour que Karim Tabbou et Samir Belarbi retrouvent leur liberté au plus vite, au terme de la procédure présidentielle officielle ». L’annonce a pris un cachet quasi officiel le 9 juin lorsqu’elle a été confirmée par Mohamed Saïd, ministre conseiller et porte-parole de la présidence de la République.
« La procédure présidentielle officielle » peut signifier une grâce présidentielle, mais celle-ci est impossible avant une condamnation définitive des détenus. Tabbou est certes jugé en appel mais son affaire demeure pendante avec l’opposition de sa défense et Benlarbi n’a pas encore été jugé en première instance.
Il reste la libération sur une décision de la justice qui, elle, demeure possible. Si la Cour d’Alger accède à la demande de la défense de surseoir à l’exécution de la peine prononcée le 24 mars dernier, Tabbou sera libre dès ce jeudi. Il aura passé neuf mois en prison.
Des signaux positifs ?
Amira Bouraoui sera elle aussi jugée ce jeudi 2 juillet devant la cour de Tipaza. Il s’agit de son procès en appel après sa condamnation le 21 juin à un an de prison ferme. Elle est poursuivie pour une kyrielle d’accusations, dont « incitation à attroupement non-armée, offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l’Islam, offense au président de la République, publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale… »
La célérité avec laquelle son procès en appel a été programmé, alors que le ministère de la Justice a réduit au strict minimum l’activité des juridictions pour cause de crise sanitaire du coronavirus, et un autre signal positif qui fait que les observateurs entretiennent l’espoir de la voir remise en liberté.
Toujours concernant les militants connus du hirak, la chambre d’accusation de la Cour d’Alger a confirmé ce mercredi le contrôle judiciaire de Hakim Addad, rejetant un appel du procureur qui avait requis le mandat de dépôt.
De nombreux autres procès programmés ont été reportés, comme celui de Fodil Boumala, prévu, mardi 30 juin. C’est la troisième fois que le procès est reporté, après le 14 avril et le 16 juin.
L’ex-policier Toufk Hassani et l’ancien capitaine de la marine marchande ont aussi vu leurs procès ajournés, mais ils restent en détention provisoire.
On signale tout de même au moins une condamnation à de la prison ferme et une mise en détention ce mercredi 2 juillet. L’activiste Chawki Younsi a été condamné en comparution immédiate à un an de prison ferme avec mandat de dépôt par le tribunal de Médéa, tandis que Hassen Larouia été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal d’Adrar.
À Béjaïa, trois ans de prison ferme ont été requis dans le procès des trois manifestants Merzoug Touati, Yanis Adjlia et Amar Beri, arrêtés lors de la marche du 12 juin dans la même ville.
Le verdict a été renvoyé au 8 juillet prochain, ont annoncé les avocats tard dans la soirée d’hier.